MONTRÉAL – David Savard n’avait jamais été entouré d’autant de talent. Il l’a réalisé au beau milieu d’une rince sévère, alors qu’Équipe Canada se faisait faire la leçon par la Suède au début de la ronde préliminaire du Championnat du monde de hockey.

En retard par trois buts après une première période atroce, le Canada a ouvert la machine et mis en branle une remontée qui lui a éventuellement permis de l’emporter 6-4. Sa fiche parfaite était intacte et allait le demeurer jusqu’à la fin du tournoi.

« C’est là qu’on a vu toute la puissance que l’équipe avait, racontait Savard au lendemain de son retour au pays, mardi. On jouait bien défensivement, mais c’était fou l’offensive qu’on était capable de générer. On savait que peu importe ce qui allait arriver, on avait des chances de gagner. »

Le Canada a tout détruit sur son passage au cours du dernier mois à Prague. Armé d’une attaque dévastatrice qui a inscrit un total de 66 buts en seulement dix matchs, il a décroché sa première médaille depuis 2009 au Championnat du monde. Pour Savard, qui représentait son pays pour la première fois de sa carrière, il s’agissait d’une entrée en matière rêvée.

« Ça a vraiment été une belle expérience, surtout avec l’équipe qu’on avait. Plusieurs gars qui avaient déjà vécu l’expérience me disaient que le groupe était particulièrement soudé. On a vraiment eu du fun là-bas et je pense que ça s’est vu sur la glace. »

Le Championnat du monde est un tournoi prestigieux, mais d’une perspective nord-américaine, il est souvent perçu comme un camp de vacances de luxe pour les joueurs n’ayant pu participer aux séries éliminatoires de la Ligue nationale. Savard n’a pas hésité une seconde à répondre à l’appel de la sélection nationale lorsque le directeur général des Blue Jackets de Columbus, Jarmo Kekalainen, lui a relayé l’invitation de son homologue Jim Nill lors du dernier week-end d’activité dans la LNH, mais il admet qu’il se lançait dans l’aventure à l’aveuglette.

 « Je n’avais aucune idée de ce que ça allait être, mais j’ai rapidement réalisé que les gars prenaient ça au sérieux, se rappelle celui qui a partagé la ligne bleue avec Aaron Ekblad et Patrick Wiercioch. Le Canada n’avait pas gagné depuis sept ans et on voulait remédier à la situation. Je ne savais pas non plus à quoi m’attendre comme niveau de jeu, mais c’était quand même élevé, c’est assez surprenant. »

Pour Savard, le triomphe sans appel du Canada fut la suite logique d’une fin de saison presque sans tache. Avant d’aller servir son pays, il avait aidé les Blue Jackets à récolter 29 points sur une possibilité de 34 pour clore leur calendrier régulier. Le défenseur de 24 ans a gagné 24 des 27 matchs auxquels il a pris part depuis le 10 mars.

« Je n’avais pas vu ça de même! », s’étonne celui qui vient de terminer sa quatrième saison chez les professionnels. « Disons que dans les derniers mois, j’ai eu beaucoup de plaisir à jouer au hockey. »

Les Blue Jackets se sont compliqué la tâche en début de saison en remportant seulement six de leurs 23 premières parties. Des blessures à des maillons importants de l’équipe, tels que Brandon Dubinsky, Artem Anisimov, Boone Jenner et Ryan Murray ont considérablement ralenti sa progression.  

« On a eu tellement de blessés cette année, on a eu de la difficulté à trouver notre rythme, soulève Savard. Mais on a vu, quand tous les gars sont revenus vers la fin de l’année, qu’on a un bon club et qu’on a des chances de gagner peu importe contre qui. Je pense que six ou sept matchs de nos dix derniers matchs de la saison étaient contre des équipes du top-10 de la LNH et on en a perdu une seule en prolongation. Si on est en santé, on a la chance de faire quelque chose de bien l’an prochain. »

Sur le plan personnel, Savard a connu une véritable éclosion en s’imposant au sein de la principale paire d’arrières de la formation. Son partenaire Jack Johnson et lui ont été les deux joueurs les plus utilisés par l’entraîneur Todd Richards, l’ancien des Wildcats de Moncton et du Drakkar de Baie-Comeau héritant notamment de responsabilités accrues dans les deux phases des unités spéciales.

« J’avais commencé à jouer avec Jack à la fin de l’an passé et dès que je suis revenu au camp, on a été réunis. Cette année, j’ai dû jouer 70 de mes 82 matchs avec lui et ça a vraiment bien été. Je trouve qu’il est un défenseur sous-estimé dans la Ligue. J’ai l’impression qu’on l’oublie un peu parce qu’il a toujours joué dans l’ombre de Drew Doughty à Los Angeles ou dans le petit marché de Columbus. Mais c’est tout un joueur. C’est sûr que ça m’aide énormément de jouer avec lui. »

Savard passera l’été à Québec où il se préparera pour la dernière année d’un contrat de deux ans qui lui aura rapporté 2,6 M$. Auteur de 36 points la saison dernière, il pourrait devenir joueur autonome avec compensation en 2016.

« Je ne porte pas attention à ça, jure-t-il. Je me contente de jouer au hockey et je vais attendre que mon agent m’appelle pour me dire que les Jackets sont intéressés à négocier. Il ne faut pas trop y penser parce que ça pourrait paraître dans mon jeu. »