En conférence de presse, le directeur général du Canadien, Marc Bergevin, a confirmé qu’il avait communiqué avec l’agent d’Anthony Duclair. Ce dernier s’est finalement entendu avec les Blue Jackets de Columbus.

À 22 ans, le Québécois aurait pu s’avérer une option plus qu’intéressante pour le Tricolore, surtout que le club semble désormais prôner la patience en attendant que ses espoirs se développent. Avec l’absence prolongée de Weber, la prochaine saison s’annonce déjà compliquée et le Canadien n’aurait pas eu grand-chose à perdre en obtenant une telle signature.

L’étoile d’Anthony Duclair a certes perdu de son lustre ces dernières années, même que les Blackhawks de Chicago n’ont même pas daigné lui soumettre une offre qualificative. Malgré tout, Duclair demeure un jeune attaquant au potentiel offensif attrayant qui n’a pas été en mesure de répéter les exploits de sa saison recrue. Peut-être que sous d’autres cieux, il pourra à nouveau laisser parler son flair offensif qui ne s’est assurément pas volatilisé.

En zone adverse, Anthony Duclair demeure une menace constante en raison de ses nombreuses armes offensives qui lui permettent de générer un bon nombre de chances de marquer. Il semble tout simplement trop doué pour ne pas éventuellement débloquer offensivement.

La principale force de Duclair est sa capacité à générer un volume intéressant de lancers depuis la zone payante : l’enclave. Pour marquer dans la LNH, la clé est justement de décocher ses tirs depuis cet emplacement, car le tireur y bénéficie d’un angle optimal alors que le temps de réaction du gardien y est minimal. La saison dernière, ce n’est pas moins de 82 % des buts qui furent marqués depuis l’enclave dans le circuit Bettman.

Or, il s’avère que Duclair a cadré une frappe depuis cet emplacement 35 % plus souvent que ne l’a fait l’attaquant moyen du Canadien la saison dernière. S’il exécute cette action à la même fréquence et qu’il jouit d’un temps de jeu considérable, il serait surprenant que Duclair termine la prochaine campagne avec seulement 11 buts à son compteur.

Duclair parvient à décocher un nombre impressionnant de tirs depuis l’enclave, car c’est dans son ADN de foncer droit vers le but adverse. Cela fait en sorte qu’il se démarque souvent dans la zone payante, ce qui permet à ses coéquipiers de l’alimenter dans l’enclave.

Le Québécois est également un fabricant de jeux efficace, alors qu’il complète un bon nombre de passes en zone offensive et dans l’enclave proportionnellement à son temps d’utilisation. Il est aussi très efficace lors des entrées de zone, alors qu’il est souvent le porteur du disque en ces circonstances et qu’il initie les séquences offensives.

Cet arsenal d’armes offensives fait de Duclair un hockeyeur au potentiel extrêmement intéressant. Or, un tel ajout n’aurait pas été une mauvaise idée. Après tout, le club n’a inscrit que 207 buts la saison dernière, ce qui fut bon pour le 29e rang de la LNH.

Il est vrai que Duclair risque d’exploser offensivement s’il évolue dans un contexte favorable. C’est justement là que les choses se compliquent.

Duclair est un joueur qui peut facilement placer son équipe dans le pétrin et il a la réputation de ne pas avoir une éthique de travail irréprochable. Ainsi, il risque d’avoir de la difficulté à gagner la confiance de son nouvel entraîneur, ce qui sera un préalable pour laisser parler son talent offensif.

Pour un même temps d’utilisation, Anthony Duclair a récupéré moins de rondelles libres que l’attaquant moyen du Canadien. Un patineur aussi explosif que Duclair devrait normalement être le premier arrivé dans le coin de la patinoire pour récupérer le disque. Ceci peut être un indice confirmant que Duclair fasse preuve de nonchalance le long des rampes.

Un autre élément tendant à questionner l’éthique de travail de Duclair est son faible nombre de jeux défensifs réalisés proportionnellement à son temps de glace.

Autrement dit, Duclair est atroce lorsqu’il n’est pas en possession de la rondelle, semblant plus souvent affectionner le rôle de spectateur pendant que ses coéquipiers tentent de contrer l’adversaire.

Une fois en possession de la rondelle, Duclair est capable du meilleur et du pire, commettant beaucoup trop de revirements, ce qui place son équipe en difficulté.

C’est peut-être pour ces motifs que Duclair ne s’est pas entendu avec le Tricolore, surtout que le club met de l’avant l’importance de l’attitude. Engager un joueur tel que Duclair aurait pu envoyer un message contradictoire.

À seulement 22 ans, Duclair semble être à la croisée des chemins. S’il est pour s’établir dans la LNH, ce sera en raison de ses prouesses offensives. Pour y parvenir, il doit d’abord mériter la confiance de ses entraîneurs, ce qui requiert une amélioration de son jeu défensif.

Sous la main de fer de John Tortorella à Columbus, Duclair n’aura pas d’autre choix que d’améliorer ces facettes de son jeu. Autrement, son passage en Ohio pourrait se révéler expéditif.