Lorsqu’on nous a appris mardi après-midi que Martin Brodeur avait fait le choix d’annoncer sa retraite du hockey professionnel plutôt que de poursuivre l’expérience avec les Blues de St Louis, une pensée m’assaillait : je persiste à trouver dommage qu’on ne lui ait pas donné la chance de terminer sa carrière avec les Devils du New Jersey.

On raconte déjà qu’au lieu de retourner avec l’équipe qui l’a repêché et avec laquelle il a gagné trois coupes Stanley, il acceptera un poste avec les Blues, puisqu’il s’est lié d’amitié avec Doug Armstrong et les autres  têtes dirigeantes de sa nouvelle équipe.

Après 22 années dans une même organisation, et autant de succès individuels et collectifs obtenus, c’est absolument aberrant ce qui lui est arrivé l’été dernier. On l’a contraint à explorer d’autres options alors qu’il avait exprimé le souhait de disputer une ou deux autres saisons, et que ça aurait été tout à fait naturel qu’il le fasse chez lui.

Je l’ai vu gravir les échelons et grandir comme athlète au point de devenir une idole pour la jeunesse.

J’ai très bien connu ses frères Claude et Denis junior, de même que son père. En y repensant, je reconnais que j’ai été un entraîneur dur envers lui. Pas injuste, mais certainement sévère. J’étais un jeune instructeur et j’avais la réputation d’être l’un des coachs les plus exigeants du circuit. Je jouais au baseball avec son frère Claude, et du jour au lendemain, je dirigeais son jeune frère. Martin ne l’a certainement pas eu facile avec moi, mais à l’époque j’estimais que c’était nécessaire.

Non seulement Martin a-t-il connu une grandiose carrière, mais il a aussi placé la barre très haute par ses qualités humaines exceptionnelles. Il est un gentilhomme de premier ordre à l’extérieur de la glace. Il a su garder une bonne distance entre sa vie privée et sa carrière de hockeyeur. À mon sens, Martin représente aussi un modèle exemplaire, un bon père de famille et un homme possédant de belles valeurs.

Ça m’a toujours fasciné de voir à quel point Martin Brodeur est un être facile d’approche. L’an dernier, alors qu’il était toujours chez les Devils et que ceux-ci étaient à Ottawa pour y affronter les Sens, j’étais entré dans le vestiaire après l'entraînement matinal pour le saluer. En m’apercevant, il a eu exactement la même réaction que lorsqu’il n’était qu’un adolescent d’âge midget : un large sourire a illuminé son visage, suivi d'un « Salut coach! » bien senti. Une simple anecdote qui décrit très bien la personnalité de Martin, un des grands gardiens de l’histoire de son sport.

*Propos recueillis par Maxime Desroches