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HALIFAX – Dylan Guenther a propulsé le Canada vers la 20e médaille d’or de son histoire au Mondial de hockey junior, marquant en prolongation pour soulever son pays vers une victoire de 3 à 2 sur la Tchéquie.

Profitant d'un revirement tchèque en zone neutre, Guenther s’est amené à deux contre un avec Joshua Roy, et lui a refilé la rondelle à la ligne bleue offensive.

Ce dernier a patienté jusqu’au moment parfait pour remettre la rondelle à Guenther, qui a procuré le titre à Équipe Canada junior avec son deuxième but de la finale, et septième de la compétition.

C’était la neuvième fois de l’histoire du tournoi  – et la deuxième de suite, après le triomphe canadien contre la Finlande à l’été 2022  – que le duel ultime était décidé via la prolongation.

Aucun pays n'avait aligné deux conquêtes consécutives depuis ces mêmes Canadiens, lors des éditions de 2008 et 2009.

Dans le cas de la Tchéquie, l'argent aura un goût amer, mais il s'agit de son meilleur résultat depuis ses médailles d'or de 2000 et 2001.

Elle n'était plus montée sur le podium au CMJ depuis sa médaille de bronze de 2005.

« Après un moment de doute, quel feeling de vivre ce moment avec la foule qu'on a eue ici tout le long du tournoi, a lancé l'entraîneur adjoint, le Québécois Stéphane Julien.

« Il y a eu de l'émotion à chaque match. Comme entraîneur, je n'oublierai jamais, et je pense les jeunes aussi vont se rappeler toute leur vie de l'ambiance qu'il y avait ici à Halifax. C'était vraiment extraordinaire », a-t-il poursuivi.

La catastrophe évitée de peu

Priorité de deux buts ou non, personne ne pouvait prendre pour acquise cette médaille d’or.

Surtout qu’il y a cinq mois, en finale à Edmonton, la Finlande avait comblé un déficit de 2 à 0 au cours des 20 dernières minutes pour forcer ÉCJ à disputer une période de prolongation.

Silencieux pendant 50 minutes, les Tchèques ont finalement réussi à mettre du piquant dans ce match ultime, comme les Finlandais l'avaient fait.

Le travail effectué en première moitié de troisième vingt avait pourtant été sans reproche.

Mais éventuellement, la Tchéquie est parvenue à passer plus de temps en territoire canadien et à égaler le pointage, contre toute attente.

Bien contenue jusque-là par le trio canadien à vocation défensive composé de Nathan Gaucher, Zach Dean et Zack Ostapchuk, l’unité offensive la plus redoutable des Tchèques, formée de Matyáš Šapovaliv, Jiří Kulich et Eduard Šalé, a sonné le réveil de son club en deuxième moitié de troisième période.

En fait, en l’espace de 54 secondes, tout a déboulé pour les tenants du titre.

Il y a d’abord eu le septième but du tournoi réussi par Kulich, idéalement positionné pour déposer un retour de lancer dans le filet.

On aura à peine eu le temps de se demander si le Canada allait jouer nerveusement que Jakub Kos, 54 secondes après Kulich, trompait à son tour la vigilance de Milic, à l’aide d’une déviation qui a tranquillement fait son chemin derrière la ligne rouge.

La foule du Scotiabank Centre eu beau faire grimper le niveau de décibels, on a senti le retour des « jambes molles » dont parlait Julien plus tôt cette semaine.

« Je mentirais si je disais que je n'ai pas senti le doute chez nos joueurs. Le fait qu'ils aient refait la glace nous a permis de se parler dans le vestiaire et de mettre les choses au clair, Les gars la voyaient, la victoire, après avoir fait ce reset-là », a expliqué le bras droit de Dennis Williams.

Nerveuse dans sa zone, la formation canadienne a failli voir le trophée lui échapper lorsque Kulich s’est retrouvé avec le disque devant un Milic couché de tout son long, une douzaine de secondes avant la fin du temps réglementaire.

« Entre la troisième période et la prolongation, on a parlé de l'importance de resserrer le jeu. Je pense qu'on a commis deux erreurs défensives, et les deux se sont retrouvées dans le fond de notre filet », a observé Gaucher.

« Notre état d'esprit était meilleur lorsqu'on est retournés sur la glace pour la prolongation », a-t-il constaté.

Peu de chances générées en 1re

Le début de rencontre a été si modeste offensivement que de part et d’autre, on n’avait enregistré qu’un tir au but à mi-chemin dans l’engagement.

Le Canada a toutefois retenu son souffle lorsque Gabriel Sztruc a servi un tir qui a pris Milic par surprise, avant d’aboutir sur la barre horizontale.

ÉCJ s’est vu offrir une opportunité avec un homme en plus, l’acharnement de Brennan Othmann en échec-avant forçant David Jiříček à l’accrocher.

Ce même Othmann s’est fait complice du premier but de la rencontre, avec 7:19 à jouer au premier tiers.

Comme c'est fréquemment le cas lorsque le Canada déploie son jeu de puissance, on a cherché à alimenter Guenther pour un tir sur réception, et justement, ce dernier a servi à Tomas Suchánek un lancer parfait par-dessus l’épaule, côté bâton.

C’était à ce moment la sixième fois du tournoi que l’espoir des Coyotes de l’Arizona faisait bouger les cordages, et chacune de ses réussites sont survenues alors que son club évoluait avec un joueur de plus.

Évidemment, le filet le plus important de la jeune carrière de Guenther allait toutefois être réussi à forces égales.

« J'ai tellement eu de plaisir à jouer avec ce gars-là, a mentionné le capitaine Shane Wright après le match. Il fait une foule de petits détails qui ont aidé notre trio.

« Et bien entendu, il a marqué au moment où on avait le plus besoin d'un but », a ajouté Wright, dont le 19e anniversaire a eu une saveur encore plus particulière.

L’un des huit patineurs ayant également savouré la conquête de l’or en août dernier à Edmonton, Othmann a livré l’une des mises en échec les plus percutantes de la soirée sur Jaroslav Chmelar.

L’ailier gauche âgé, qui appartient aux Rangers de New York, s’est ainsi fait pardonner les quelques prestations moins inspirées qu’il a produites en phase de groupes.

La plus belle chance du reste de l’engagement initial est allée aux Tchèques, alors que Martin Ryšavý s’est fait oublier derrière la défense canadienne, avec un peu plus de deux minutes au tableau indicateur.

Un Milic très serein devant l’importance du moment a toutefois bien suivi la feinte qu’a essayée son rival, réalisant son arrêt le plus crucial de la période.

Milic, qui a amorcé le tournoi en tant que gardien no 2 derrière Benjamin Gaudreau, a réalisé 24 arrêts dans cette partie décisive.

Suchánek souffre... puis s'illustre encore

Tôt en deuxième, un joueur canadiens s'est retrouvé au cachot après 40 secondes de jeu.

Durant la pénalité imposée au défenseur Ethan del Mastro, c’est toutefois le Canada qui a menacé.

Caedan Bankier s’est d’abord présenté seul devant Suchánek, mais a manqué d’espace pour réaliser sa manœuvre, de sorte qu’il a foncé directement dans le cerbère.

Ce dernier a semblé être en douleur pendant un moment, recevant la visite du thérapeute tchèque. Il est toutefois resté dans le match, et ironiquement, le portier âgé de 19 ans a fait preuve de souplesse pour étendre la jambe gauche – celle qui avait été le point de contact avec Bankier – pour priver Zack Ostapchuk d’un but, alors que s’écoulaient les dernières secondes de la pénalité imposée à del Mastro.

Décidément, Suchánek ne l'a pas volé, l'honneur de gardien par excellence du CMJ que lui ont réservé les journalistes présents à Halifax et Moncton dans un scrutin.

Le Canada n’a pas laissé ce superbe arrêt freiner ses ardeurs, puisque tout de suite après, Wright s'est fait le plaisir de marquer le jour de sa fête.

Auteur de son quatrième filet de la compétition, Wright s’est emparé de la rondelle près de la bande, a gagné l’enclave et s’est tourné vers son revers pour la loger dans le haut du filet.

Aux commandes par deux buts, ÉCJ a alors eu beau jeu de s’appuyer sur du jeu robuste, limitant les revirements et autres erreurs défensives.

La cadence ayant été intentionnellement ralentie par la troupe de Dennis Williams, celle-ci s’est tout de même offert certaines des meilleures opportunités de la deuxième moitié de la période médiane.

Encore le nez dans la circulation lourde, Othmann est venu bien près de faire passer l’avance à trois buts lorsque Connor Bedard l’a repéré à l’entrée du demi-cercle de Suchánek, mais ce dernier a résisté.

Adam Fantilli, qui avait brillé en demi-finale contre les États-Unis la veille, a aussi mis le portier tchèque à l’épreuve, à sa sortie du banc des pénalités.

Il était permis de se demander à ce moment si les occasions bousillées par ÉCJ allaient finir par revenir les hanter. Comme on le sait maintenant, c'est venu bien près.

Jiříček, qui a été nommé au sein de l'équipe d'étoiles du tournoi, disait être mitigé quant aux émotions vécues.

« Je suis fier d'un côté qu'on ait pu remonter la pente en troisième période, mais évidemment, ce n'est pas un coup facile à encaisser, de perdre de la sorte après avoir été si près », a-t-il observé.