MONTRÉAL - Il reste encore six semaines à faire au calendrier régulier mais Jacques Martin pense déjà aux séries. Il veut s'assurer que son équipe puisse aborder sa première série éliminatoire dans les bonnes dispositions.

Cela veut dire qu'il aimerait que le Canadien termine la saison en bonne position au classement. Mais il veut également éviter que ses éléments-clés s'épuisent avant même que s'amorce la période la plus éprouvante de l'année, et tournent ainsi à vide quand le jeu deviendra plus corsé.

D'où sa décision de réduire le temps de glace de Roman Hamrlik, samedi, face aux Hurricanes de la Caroline. Et aussi, de ne pas recourir aux services d'un Carey Price grippé même si Alex Auld avait été chancelant deux jours plus tôt face aux Maple Leafs de Toronto.

«On veut diminuer son temps de jeu», a dit Martin de Hamrlik après le match de samedi, au cours duquel le vétéran défenseur tchèque a été limité à 17:30 minutes de jeu, dont 0:42 en avantage numérique et... un gros 0:00 en désavantage numérique.

Face aux Canes, Martin a profité de l'entrée en scène de Brent Sopel pour prendre plusieurs mesures permettant à Hamrlik de redescendre sous la barre des 20 minutes. C'est là le rythme qu'on impose habituellement au Tchèque de 36 ans quand le Canadien compte sur tout son monde à la ligne bleue.

Malheureusement pour lui, ça n'est pas arrivé souvent depuis deux ans, notamment en raison des absences prolongées du meilleur défenseur du CH, Andrei Markov. Hamrlik s'est donc vu régulièrement forcé de dépasser le cap des 20 minutes par match — voire des 25 minutes, comme c'est arrivé quatre fois en février.

«Je pense que c'est important (de réduire son temps de glace), a ajouté Martin. C'est notre défenseur qui a le plus d'expérience, notre défenseur numéro un. En utilisant Tomas Plekanec à la pointe lors du jeu de puissance, ça lui donne un peu de répit dans cette phase du jeu.

«Et en désavantage numérique, on a pu se servir (samedi) de Sopel avec Yannick Weber à certains moments, et enlever là aussi un peu de temps de glace à Roman.»

Martin s'est dit d'avis qu'en jouant moins souvent, Hamrlik est en mesure de donner de meilleures performances, et donc de mieux aider son équipe.

L'entraîneur du Tricolore ne l'a pas dit aussi ouvertement, mais c'est un peu la même chose dans le cas de Price. Le cowboy de la Colombie-Britannique a beau n'avoir que 23 ans, il y a une limite à ce qu'un gardien peut encaisser physiquement au cours d'une saison.

Sans doute qu'en donnant un congé à Price, samedi — surtout après avoir dû annuler précipitamment la pause qu'il avait prévu lui donner face aux Leafs —, Martin a voulu éviter de vider son gardien no. 1 de ses énergies, et ainsi risquer qu'il prenne plusieurs jours à s'en remettre.

Le vétéran entraîneur avait d'ailleurs indiqué, au stade de la mi-saison, qu'il allait faire appel à Auld plus souvent. Il est en voie de mettre cette affirmation en pratique.

Dans ce contexte, Martin espère pouvoir compter sur un Auld égal à ce qu'il a montré jusqu'ici dans l'uniforme tricolore. C'est-à-dire qu'il espacera le plus possible ses contre-performances.

«C'est mon travail d'être prêt à pied levé, quand Carey ne joue pas ou n'est pas en mesure de le faire. Comme je le dis depuis le début, je dois donner à l'équipe la chance de l'emporter et l'aider à récolter des points», a rappelé Auld, samedi, après une prestation inégale où il a quand même assez bien fait pour que son équipe ne tire jamais de l'arrière dans le match, hormis la première période.

«Que je joue pour permettre à Carey de profiter d'un repos ou parce qu'il n'est pas en santé, je dois continuer de présenter un bon niveau de jeu», a souligné le gardien auxiliaire de 30 ans.

Devant, pas derrière

Si Martin veut mieux doser les efforts de certains éléments, il n'est pas question que l'équipe, dans son ensemble, se la coule douce d'ici la fin du calendrier régulier. Si la place de son club au classement devait devenir plus précaire, l'entraîneur se retrouverait dans l'obligation de fouetter ses troupes pour sauver la mise. Il risquerait donc d'épuiser à nouveau ses meilleurs chevaux.

«On songe plus à rattraper les équipes qui nous devancent au classement, plutôt que de craindre la possibilité qu'on glisse au classement», a affirmé Michael Cammalleri.

«On veut récolter autant de points que possible maintenant. Honnêtement, on ne veut pas être obligés de récolter une nulle contre les Leafs lors du dernier match de la saison pour accéder aux séries», a ajouté l'attaquant de 28 ans, en faisant allusion au scénario de l'an dernier, quand le CH s'était qualifié in extremis pour les éliminatoires en récoltant un point au classement dans une défaite de 4-3 en prolongation contre la formation torontoise.