Le Temple de la renommée du hockey demeure pour plusieurs amateurs un endroit mythique. Lors d'un récent pèlerinage familial, je me souviens des yeux illuminés de mes garçons surtout en touchant la coupe Stanley et en se faisant photographier avec celle-ci. Même ma carrière de joueur terminée, j'ai refusé de la toucher, qui sait, peut-être que le destin me permettra un jour de tenter à nouveau de la conquérir. Il reste que ce panthéon, lieu inatteignable pour un athlète fier à la carrière humble comme la mienne, je me permets de le visiter avec vous alors que quatre grands joueurs que j'ai affrontés y font leur entrée.

Je n'ai pas affronté très souvent Mats Sundin mais je me souviens de lui dans l'uniforme des Nordiques. J'ai eu la chance d'être sur place au Centre Air Canada la saison dernière lorsque les Maple Leafs lui ont rendu un vibrant hommage. C'était une présence imposante sur la patinoire, un grand centre droitier qui brillait sur un jeu de puissance menaçant et qui a excellé sur la scène internationale.

Adam Oates est assurément le fabricant de jeu hors pair de cette cuvée. Plus de 1 000 mentions d'aides en carrière. Il avait cette capacité, même à la fin de son parcours dans la LNH alors qu'il a effectué un retour dans l'association de l'Ouest, de ralentir le jeu et semer la confusion dans la couverture adverse. Le court moment de laxisme défensif chez l'ennemi est tout ce dont il avait besoin pour alimenter nombre d'ailiers qui lui seront à jamais reconnaissants.

J'ai affronté Pavel Bure alors qu'il en était à ses dernières campagnes, incommodé par des blessures au genou. Le « Rocket Russe » avait néanmoins toujours ce sens dramatique de trouver la brèche pour faire ce qu'il faisait de mieux : marquer des buts. Rares sont les grands qui termineront avec un plus grand nombre de buts que de mentions d'aides, mais c'est son cas. Près d'une centaine de buts de plus, rien de moins. Je me souviens trop bien d'une soirée au Madison Square Garden, le 3 décembre 2002. Je portais l'uniforme des Blue Jackets contre une formation des Rangers qui comptait dans ses rangs les Eric Lindros, Petr Nedved, Mark Messier et Brian Leetch. Non seulement Bure a-t-il marqué deux buts en première période; il a aussi alimenté Lindros pour le but vainqueur avant de compléter, à genoux, son tour du chapeau en décochant son neuvième lancer au but du match. Il a donc obtenu son dernier tour du chapeau dans la LNH contre moi.

Des quatre intronisés, celui que j'ai le plus côtoyé et, par le fait même, le plus admiré est sans contredit Joe Sakic. « Burnaby Joe » avait une capacité de rendre tout le monde autour de lui meilleur. Autant ses ailiers sur la patinoire, que les jeunes joueurs qu'il respectait, que les gardiens avec qui il avait une intense compétition pendant les entraînements. Il était toujours en quête d'un nouveau bâton ou d'une nouvelle façon imprévisible de décocher son tir des poignets dévastateur qui allait améliorer son taux de réussite. J'ai eu le privilège d'être le gardien en action lors du match du 27 décembre 1999 face aux Blues de St-Louis, rencontre au cours de laquelle il a récolté son 1000e point en carrière dans la LNH, une mention d'aide. Fait peu connu, c'est le dur à cuire Chris Dingman qui a fait scintiller la lumière rouge sur cette séquence, preuve qu'il rendait vraiment tout le monde autour de lui meilleur!