Liste des meilleurs espoirs en prévision du repêchage :

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MONTRÉAL – Son père a joué plus de 1200 matchs dans la Ligue nationale, a été deux fois champion compteur, a remporté un trophée Hart et une coupe Stanley, a participé six fois au match des étoiles, deux fois aux Jeux olympiques et est aujourd’hui membre du Temple de la renommée. Et pourtant, aucune équipe de la LNH ne s’est intéressée à lui avant l’âge de 22 ans.

Les fils d’anciens joueurs sont de plus en plus nombreux à suivre les traces du paternel. Plus que n’importe lequel d’entre eux, Ryan St-Louis est bien informé sur le grain de sel avec lequel doit être pris le repêchage de la Ligue nationale.

« Ça fait longtemps que j’en parle avec lui, ne cache pas Martin St-Louis au sujet de l’aîné de ses trois fils. C’est sûr que c’est flatteur, se faire repêcher, mais ça ne veut vraiment rien dire. Il faut que tu continues à t’améliorer, que tu continues à travailler sur ta game. Pour moi l’important, c’est plus où tu vas être comme joueur de hockey à 21, 22 ans. Quand ton temps sera venu, vas-tu être prêt à faire le saut? »

L’ancien attaquant vedette du Lightning de Tampa Bay ne peut s’empêcher de rire quand il repense à l’époque où il était dans les souliers de son plus vieux. « Mon année de draft, je pense que je travaillais dans une cour à bois! Je savais que je ne me ferais pas repêcher », raconte-t-il.

St-Louis est arrivé à l’Université du Vermont à l’âge de 18 ans. Il en est ressorti quatre ans plus tard en tant que meilleur pointeur de l’histoire de l’institution. Il a ensuite dû aller jouer dans la Ligue internationale avant de convaincre une organisation de la LNH, en l’occurrence les Flames de Calgary, de lui accorder un contrat.

Nul ne peut prédire si Ryan patinera un jour sur les mêmes patinoires que son père, mais il se pourrait qu’il offre bientôt à la famille un moment inédit. Un ailier gauche de 5 pieds 10 pouces et 168 livres qui vient de terminer sa deuxième année au sein du programme de développement américain, le jeune St-Louis est classé au 125e rang parmi les joueurs nord-américains admissibles au prochain repêchage par la Centrale de recrutement de la LNH.

On ne parle donc pas d’un espoir de premier plan, mais il est réaliste de croire qu’une équipe sera tentée de miser sur lui à la fin du mois.

« Ce qu’il me répète souvent, c’est que l’important n’est pas d’être le meilleur joueur à 18 ans, mais de l’être à 25, 30 ans. Le but ultime n’est pas d’être repêché en première ronde. Où il faut être le meilleur, c’est dans sa capacité à s’améliorer. Ça n’a pas d’importance, le rang ou même le fait d’être repêché. C’est tout ce qu’on fait après qui compte. »

S’il faut en croire son père, Ryan St-Louis a toujours approché le sport autour duquel gravitait le noyau familial avec une certaine forme de sagesse, d’intelligence. Très tôt, il est devenu évident que l’obsession qu’avait développée le patriarche sur les glaces de Laval avait été transmise à sa progéniture.   

« À Tampa, ma femme amenait les gars à pas mal tous les matchs. C’est pas facile des fois. Un kid de 2 ans, ça ne veut pas rester assis pendant des heures. Mais Ryan, il écoutait la game. Il a développé une passion, mais aussi une compréhension de tout ce qui se passe sur une patinoire. Quand tu suis la rondelle et tu vois le monde qui bouge, tu finis par comprendre l’algorithme, si on veut, comment la game se joue. »

Plus vieux, à chaque congé scolaire, les frères St-Louis se retrouvaient devant deux options : faire la route jusqu’à Orlando pour aller à Disney ou rester à la maison et accompagner papa à l’aréna.

« J’ai joué pendant 14 ans à Tampa. Je suis allé à Disney une fois, s’esclaffe le jeune retraité. Les trois gars, ce sont des joueurs de hockey. Ils ont le même rêve que papa. »

Les St-Louis ont migré vers le nord-est des États-Unis quand Martin a été échangé aux Rangers de New York, mais ils ont conservé une maison en Floride et Ryan est demeuré un partisan du Lightning. Il admire Nikita Kucherov mais se compare davantage à Ondrej Palat. « Il fait tout sur la glace sans nécessairement recevoir la reconnaissance qu’il mérite. J’aime comment il joue, comment il comprend la game », explique-t-il. 

Ryan St-Louis se décrit comme un bon patineur, un fabricant de jeu qui peut évoluer à toutes les positions en attaque et qui se fait une fierté d’exceller dans les trois zones. Il a inscrit 45 points, dont 20 buts, en 75 matchs cette saison avec le programme américain des moins de 18 ans.

« Il joue une game très mature, corrobore Martin. Je le trouve très intelligent, je dirais que c’est sa force. Je crois que plus il va monter dans le hockey, plus il va se démarquer parce que la game devient de plus en plus mature. Plus il progressera, moins ça se jouera dans les confrontations à 1-contre-1, ce que j’appelle du Instagram Hockey. Ryan, il ne joue pas du Instagram hockey »

Avant de quitter pour les vacances, St-Louis a reçu comme consignes d’améliorer sa vitesse d’exécution. Il travaille principalement sur cet aspect avec Chris Ferazzoli, un entraîneur spécialisé dans les techniques de patinage et les habiletés individuelles. Il lui arrive aussi de sauter sur la glace en compagnie d’Adam Oates, un autre membre du Temple de la renommée qui n’a jamais été repêché.

Son père croit qu’il doit aussi continuer à améliorer son lancer. « Moi, c’était ça aussi à son âge. J’avais une bonne shot, mais pas assez. Je suis devenu un meilleur compteur quand j’ai amélioré ma shot. En fait, j’étais un meilleur compteur dans la Ligue nationale que je l’ai été au collège », fait remarquer celui qui a marqué 433 fois, séries éliminatoires incluses, au plus haut niveau.

Pour toutes les qualités qu’il possède déjà et pour l’aide dont il aura besoin pour les points sur lesquels il doit travailler, Ryan St-Louis réalise qu’il a de la chance de compter sur un père avec une telle feuille de route. Mais il a aussi rapidement exprimé son désir de forger sa propre identité. Par exemple, il n’avait que 15 ans lorsqu’il a annoncé que c’est envers l’Université Northeastern qu’il souhaitait s’engager. Un passage au Vermont, à l’alma mater de son père, a toujours été hors de question.

« Je ne voulais pas que les gens disent que j’avais eu ma place pare que mon père était passé là avant moi. Je voulais tracer mon propre chemin », justifie-t-il.

« Je le comprends, réagit Martin. Il veut faire son histoire, il veut se distancer un peu de ce que j’ai fait. »

Au cours de la dernière année, Ryan a aussi délaissé le numéro 26 qu’il portait au hockey mineur et qui flotte au plafond du domicile du Lightning en hommage à son père. Il a plutôt opté pour le 15, qu’un jeune St-Louis a porté de façon plutôt anonyme lorsqu’il a fait ses débuts dans la LNH avec les Flames de Calgary.

« Je pense qu’il est fier d’être un St-Louis, mais il essaie de se séparer de l’identité de papa un petit peu, t’sais? », a compris son géniteur.