Pas de doute, Patrick Roy était le seul candidat de Joe Sakic.

Les noms de Lindy Ruff et Dave Tippett ont peut-être été évoqués au cours des derniers jours, seul Roy répondait au portrait type de l’entraîneur-chef que recherchait Sakic, le vice-président exécutif aux opérations hockey de l’Avalanche.

Un gagnant... Ça vous dit quelque chose? Un coach d’expérience et de carrière... Après sept ans dans les rangs juniors, on peut définitivement parler de Roy comme d’un entraîneur dans l’âme. C’est sans compter l’émotion et la passion qu’il saura transmettre à ses joueurs.

En donnant les rênes de l’équipe à Roy, l’Avalanche réalise de plus un excellent coup de marketing. Au fil des cinq ou six dernières saisons, les partisans du Colorado ont quelque peu délaissé le Pepsi Center après l’avoir rempli à craquer pendant plusieurs années. Le grand retour de Roy va certainement les inciter à revenir.

Roy revient donc par la grande porte. En plus de ses fonctions d’entraîneur-chef, il occupera le poste de vice-président aux opérations hockey, du jamais vu!

Offrir tous ces pouvoirs décisionnels à un entraîneur-chef recrue, c’est loin d’être habituel. C’est un saut extraordinaire de la LHJMQ à la LNH. Mais qui d’autre que Roy pour établir un tel précédent?

Je l’ai dit souvent par le passé, Roy a la prestance que beaucoup d’autres entraîneurs n’ont pas, y compris moi à mes débuts dans la grande ligue. C’est sans compter qu’il n’était pas assis à côté de son téléphone à désespérément espérer qu’une formation de la LNH se manifeste. Il était beaucoup plus indépendant que bien d’autres entraîneurs à la recherche d’un emploi.

Il ne faudrait donc pas s’étonner que Roy ait apposé sa signature au bas du plus lucratif contrat de l’histoire de la LNH offert à un entraîneur recrue.

Il aura donc son mot à dire quant à la liste des invités au prochain camp d’entraînement de l’équipe. Je suis de plus convaincu qu’il discutera de transactions possibles avec Sakic et son directeur général Greg Sherman.

Fort de tout ce pouvoir décisionnel, Roy peut-il réussir le même tour de force que Michel Therrien à sa première année à la barre d’une équipe de bas de classement? Oui.

D’abord, il aura sans doute sous la main le prodige Seth Jones, qui sera selon toutes vraisemblances sélectionné au tout premier rang du prochain repêchage. Roy aura de plus sous la main d’excellents jeunes attaquants en Matt Duchene, Gabriel Landeskog, Ryan O’Reilly, Pierre-Alexandre Parenteau et Paul Stastny. En brouille avec l’ancienne direction, ce dernier reviendra dans le droit chemin sous la direction de Roy.

Je m’attends aussi à ce qu’il impose des changements au sein de cette équipe, un peu comme Therrien l’a fait à son arrivée à Montréal en implantant des bases solides et en prenant des décisions importantes. Des gars ont été cloués sur le banc, le contrat  de Scott Gomez a été racheté, etc. Ç'a fait sursauter l’organisation et on a vu la saison que le Canadien a connue.

Reste à voir maintenant qui Roy choisira pour l’épauler dans cette tâche colossale. Martin Laperrière, avec qui il travaille depuis plusieurs années derrière le banc des Remparts, se veut un candidat intéressant pour un poste d’entraîneur adjoint. Le pilote des Olympiques de Gatineau, Benoît Groulx, pourrait lui aussi déménager au Colorado avant longtemps.

Une chose est certaine, lorsque Roy s’adressera à la presse la semaine prochaine, vous n’entendrez pas les clichés d’usage : « on sera une équipe difficile à affronter », ou encore « je veux que tous mes joueurs fournissent l’effort maximal »...

Ça, ce n’est pas Patrick Roy.

*D’après l’intervention de Michel Bergeron au 5 à 7