VANCOUVER - Émilie Castonguay avait comme vision d'un jour diriger les Canucks de Vancouver. Lorsqu'elle a reçu l'appel de Jim Rutherford, c'est comme si l'univers lui avait envoyé un signe.

Les Canucks ont embauché Castonguay à titre de directrice générale adjointe, lundi, faisant d'elle la première femme de l'histoire de l'équipe à occuper ce poste.

Déjà bien connue dans la LNH, Castonguay a délaissé l'agence Momentum Hockey pour relever un beau défi avec les Canucks, une équipe en pleine relance qui cherche à remporter la première coupe Stanley de son histoire.

Comme elle a toujours cru en ses capacités et qu'elle n'a jamais été ralentie par le nombre peu élevé de femmes dans le monde du hockey, Castonguay n'a pas été surprise de recevoir l'appel de Rutherford, le président des opérations hockey et directeur général par intérim des Canucks. Elle lui voue d'ailleurs un grand respect.

« Je pense que je suis qualifiée pour ce poste. J'ai toujours grandement respecté Jim. Je trouve qu'il a une approche très professionnelle et humaine, a-t-elle fait valoir. Sa fiche prouve que c'est un gagnant et qu'il fait les choses de la bonne façon. C'est vraiment un privilège de pouvoir travailler avec lui. »

L'arrivée de Castonguay avec les Canucks semble tout droit tirée d'un des meilleurs films de Hollywood. Depuis cinq ou six ans, elle avait un babillard à son domicile sur lequel elle avait écrit sa vision d'aller vivre à Vancouver à un certain âge.

Son désir de prendre la direction de Vancouver venait notamment d'une conversation qu'elle a eue avec sa soeur, qui est décédée de façon tragique il y a presque 10 ans.

« Lors de la dernière conversation que j'ai eue avec elle, elle m'a dit qu'un jour j'allais diriger les Canucks, a expliqué Castonguay. Ç'a été très émotif pour moi lorsqu'ils m'ont appelée. C'est une des raisons pour lesquelles je devais écouter Jim Rutherford. J'ai senti que c'était un peu l'univers qui faisait en sorte que j'allais là. »

Pendant son parcours personnel et professionnel, Castonguay ne s'est jamais arrêtée à son genre et elle a toujours abordé le hockey avec une approche "non binaire". Elle n'a jamais eu l'impression qu'elle nous pouvait pas accomplir quelque chose de grand dans ce domaine.

« Je voulais m'impliquer dans le hockey, mais je voulais que ça représente quelque chose pour moi. J'ai acquis toutes les connaissances possibles pour me rendre où je suis et j'ai baissé la tête, a-t-elle insisté. Si tu laisses le genre te déranger, c'est à ce moment que ça va te restreindre. Les portes s'ouvrent et si tu es capable de faire le travail, tu vas l'obtenir. »

La feuille de route de Castonguay ne manque pas de distinctions. Elle a joué quatre ans au hockey à l'Université Niagara, où elle a obtenu un baccalauréat en finance. Elle a ensuite obtenu un diplôme en droit de l'Université de Montréal et elle est membre du Barreau du Québec.

Au sein de Momentum Hockey, Castonguay est devenue la première agente certifiée NHLPA au Canada, en 2016. Selon le site spécialisé Puckpedia, elle représentait sept joueurs, dont Alexis Lafrenière, le premier choix au repêchage de 2020.

Retenant ses larmes à un certain moment, Castonguay a avoué qu'il avait été difficile d'annoncer à ses clients qu'elle devait les laisser aux bons soins d'Olivier Fortier avec Momentum Hockey.

« Je ne pourrai jamais assez les remercier d'avoir cru en moi et de m'avoir donné la chance d'être leur agente. Les conversations ont été extrêmement difficiles, mais ils étaient tous heureux pour moi. Ils savent quel genre d'impact je veux avoir sur le sport et ils savent tous les changements que je veux apporter », a-t-elle souligné.

Rutherford a déclaré dans un communiqué que Castonguay jouera un rôle de premier plan dans la négociation des contrats des joueurs et dans la gestion de la convention collective.

« Émilie possède une vaste expérience, est déterminée à réussir et jouit d'une solide réputation dans le hockey pour son intelligence et son éthique de travail, a décrit Rutherford. Sa voix sera entendue dans tous les aspects des opérations de hockey. Elle sera une membre importante de notre équipe de direction et nous sommes heureux de l'accueillir à Vancouver. »

Pour les Canucks, il sera maintenant question de revenir à un niveau de jeu qui a fait d'eux une des meilleures formations de la LNH à la fin des années 2000 et au début des années 2010. Ils avaient notamment remporté le trophée des Présidents à deux occasions, en 2010-2011 et 2011-2012, et ils avaient atteint la finale de la Coupe Stanley, en 2011.

Castonguay croit que les Canucks sont sur la bonne voie et qu'ils créent un environnement dans lequel ses opinions et ses idées seront valorisées et avec qui elle pourra partager ses connaissances à bon escient.

« C'est important de créer des équipes qui travaillent par comité et qui prennent des décisions ensemble, en évaluant les choses sous tous les angles. C'est ce que je sens que nous sommes en train d'accomplir à Vancouver et je veux en faire partie », a-t-elle conclu.