Si un joueur québécois actif dans la LNH est bien placé pour parler de l'exploit improbable que constitue une remontée suivant un déficit de 0-3, c'est bien le vétéran attaquant Daniel Brière, qui a vécu l'euphorie du retour triomphal des Flyers de Philadelphie en 2010, en demi-finale d'association de l'Est.

L'équipe de la Pennsylvanie avait alors effacé non seulement l'écart de trois matchs à zéro que s'étaient donné les Bruins de Boston, mais aussi une avance de trois buts dans le septième et décisif match avant de croiser le Canadien sur son chemin et de filer ensuite tout droit en finale de la Coupe Stanley.

Les Flyers avaient perdu deux matchs serrés dans l'amphithéâtre des Bruins, avant de s'incliner à domicile lors du troisième match. Une victoire en prolongation acquise alors qu'ils faisaient face à l'élimination une première fois avait été l'élément déclencheur.

Ce n'était alors arrivé qu'à deux reprises dans l'histoire du circuit Bettman qu'une équipe réussissait pareil tour de force. Depuis, les Kings de Los Angeles ont greffé leur nom à la liste, jouant le tour aux Sharks de San Jose au printemps dernier.

« J'ai évolué avec quelques équipes ont dû négocier avec un déficit de 0-3. Ça serait faux de prétendre qu'à chaque fois, tout le monde croyait à nos chances de remonter la pente. Mais avec les Flyers de 2010, c'était le cas, et ça le devenait encore plus après chaque victoire obtenue », s'est remémoré le joueur de centre, en entrevue téléphonique avec RDS.

« Le Canadien a surmonté un important obstacle mental jeudi. On sait tous qu'il a perdu ses cinq matchs en saison régulière contre le Lightning, et trois autres de suite en séries. De les battre, et pas seulement à l'arraché, c'est un énorme fardeau mental en moins sur leurs épaules », poursuit-il.

Une série qui devrait être égale

Brière, qui a suivi attentivement le déroulement de cette série, est de ceux qui croient que le Tricolore mériterait un meilleur sort que le fossé de 1-3 dans lequel il se retrouve malgré le gain acquis lors du match no 4.

« À mon avis, le Canadien aurait dû gagner le match no 3. Le quatrième était à sens unique, de sorte que cette série devrait être, au minimum, égale 2-2. Il reste qu'on a vu une équipe beaucoup plus à l'aise et confiante en ses moyens. C'est facile à dire après une victoire de 6-2, mais je pense qu'on va voir une équipe plus détendue », analyse-t-il.

Puisqu'on sait que le CH a bénéficié d'une généreuse dose de confiance en l'emportant de façon aussi décisive au Amalie Arena, qu'en est-il de la réaction des hommes de Jon Cooper après ce premier faux-pas?

« Je ne crois pas que le doute soit nécessairement installé dans la tête des joueurs de Tampa, argue-t-il. Après tout, c'est la nature humaine d'avoir un petit relâchement à 3-0. Mais s'il peut gagner à Montréal (ce soir), le Canadien va appliquer énormément de pression. »