Le repêchage est une science inexacte, alors que les dépisteurs tentent de déceler le potentiel des jeunes hockeyeurs pour mettre le grappin sur un athlète qui contribuera aux succès du club. Le talent est une denrée rare qui n’a peu d’égal.  C’est pourquoi, à moins d’une surprise, Alexis Lafrenière devrait logiquement être sélectionné avec le premier choix de cet encan. 

Fort d’une récolte de 35 buts et 77 passes pour 112 points en seulement 52 parties, le Québécois a dominé la LHJMQ et son style de jeu devrait se marier à merveille avec celui de la LNH. 

Non seulement Lafrenière est un talent offensif indéniable, il excelle également sur le jeu de transition et en échec-avant, ce qui le rend d’autant plus redoutable.

Pour qu’un athlète aspire rapidement à devenir un joueur d’impact au plus haut niveau, il doit préalablement rayonner dans les rangs amateurs, exploit réalisé par Lafrenière. 

Le capitaine de l’Océanic de Rimouski a mené le circuit Courteau dans un bon nombre de statistiques avancées quantifiant l’apport offensif d’un joueur. Ce qui est d’autant plus impressionnant, c’est dans quelle mesure Lafrenière a su surclasser ses confrères.

Les exemples les plus probants sont que, pour chaque partie disputée, Lafrenière a été en possession du disque en zone offensive pendant 23 secondes supplémentaires et a complété 23 % plus de passes en zone offensive que son plus proche poursuivant.

Non seulement Lafrenière a mené la LHJMQ dans un bon nombre de domaines, mais aucun joueur ne s’approche de son niveau d’excellence, et ce, toutes formations confondues. C’est pourquoi Lafrenière semble indiscutablement être un talent intergénérationnel.

En zone offensive, Lafrenière est de tous les combats, alors qu’il initie plusieurs attaques en transportant lui-même la rondelle en zone adverse. Ainsi, le Québécois génère un temps de possession imposant qui se traduit généralement par des chances de marquer. Lafrenière est avant tout un fabricant de jeux hors pair, alimentant avec brio ses coéquipiers en zone offensive.

Briller dans les rangs mineurs est un prérequis essentiel, mais rayonner dans la LNH est une autre paire de manches.

La clé pour dominer dans la LNH est simple : il faut exploiter avec régularité l’enclave. Ce n’est pas sans hasard qu’approximativement 83 % des buts inscrits dans le circuit Bettman ont pour origine l’enclave.

Or, c’est précisément en s’appropriant la zone payante que Lafrenière parvient à faire écarquiller un bon nombre de yeux. Il complète un nombre hallucinant de passes dans l’enclave et la grande majorité de ses filets sont inscrits depuis le haut de l’enclave.

Plusieurs espoirs extrêmement doués surfent sur leur talent dans les rangs mineurs, noircissant la feuille de pointage depuis la périphérie. Une fois dans la LNH, face à des athlètes professionnels du plus haut niveau, cette recette n’est plus aussi efficace. Cela nécessite forcément une période d’adaptation pour le hockeyeur qui doit s’adapter à cette nouvelle réalité.

Considérant que Lafrenière excelle déjà depuis l’enclave, sa période d’acclimatation risque d’être moins exigeante, ce qui est de bon augure pour la formation qui acquerra ses services.

Lafrenière est loin d’être un joueur unidimensionnel, alors qu’il organise un bon nombre de sorties de zone, ce qui permet à son club de quitter rapidement son propre territoire pour contre-attaquer.

Le Québécois tire également son épingle du jeu sur l’échec-avant, soutirant régulièrement le disque à ses adversaires en zone offensive, avant de finir par le récupérer. Ces revirements mènent fréquemment à des chances de marquer de qualité, alors que l’opposant est pris à contre-pied.

Ultimement, en orchestrant avec efficacité les sorties de zone et en forçant ses adversaires à commettre des bévues, Lafrenière a un impact positif irréfutable sur les performances de son club. Il en résulte qu’aucun autre joueur de la LHJMQ ne voit la rondelle être davantage en zone offensive lorsqu’il est sur la glace que Lafrenière.

Si le disque se trouve en zone adverse, il est impossible pour l’adversaire de marquer, ce qui s’avère être la meilleure défense qui soit. L’opposant gaspille plutôt son énergie à tenter de récupérer la rondelle, ce qui dans la durée, le rend davantage propice à commettre des erreurs.

Avec l’arrêt des activités de la LNH, les formations peuvent concentrer toutes leurs ressources à la recherche de la prochaine perle rare. En ce qui concerne Lafrenière, il n’y a pas de débat. Il a tous les outils pour faire la pluie et le beau temps dans le circuit Bettman.