Le Canada a baissé pavillon 4-2 en lever de rideau face à ses rivaux américains, mais à mon avis, plusieurs éléments positifs peuvent être retirés par la troupe dirigée par Dave Lowry en dépit du résultat décevant.

Dès les premières minutes de jeu, Équipe Canada junior a joué avec aplomb, démontrant vitesse, énergie et dynamisme dans toutes les phases du jeu. Étrangement, la pénalité écopée par l’Américain Alex DeBrincat pour avoir dardé, au lieu d’offrir aux Canadiens la tape dans le dos nécessaire pour trouver son erre d’aller, a plutôt freiné son élan. De ne pas avoir su profiter de ces cinq minutes passées avec l'avantage d'un joueur a ralenti la cadence rapide imposée en début de match.

Puis au troisième vingt, même si les États-Unis ont inscrit trois buts, le Canada n’a pas été déclassé, loin de là. Il a raté une superbe chance de se donner les devants lorsque l’attaquant Dylan Strome, pas très longtemps après avoir inscrit le but égalisateur, s’est présenté en situation de deux contre un devant Alex Nedeljkovic, qui a réalisé un bel arrêt de la jambière. Quelques instants plus tard, les Américains reprenaient leur priorité d’un but grâce à un tir voilé et dévié par le défenseur Brandon Hickey. En fait, trois des quatre buts américains ont été marqués grâce à des rondelles qui se sont frayé un chemin jusque derrière Mason McDonald.

Le jeune gardien aurait peut-être pu faire l’arrêt sur le filet du capitaine Zach Werenski (du moins, de l'angle que nous avions sur la galerie de presse), mais sinon, il n’a pas grand-chose à se reprocher, tous les autres buts ayant été le résultat de déviations.

Tout compte fait, le Canada a obtenu les meilleures chances de compter, mais les États-Unis ont fait la preuve qu’ils forment une équipe capable de batailler pour la première position du groupe A. Il n’y a pas deux, mais bien trois puissances dans ce groupe, avec la présence de la Suède également.

Bref, je ne vois pas de raisons de déclencher l’alarme pour les représentants de l’unifolié. Les lacunes connues peuvent être corrigées, et il demeure préférable, en match de ronde préliminaire, de perdre face à une formation talentueuse que de l’échapper dans une rencontre face à un adversaire de moindre calibre. Une feuille de route parfaite jusqu’à la médaille d’or, ce n’est que l’une des avenues (la plus facile, vous direz) que le Canada aurait pu emprunter, mais ce n’est certainement pas la seule.

Je m’attends à voir une équipe canadienne redynamisée dès la première période, lundi face au Danemark, dans un match qui a de grandes chances d’être un véritable travail de démolition.

Gauthier a ouvert bien des yeux

L’un des meilleurs patineurs dans le clan canadien a été selon moi l’attaquant québécois Julien Gauthier, lui qui a régulièrement provoqué des choses dans plusieurs facettes du jeu. Il s’est avéré la pièce maîtresse sur les deux buts; la première fois sur une belle percée en zone offensive suivant un lancer bloqué en territoire défensif, et la seconde en obstruant de façon légale la vue du gardien américain sur le but de Strome sur l’attaque massive.

Gauthier n’est pas seulement grand, gros et robuste; il possède aussi d’excellentes mains et une belle agilité pour un joueur aussi physique.

Je n’étais pas certain de son utilisation en début d’affrontement, et j’ai craint pendant quelques instants qu’il allait être confiné au rôle de 13e attaquant en raison de son âge, mais les instructeurs ont bien vu au fil du match que son apport était trop important pour le reléguer au quatrième trio. J’ai eu l’occasion d’échanger quelques mots avec le jeune homme après la rencontre, et il m’a avoué avoir eu l’impression que les coachs avaient pris confiance en lui. Comment ne pas apprécier la mentalité d’un batailleur qu’il possède?

Maintenant, on aura beau dire que le Canada a connu un match intéressant malgré la défaite, il demeure néanmoins que Dave Lowry et ses adjoints devront s’asseoir et décider si des changements s’imposent pour la suite.

Devant le filet, peut-être voudra-t-on donner une chance à Samuel Montembeault de se faire valoir? Quelque chose me dit que les dirigeants avaient choisi de l’emmener en Finlande par simple mesure préventive, en cas de remplacement ou de blessure. Après le duel contre les Danois, Mackenzie Blackwood aura purgé sa suspension et sera admissible à un retour. C’est ce qui me fait douter qu’on enverra le portier de l’Armada de Blainville-Boisbriand devant la cage lundi.

Du côté défensif, sans vouloir identifier le travail d’un seul arrière comme ayant été problématique, j’avoue avoir trouvé Brandon Hickey plutôt ordinaire. Je n’ai pas une dent contre lui, mais je n’ai pas l’impression qu’il apporte une dimension indispensable à Équipe Canada junior. S’ils ont retenu sa candidature, les entraîneurs doivent apprécier quelque chose dans son jeu. Ses qualités athlétiques font de lui un joueur à caractère plus défensif. Mais après ses quelques bévues liées à des buts américains samedi, il y a fort à parier que sa place dans la hiérarchie sera compromise.

Quant aux attaquants, le temps de jeu octroyé à Anthony Beauvillier et au capitaine Brayden Point (blessé en match préparatoire) seront à surveiller. Je prédis que le rôle du Québécois progressera au fur et à mesure que le tournoi avancera. Point, lui, pourrait refaire ses forces en étant ménagé dans un match que les Canadiens remporteront avec beaucoup d’aisance. Chose certaine, ce sera difficile pour les instructeurs d’évaluer avec exactitude le rendement des joueurs étant donné l’opposition de lundi.

Propos recueillis par Maxime Desroches