VANCOUVER – Fougueux, expressif et... productif. Alexander Romanov ouvre des yeux depuis le début du Championnat du monde de hockey junior. Il en ouvre dans les chaumières du Québec, il en ouvre au sein de la confrérie journalistique en résidence au Rogers Arena et il en ouvre au sein même de l’organisation du Canadien, qui est sortie des sentiers battus en juin dernier en investissant un choix de deuxième ronde sur ce défenseur méconnu.

 

Francis Bouillon précise d’entrée de jeu que l’échantillon est mince. Il n’avait jamais entendu parler de Romanov avant qu’il ne devienne la propriété du CH. Et avant d’arriver à Vancouver pour épier la progression des espoirs de l’organisation, il ne l’avait vu en action que quatre fois, lors de la tournée canadienne annuelle des Russes en novembre.

 

Mais après avoir ajouté à son dossier les performances de Romanov contre le Danemark et la République tchèque, le responsable du développement chez le Tricolore se dit impressionné par ce qu’il voit.

 

« C’est un joueur qui amène beaucoup de détails dans sa game, décortique le vétéran de plus de 800 matchs dans la Ligue nationale. Il est un peu offensif, il frappe, il est physique et impliqué. C’est ce que j’aime voir d’un défenseur. C’est de bon augure. »

 

Quand on lui fait remarquer qu’il pourrait être en train de décrire le profil d’un jeune retraité qui a déjà porté le numéro 51 à Montréal, Bouillon sourit.

 

« Peut-être, oui. Il a une bonne relance, toujours la tête haute et quand il a la chance de donner une bonne mise en échec, il le fait. Je pense qu’il a du caractère aussi. Je ne le connais pas encore assez personnellement pour aller plus en détails, mais j’aime vraiment ce que je vois. »

 

Romanov est l’un des six joueurs du plus récent assemblage de l’entraîneur Valeri Bragin qui joue cette saison dans la KHL, le dernier échelon du hockey professionnel russe (Klim Kostin, un choix de première ronde des Blues de St Louis, joue avec le Rampage de San Antonio dans la Ligue américaine). Selon Bouillon, les bienfaits des 28 matchs qu’il a disputés avec le CSKA Moscou sont bien visibles. 

 

« C’est sûr que ça amène une confiance quand tu joues contre des hommes. On sait tous que c’est le plus dur, quand tu passes chez les professionnels. J’ai côtoyé beaucoup de joueurs juniors qui avaient de la misère à s’adapter. Dans son cas, je crois que ça fait en sorte qu’il arrive ici avec une longueur d’avance. À son âge, de voir sa progression et la confiance qu’il a jusqu’à date, ça m’impressionne. »

 

Josh Brook : s’inspirer de Victor Mete

 

Bouillon, qui a concentré ses efforts sur les espoirs du Canadien qui sont en action à Vancouver, est légèrement plus sévère dans son évaluation de Josh Brook, qui forme le deuxième duo de défenseurs d’Équipe Canada avec Ian Mitchell.

 

« J’avais hâte de le voir jouer contre les meilleurs joueurs et j’ai hâte que le tournoi avance aussi. Dans sa zone, j’aimerais qu’il utilise plus son corps. Quand tu n’es pas un gros défenseur, tu dois être plus intelligent. »

 

Même si les deux joueurs possèdent des gabarits différents, Bouillon dresse un parallèle entre les défis qui attendent Brook et ceux qu’a dû surmonter Victor Mete pour précipiter son ascension chez les pros.

 

« Comment Mete a fait l’équipe et a surpris tout le monde l’année passée? C’est avec son positionnement sur la glace. On le regardait et on se demandait s’il allait être capable de s’adapter au style de la Ligue nationale, mais c’est un joueur intelligent. Il va mieux utiliser son bâton et son corps  pour ne pas se faire battre à 1-contre-1. Brook, quand je lui parle, c’est un peu ça. Je pense qu’il faut qu’il prenne un peu l’exemple sur Mete. »

 

« C’est un gars qui relance très bien le jeu, il a une très belle vision, clarifie l’évaluateur. Mais défensivement, quand tu tombes au niveau professionnel, il faut que tu joues bien dans ta zone si tu n’es pas un joueur très physique. Alors pour lui, je pense que le meilleur exemple, c’est Mete. Il va falloir vraiment qu’il soit très intelligent dans sa zone pour avoir une belle carrière professionnelle. »

 

Si Romanov a du Bouillon dans le nez, ce dernier espère que Brook pourra se développer comme une version 2.0 d’un ancien coéquipier de longue date.

 

« C’est drôle, j’ai parlé à Stéphane Robidas, qui s’occupe du développement pour les Maple Leafs, et le meilleur flash que j’ai de Brook, c’est un peu ça. Stéphane était un joueur très intelligent et ça lui a permis de jouer 14 saisons dans la Ligue nationale. Il relançait bien l’attaque et défensivement, il ne se faisait pas prendre. »​