BOCA RATON, Floride - Marc Bergevin et ses homologues sont réunis depuis 7 h 30 lundi matin dans le cadre de leur réunion annuelle visant à faire le point sur la situation actuelle dans la LNH et les moyens à prendre pour apporter différentes améliorations.

Les contestations des entraîneurs seront l’un des points majeurs de discussion. En fait c’est bien plus la durée des vérifications que les contestations proprement dites qui sont au centre des discussions. Bien que tout le monde autour de la LNH soit d’accord sur le principe de la contestation, il est clair que le temps perdu pour effectuer les vérifications qui irritent plusieurs directeurs généraux.

« On doit trouver des façons d’améliorer la procédure », a reconnu Colin Campbell, responsable des opérations hockey de la LNH.

La question est comment?

C’est ce dont les directeurs généraux débattront au cours des prochains jours.

Ils débattront aussi, bien sûr, des conclusions de ces contestations. Surtout dans le cas des obstructions à l’endroit des gardiens. Des conclusions qui fluctuent souvent au point d’en perdre ses repères. «Ce sont des décisions très difficiles à rendre. Les directeurs généraux le savent d’ailleurs très bien, car chaque fois que nous leur présentons un jeu serré et que nous leur demandons de voter, ils arrivent avec des décisions partagées. On refera l’exercice encore cette semaine et je m’attends au même genre de résultat», a ajouté Campbell.

Commotions sur les gardiens

Plusieurs équipes tiennent aussi à sonner l’alarme en marge des retraits préventifs de certains joueurs à la suite d’impact à la tête. Les dirigeants redoutent le fait que des joueurs de soutien puissent s’en prendre à des gardiens et/ou des joueurs vedettes afin de forcer la main des observateurs embauchés par la LNH de les forcer à retraiter au vestiaire pour effectuer des tests visant à déceler une possible commotion cérébrale.

À titre d’exemple, la perte d’un Carey Price pour une période de 10, 15, 20 minutes en séries éliminatoires pourrait être dramatique pour le Canadien. Surtout si le retrait préventif devait se conclure par le renvoi de Price dans la mêlée après un ou quelques buts marqués par les adversaires durant son absence.

Bien que ces préoccupations soient normales, il serait surprenant que la LNH recule sur la prévention des commotions. Ne serait-ce que pour montrer la préoccupation de la Ligue qui est aux prises avec des poursuites judiciaires intentées par des dizaines d’anciens joueurs déplorant justement le laxisme du circuit et de ses dirigeants face à ce fléau au fils des dernières années.

Confiner les gardiens devant les filets

Le travail des arbitres et aussi celui de Stéphane Quintal, responsable du bureau de la sécurité des joueurs qui imposent les suspensions, seront aussi dans la loupe.

En matière de suspension, Quintal et son groupe affichent une bonne moyenne au bâton malgré quelques décisions qui auraient pu être plus sévères. Mais c’est certainement un pas dans la bonne direction.

Quant aux officiels sur la patinoire, on a remarqué aux quatre coins de la LNH, une tolérance que je qualifierais de presque intolérable à l’endroit de l’accrochage depuis le début de l’année.

On a remarqué aussi un manque d’uniformité dans l’application de l’ensemble des règlements. Bien que les officiels ne soient pas des robots et qu’il soit ainsi normal d’avoir des fluctuations en matière de décisions et d’interprétations, ces fluctuations sont beaucoup trop prononcées cette année pour qu’on les passe sous silence.

Le plus surprenant dans ce dossier est que l’une des propositions mises de l’avant pour hausser le nombre de buts marqués dans la LNH est de revenir à l’application rigide des règles régissant l’accrochage. Une application semblable à celle imposée lors de la reprise des activités de la LNH après la saison annulée de 2004-2005 en raison du lock-out.

« Ce n’est pas le nombre de buts marqués par match qu’il faut améliorer, car le nombre de buts n’est rarement garant de l’aspect spectaculaire d’une partie. Des matchs serrés peuvent être très spectaculaires. Ce qui m’importe est de maintenir la possibilité d’assister à des remontées gagnantes en cours de partie. Je ne veux pas qu’un club soit assuré de perdre dès qu’il tire de l’arrière par un ou deux buts », a ajouté Colin Campbell.

Il ne faudra pas se surprendre que les directeurs généraux abordent aussi des propositions plus osées afin d’améliorer le potentiel offensif et/ou des remontées gagnantes lors des matchs.

Comme l’a déjà prôné Bob Gainey, la LNH pourrait considérer l’option de bannir les systèmes défensifs visant à bloquer systématiquement les tirs. Les plans concoctés par les entraîneurs-chefs d’aujourd’hui permettent de bloquer – et aussi de forcer les joueurs à tirer hors cible – presque autant de rondelles par les cinq patineurs que d’obtenir d’arrêts de la part des gardiens.

Cette règle serait toutefois difficile à appliquer. Car il serait bien difficile de faire la différence en un bloc orchestré et un autre accidentel. De plus, comment pourrait-on punir un club fautif. Au basketball et au soccer, le ballon est directement remis à l’adversaire lorsqu’un club est pris en défaut. Au hockey? La mise en jeu implique les deux équipes. Et le club fautif est déjà en zone défensive.

Le point le plus intéressant est relié au fait qu’on pourrait peut-être un jour interdire aux gardiens de venir derrière leur filet pour bloquer des rondelles et relancer des attaques.

La LNH a instauré les trapézoïdes derrière les filets justement pour tenter de «contrôler» les gardiens les plus habiles. Mais les meilleurs ont facilement appris à composer avec ce contrôle qui n’est plus efficace du tout.

À cause du talent des Carey Price et des autres gardiens capables de bien contrôler les rondelles, plusieurs équipes refusent donc d’effectuer un échec avant agressif – à deux hommes – par crainte d’être pris en défaut par une sortie de zone orchestrée par un gardien. Sortie qui pourrait donner un surnombre à leur club.

On ne doit pas s’attendre à des développements rapides dans un ou l’autre de ces scénarios. Quoique l’application plus rigide des règles de l’accrochage serait très facile à ordonner et à mettre en application.

Parallèlement à toutes ces discussions, la première présence des Golden Knights de Las Vegas et de leur directeur général George McPhee entraînera bien des discussions officielles et d’autres de corridors.

McPhee profitera certainement des prochains jours pour tendre des perches à ses homologues – l’inverse est aussi vrai – afin d’orchestrer les cadres du repêchage d’expansion qui s’en vient à la fin du mois de juin. Parce que les Golden Knights peuvent effectuer des transactions depuis le premier mars dernier, plusieurs équipes pourraient être intéressées à négocier avec McPhee afin d’obtenir l’assurance que tel ou tel jeunes joueurs puissent être épargnés lors du repêchage en retour d’un vétéran et/ou de choix au repêchage d’entrée des joueurs amateurs.

Ces discussions de corridor – ou de plage – et leurs conclusions aideraient les directeurs généraux qui auront des difficultés à dresser leurs listes de protection – sept attaquants, trois défenseurs, un gardien ou huit patineurs et un gardien – sans exposer des jeunes de talent auxquels ils tiennent à les laisser libres sans risquer de les perdre.

D'ailleurs, les Golden Knights ont annoncé la première signature de leur histoire lundi alors qu'ils ont mis sous contrat l'attaquant Reid Duke.

La première journée de discussions sera assez courte.

Au travail depuis 7 h 30 ce matin, les DG profiteront d’un après-midi de congé pour aller au golf, ou à la pêche...