Pour leur première saison dans la LNH, les Golden Knights de Vegas bousculent tout sur leur passage, animés, selon leur joueur français Pierre-Edouard Bellemare, par une « force » depuis la fusillade qui a fait 58 morts dans la capitale mondiale du jeu le 1er octobre dernier.

Les Golden Knights vont-ils toucher le gros lot dès leur première saison? Meneurs de l'Association Ouest avec 74 points, deuxième meilleure équipe de la ligue derrière Tampa Bay, ils sont bien partis pour disputer les séries alors que la LNH, en conflit avec les instances olympiques, a refusé de libérer ses joueurs pour les Jeux olympiques, une première depuis 1998.

Mieux encore, ils réalisent la meilleure saison d'une équipe d'expansion dans la LNH et même dans l'un des quatre grands championnats professionnels nord-américains.

Et pourquoi ne pas rêver au titre suprême, la Coupe Stanley, dès la première saison, du jamais vu?

Mais Bellemare, tout à son bonheur d'être devenu père pour la première fois début janvier et de vivre à 32 ans « la meilleure saison de (sa) carrière en NHL », ne pense pas à tout cela.

Comme tous ses coéquipiers, l'ailier gauche qui s'est fait un nom dans le Championnat de Suède avant de débarquer dans la LNH en 2014 à Philadelphie, ne se projette pas au-delà du prochain match de son équipe.

« Ce qui s'est passé en octobre, cela a obligé chaque joueur à s'oublier : tu ne penses plus à toi ou à ta saison, tu penses à la ville et aux gens qui ont souffert, tu essaies d'aider ta ville (...) C'est la mentalité de cette équipe », explique-t-il à l'AFP.

« Plus grand que le hockey »

« Chaque joueur a le sentiment qu'on joue pour quelque chose de plus grand que le hockey, cela a dicté une façon d'être », poursuit le no 41 des Golden Knights.

Le 1er octobre dernier, Las Vegas a été le théâtre de la fusillade la plus meurtrière de l'histoire américaine récente : 58 morts et près de 500 blessés lorsque Stephen Paddock, retranché avec un arsenal dans une chambre de l'hôtel Mandalay Bay, a arrosé de balles le public d'un concert de musique country.

À l'époque, Bellemare vivait encore dans un hôtel à vingt minutes de la « Strip », le célèbre boulevard de Las Vegas bordé des plus grands et luxueux hôtels-casinos, dont le Mandalay Bay.

Il n'a appris l'ampleur de la tuerie que le lendemain matin en recevant des SMS inquiets de sa famille et de ses proches.

Mais à seulement trois jours du coup d'envoi de la saison 2017-2018, l'équipe, son propriétaire en tête Bill Foley, qui a déboursé 500 millions de dollars pour avoir le droit de créer la première grande franchise professionnelle à Las Vegas, se mobilise.

« Cela nous a donné vraiment une force, tout le monde avait envie d'aider. Les dirigeants ont été clairs : le premier match de notre histoire, ce n'était pas important, notre rôle, c'est de jouer pour la ville », rappelle Bellemare.

Montrer sa valeur

L'équipe est aussi animée par la volonté de montrer sa valeur : les 30 joueurs qui la forment ont été « offerts » par leurs précédentes équipes selon le principe du repêchage d'expansion lorsqu'une équipe est créée.

C'est ainsi que Pittsburgh a laissé partir son emblématique gardien de but Marc-André Fleury, que Columbus a cédé le Suédois William Karlsson, troisième meilleur buteur du championnat cette saison (28 buts) ou que Bellemare a dû quitter Philadelphie... où il venait d'acheter une maison.

« Si on est tous là, c'est qu'on a fait quelque chose de pas assez bien pour être "protégé" par l'autre franchise, chaque joueur essaie de montrer à ses précédents dirigeants qu'ils ont fait une erreur, sans rancune ni animosité », résume Bellemare.

« On ne pensait pas se retrouver aussi bien classé que cela, mais tout cela nous a rendu plus forts, sans changer notre objectif qui est de progresser match après match », conclut Bellsy (5 buts, 6 passes cette saison), loué pour sa rage de vaincre et son rôle de leader.