BUFFALO – Marek Hejduk a été exposé à quelques situations inusitées au fil des nombreuses entrevues auxquelles il a été convié durant la semaine d’évaluation des meilleurs espoirs en vue du prochain repêchage de la Ligue nationale.

Le fils de l’ancienne vedette de l’Avalanche du Colorado Milan Hejduk a fait pousser quelques cheveux gris aux dirigeants de l’équipe qui avaient bien connu son géniteur. Il a aussi été accueilli avec un soupçon d’ironie dans la loge des Red Wings de Detroit, où on s’est fait un plaisir de le taquiner sur l’intense rivalité à laquelle son père a contribué au tournant des années 2000.

« S’il fallait que je sois repêché par les Red Wings, ça pourrait lui prendre un certain temps avant de faire la paix avec ça », a rigolé celui qui est classé au 159e rang du palmarès des meilleurs espoirs nord-américains élaboré par la Centrale de recrutement de la LNH.

Une autre entrevue a marqué le jeune Hejduk, celle-là pour une raison d’une toute autre nature. C’est celle avec le Canadien de Montréal.

« Ça a probablement été ma rencontre la plus difficile », a-t-il admis sans détour.

Assez rapidement, on s’est rendu compte que le même aveu sortait de la bouche d’à peu près tous les athlètes qui passaient devant les micros après s’être soumis aux tests physiques qui marquent traditionnellement la conclusion du Combine à Buffalo.

« J’ai été convié par 27 équipes et je pense que mon entrevue avec Montréal a été la plus dure pour moi », a confié l’attaquant tchèque Filip Mesar.

« Selon moi ça a été la plus dure, oui », a répété le défenseur des Voltigeurs de Drummondville Maveric Lamoureux.

La délégation du Canadien a surtout fait jaser pour avoir confronté ses invités à cette question qui s’est retrouvée sur toutes les lèvres samedi : à quel animal te comparerais-tu sur la patinoire et à l’extérieur de celle-ci?

La famille des fauves a été fortement représentée dans les réponses. Le lion, le jaguar et le léopard ont probablement été les plus populaires. Le Slovaque Juraj Slafkovsky s’est décrit comme un loup « parce que tout le monde répond le lion », a-t-il justifié, pince-sans-rire.

Lamoureux s’est permis de tremper dans l’autodérision en se décrivant, sans ses patins, à un panda. « Parce que je suis un grand doux, gentil avec tout le monde », a justifié le géant de 6 pieds 7 pouces. « Mais sur la glace, je suis un lion parce que je suis agressif et je veux me faire respecter. »

L’attaquant américain Rutger McGroarty a été le plus original, mais il a avoué avoir légèrement triché. La question lui était parvenue aux oreilles avant d’entrer dans la pièce occupée par le CH et il avait donc eu le temps de préparer sa réaction.

« J’ai dit que j’étais un papa gorille parce que je donne l’exemple et que je suis un gars de famille. Sur la glace, je me suis décrit comme un chien de chasse africain parce que je suis toujours sur l’attaque! »

Le conseiller en psychologie sportive de l’équipe, David Scott, semble aussi avoir pris un malin plaisir à torturer ses jeunes interlocuteurs.

« Ils m’ont demandé de comparer certains de mes coéquipiers, a quant à lui partagé Hejduk. Ils voulaient savoir qui était le pire patineur, qui était le plus surévalué... Je n’allais certainement pas embarquer dans ce petit jeu! »

Noah Warren, des Olympiques de Gatineau, ne semblait pas avoir été particulièrement marqué par son face-à-face avec les Montréalais. Mais « il y avait peut-être leur psychologue qui challengeait un peu », a-t-il ajouté. Le défenseur format géant a raconté avoir été placé devant un dilemme éthique déchirant autour duquel il a préféré garder le secret.

« Je disais quelque chose sur mon jeu physique, ils répondaient en me demandant pourquoi je manquais de constance, a offert Lamoureux comme exemple. Ils voulaient voir comment je me défendais, si j’allais me laisser faire. Ils voulaient tester mon caractère. »

Le seul qui semble avoir été épargné par les tactiques déstabilisatrices du CH est Jack Hughes, le fils du directeur général Kent Hughes. Le jeune homme de 18 ans s’est dit nerveux à l’idée de se prêter à cet exercice en présence de son père, mais réalisait après coup qu’il ne s’était pas trop fait brasser.

« Ils ont probablement été plus durs avec d’autres gars. On a parlé de hockey, de la façon dont j’abordais certaines situations, mais quant au type de personne que je suis, ils avaient probablement déjà les réponses qu’ils cherchaient », a-t-il conclu en souriant.