LAVAL – Le couvercle de la marmite a sauté, mardi matin, pour Joël Bouchard qui était furieux du rendement de son équipe lors de l’entraînement. Le pilote du Rocket de Laval a jugé qu’il devait rappeler ses ouailles à l’ordre.

 

Le contexte est important pour comprendre la frustration qui a poussé Bouchard à quitter la patinoire en plein cœur de la séance.

 

Jusqu’à présent, le Rocket a obtenu deux victoires en quatre rencontres et la formation lavalloise a affiché un rendement plus qu’intéressant. En fait, un troisième gain aurait sans doute été mérité.

 

« Je ne suis pas content parce que tout allait bien et ils sont revenus avec un entraînement moyen lundi et aujourd’hui (mardi) ils ne sont pas bons. Je pourrais comprendre qu’un petit relâchement survienne si on avait quatre victoires », a exprimé, au RDS.ca, Bouchard qui avait encore la fumée qui lui sortait par les oreilles.

 

« Je pense que c’est aussi ça, quand tout le monde te dit que tu es bon, fin, gentil, beau et que tu travailles fort, tu commences à le croire un peu. Je crois que c’est ce qui est arrivé dans la pratique », a-t-il ajouté avec sa passion habituelle.

 

La première fois que Bouchard a interrompu l’entraînement, il a utilisé un savant mélange de mots en anglais et en français qu’on ne peut pas retranscrire dans cet article. La deuxième fois, il a utilisé une approche plus posée en exprimant son mécontentement sans hausser la voix. Mais il en avait vu assez, il a préféré retourner dans son bureau.

 

« Moi, je m’excuse, mais je n’accepte pas ça. On a un travail à faire, je demandais 40 minutes de pratique. S’ils ne sont pas capables de faire ça, on va les arrêter à 26 et on recommencera le lendemain. Je ne perdrai pas mon temps sur la glace », a noté l’entraîneur sans embellir la réalité devant le seul journaliste. 

 

« Tu as le droit d’avoir de la difficulté et de ne pas comprendre un principe, mais de ne pas être focus et de ne pas exécuter des choses simples, ça ne passe pas et ils le savent », a enchaîné Bouchard qui effacera cet accroc mercredi matin.

Parce qu’il faut le rappeler, le Rocket connaît un départ prometteur. Ce n’est pas comme si les joueurs de Bouchard se traînaient les pieds régulièrement.

« Ça fait trois semaines qu’on a commencé et c’est la première fois que ça arrive. Mais une fois, c’est une fois de trop. Ce n’est pas comme si les exercices étaient très complexes. C’est le focus et l’exécution qui n’étaient pas là et c’est inacceptable. »

Le nouvel entraîneur ne veut surtout pas que ses protégés tiennent des choses pour acquis. Sa philosophie exige une haute intensité en permanence et les résultats sont éloquents quand elle est au rendez-vous. À titre de preuve, le Rocket n’a pas concédé plus de 20 lancers dans ses quatre premiers matchs (20, 17, 19 et 15).  

« As-tu déjà vu ça dans le hockey? Moi pas souvent, mais ça ne veut pas dire qu’on a tout gagné et qu’on est les champions du monde, voilà le message qui a été lancé aujourd’hui », a précisé l’homme de hockey.

S'inspirer du professionnalisme de Plekanec

Comme il le souligne lui-même, ses joueurs ont eu un exemple probant cette semaine des bénéfices de l’ardeur au travail.

« C’est drôle, tout ce que j’entends depuis trois jours c’est que (Tomas) Plekanec est un vrai professionnel. Il a fait plusieurs millions dans sa carrière et il est arrivé à son 1000e match. On raconte partout comment il est bon dans les entraînements, comment il se prépare avec soin. À ce que je sache, ils n’ont pas joué 1000 matchs dans la LNH donc je pense qu’ils peuvent agir comme des professionnels eux aussi. Aujourd’hui, ce n’est pas ce que j’ai vu », a exposé Bouchard.

Le capitaine Byron Froese s’en voulait particulièrement pour ce résultat.

« Je dois assumer le blâme pour ce qui s’est produit. Je n’ai pas mené les gars comme j’aurais dû le faire. Je faisais de mon mieux, mais mon exécution n’était pas assez bonne. Je réalise vraiment que chaque petite chose effectuée à l’entraînement ou dans un match est importante », a commenté Froese.

Bien sûr, les joueurs du Rocket auront besoin d’une période d’adaptation pour que les exigences de Bouchard deviennent une deuxième nature pour eux.  

« Il n’y pas tant d’entraîneurs qui sont autant exigeants et les gars vont le comprendre. Si tu n’es pas prêt à soutenir ce niveau, tu ne feras pas partie de cette équipe. C’est un énoncé clair qui a été prononcé dans cet entraînement », a constaté Froese.

À 27 ans, Alex Belzile est l’un des nouveaux vétérans du Rocket en compagnie d’Alexandre Grenier, Michael Chaput. Il appuyait l’action prise par son entraîneur.

« C’est la faute des joueurs, il ne veut pas que notre niveau soit bon pour trois entraînements sur cinq, il exige que ce soit le cas tous les jours. On parle d’exercices qu’on répète depuis le début de l’année donc il n’y avait aucune raison de les bousiller par un manque de concentration. Je comprends sa réaction et j’aurais sûrement fait la même chose à sa place », a déterminé l’ancien de l’Océanic de Rimouski.