BOSTON - De retour devant leurs partisans, les Bruins souhaitaient amorcer le match avec un heureux mélange d’intensité et d’efficacité afin de reprendre le contrôle de la série qui les oppose au Lightning de Tampa Bay.

 

C’est tout le contraire qui est arrivé.

 

Le défenseur Matt Grzelcyk a échappé une rondelle dégagée en lob par Anton Stralman. Tyler Johnson l’a reçu en cadeau au milieu de l’enclave. Au lieu de faire ce que tout le monde anticipait et de profiter de sa position privilégiée pour décocher un tir au filet, Johnson a remis la rondelle sur sa gauche pour offrir à son coéquipier Ondrej Palat l’honneur de marquer le premier but.
 

Un premier but tombé du ciel 107 secondes seulement après la mise en jeu initiale.

 

Pour un heureux mélange d’intensité et d’efficacité et un bon début de match : on repassera!

 

Comme s’ils ne s’étaient jamais remis de cette bévue de Grzelcyk, les Bruins ont passé le reste du match à être deuxièmes sur la rondelle. Ces retards ont entraîné des pénalités. Ces pénalités ont entraîné des réactions émotives à l’endroit des arbitres. Et pendant que les joueurs des Bruins et leurs partisans s’occupaient plus des arbitres que des joueurs du Lightning, Tampa s’est lentement mais sûrement acheminé vers une victoire de 4-1.

 

Une très rare victoire, car c’était seulement la dixième – matchs de saison régulière et de séries éliminatoires combinés – de l’histoire du Lightning en 55 visites au TD Garden à Boston.

 

« Le premier but a fait mal. C’est clair. Mais des erreurs de ce genre arrivent. Elles font partie du jeu. La rondelle a effectué un mauvais bond. Matt l’a mal jugée. Nous n’avons pas été en mesure d’empêcher ce but. Je peux vivre avec ça. Car ce n’est pas ce but qui nous a coulés. C’est le fait qu’au lieu de réagir positivement à cette malchance, nous avons oublié de défendre notre territoire de la bonne façon. Donner le premier but passe encore. Mais de leur offrir une avance de 2-0 tout de suite après en défendant mal le devant de notre but? Ça, ça ne passe pas. Leur permettre de reprendre les devants par deux buts en fin de première période encore une fois parce que nous avons mal défendu notre territoire? Ça ne passe pas non plus. Les deuxième et troisième buts nous ont fait bien plus mal que le premier », a analysé l’entraîneur-chef des Bruins Bruce Cassidy.

 

Contre le Lightning ragaillardi par la naissance d’Emma Gourde et la présence de l’heureux papa qui a rejoint ses coéquipiers en cours de journée, les Bruins ont semblé lents, voire dépassés. Rien pour mousser leurs chances d’effectuer une remontée gagnante.

 

« Ce n’est pas une question de fatigue. C’est une question de réaction. Quand ils perdent la rondelle, nos adversaires se mettent aussitôt en mode récupération. Ils réagissent de la bonne façon. Ils sont efficaces. Nous n’avons pas fait cela ce soir. Nous ne l’avons pas fait lors des deux derniers matchs et nous les avons perdus. La volonté est là. Je sens que nos joueurs sont impliqués. Mais ils devront l’être beaucoup plus, ils devront surtout être beaucoup plus efficaces si nous voulons gagner vendredi et revenir de l’arrière dans cette série. Pour le moment, Tampa joue le hockey qu’ils veulent jouer. Et ils le jouent très bien. Beaucoup mieux que nous jouons le hockey que nous voulons et devons jouer », a convenu l’entraîneur-chef des Bruins.

 

Après Point, voici Palat

 

Est-ce que ce sont les Bruins qui ont mal joué, ou le Lightning qui a bien joué? Je répondrais à cette question que le Lightning a tellement bien joué qu’il a forcé les Bruins à mal jouer.

 

Steven Stamkos a dû attendre la toute fin de la rencontre pour finalement récolter un premier point dans cette série. Un point obtenu grâce à un but non seulement marqué dans un filet désert, mais alors que son équipe profitait d’une attaque massive.

ContentId(3.1275484):LNH : C'est jamais plate avec Palat!
bellmedia_rds.AxisVideo

 

Disons que ça aide.

 

Mais en dépit la timidité statistique du capitaine du Lightning, son trio a été menaçant mercredi. Nikita Kucherov a obtenu trois excellentes occasions de marquer au cours de la rencontre. Tuukka Rask lui a réservé deux des meilleurs arrêts qu’il a dû effectuer pour garder son équipe dans le coup. Ou au moins donner l’impression qu’elle l’était vraiment.

 

Comme lundi, c’est le reste de l’équipe qui a pris les choses en mains. À commencer par Ondrej Palat qui a marqué les deux premiers buts de la rencontre.

 

ContentId(3.1275515):Les moments forts des séries LNH
bellmedia_rds.AxisVideo

« Il y a des gars qui ne sont jamais dans les réflecteurs malgré leur grande efficacité. Des gars qui ne cherchent même pas les réflecteurs. Ondrej Palat est exactement ce genre de joueur », a indiqué l’entraîneur-chef du Lightning Jon Cooper.

 

Première étoile de la rencontre, Palat était d’ailleurs loin de triompher en salle d’entrevue où il a été conduit après la rencontre. «Je m’assure de jouer le plus simplement et avec le plus d’efficacité possible», a-t-il répété à plusieurs reprises en question de réponses aux questions reliées à ses succès personnels, à ceux de son trio et de son équipe.

 

Palat s’est ouvert un peu plus, mais juste un peu, lorsqu’on lui a fait remarquer que sa contribution permettait de passer sous silence le manque de production du premier trio. «Vous accordez beaucoup trop d’importance aux statistiques. Les gars de notre premier trio ont effectué de très bons jeux depuis le début de la série. Encore ce soir, ils ont donné le ton. Ce n’est pas les auteurs des buts qui comptent, ce sont les succès de l’équipe.»

 

L’effet Yanni Gourde

 

Cette attitude affichée par Palat, Jon Cooper l’a soulignée à plusieurs reprises dans ses commentaires d’après-match.

 

ContentId(3.1275490):LNH : Gourde prépare le premier de Cirelli!
bellmedia_rds.AxisVideo

« Nos joueurs sont unis. Les succès collectifs et ce qu’ils peuvent faire pour mousser ces succès collectifs sont les seules préoccupations de nos joueurs », a indiqué Cooper qui s’est d’ailleurs servi de l’exemple de Yanni Gourde pour appuyer son point de vue.

 

« Quand nous sommes revenus à l’hôtel après l’entraînement matinal, ce midi, nos joueurs sont montés dans une salle pour prendre le lunch. Seul au milieu de la salle, Yanni Gourde était là et nous attendait. La réaction du groupe a été instantanée. Les gars sont allés l’entourer, le féliciter, ils ont partagé avec lui je grand moment qu’il vient de vivre. Nos joueurs s’intéressent à ce que leurs coéquipiers vivent. C’est ça une équipe », a ajouté Cooper.

 

Parlant de Gourde, le sourire qu’il affichait après la victoire et surtout les moments heureux entourant la naissance de son premier enfant cachaient tout signe de fatigue accumulée.

 

« C’est vraiment merveilleux. La journée et la nuit ont été longues, mais je suis tellement heureux d’avoir pu vivre ça avec mon épouse – Marie-Andrée Raby – et d’avoir vu ma fille naître en début d’après-midi hier. Je voulais être là. J’espérais que tout puisse bien se passer et que je puisse aussi rejoindre l’équipe. Tout s’est bien passé. J’ai passé la nuit avec elles et j’ai pris l’avion tôt ce matin. À midi, j’étais à Boston. J’ai pu luncher avec les gars, faire ma sieste habituelle et respecter ma routine », a indiqué le Québécois qui a récolté une passe sur le but d’Anthony Cirelli qui a redonné une avance de deux buts au Lightning en fin de premier tiers.

 

Ce but de Cirelli a confirmé à Jon Cooper tout le bien qu’il pense de son jeune joueur de centre.

 

« Cirelli était sur la patinoire lorsque les Bruins ont marqué leur but. Nous étions en désavantage numérique, il a gagné la mise en jeu en zone défensive, mais a ensuite raté un dégagement. Boston a gardé le contrôle de la rondelle et a marqué quelques secondes plus tard. Il savait qu’il avait commis une bévue. Mais cette bévue ne l’a pas assommé. Il est retourné sur la patinoire dès sa présence normale suivante et a marqué. Je ne vous dis pas que je m’attendais à ce qu’il marque. Mais la réaction qu’il a eue d’oublier l’erreur et de canaliser ses énergies afin de tenter de la racheter nous en dit long sur l’attitude positive de ce jeune homme », a défilé Cooper.

 

Il faut dire que l’entraîneur-chef du Lightning est ravi par les progrès du jeune attaquant rappelé en fin de saison.

 

« Je ne savais pas à qui j’avais à faire lorsqu’il est arrivé avec nous. Nous pensions le faire jouer à l’aile. Mais l’aisance, la confiance et la qualité du jeu qu’il a offert après l’adaptation de sept ou huit parties qui a suivi son arrivée m’ont convaincu de lui donner des présences au centre. Et au fil de ces présences de qualités, il m’a obligé à lui offrir plus de minutes de qualité et voilà qu’il est un membre à part entière de notre équipe. »

 

Si les commentaires étaient louangeurs et l’atmosphère à la fête dans le vestiaire du Lightning, il en était tout autrement dans le vestiaire silencieux pour ne pas ténébreux des Bruins après la rencontre.

 

« Ce n’est qu’une défaite. Ce n’est pas la fin du monde. Nous aurons la chance dès vendredi de niveler les chances », a souligné David Krejci, qui n’affiche qu’une passe en trois rencontres face au Lightning.

 

« Ce serait bon d’avoir un peu plus de constance de la part des arbitres », pestait Brad Marchand qui a écopé deux minutes pour un coup de bâton en période médiane avant d’être chassé pour dix minutes d’inconduite en fin de rencontre. Il faut dire que lundi, à Tampa, Marchand a été victime d’un coup de bâton similaire alors qu’il filait en échappée et que les arbitres ont laissé passer.

 

« Ils nous ont volé l’avantage de la patinoire en gagnant le premier match à Tampa, on vient de le reprendre en gagnant ici. Mais ce n’est qu’une étape. Cette série est loin d’être finie », a prévenu le défenseur Ryan McDonagh qui a disputé un fort match comme en témoigne sa sélection à titre de troisième étoile.