Un travail inachevé. Il a choisi des mots différents, mais c’est un peu l’essence des propos tenus par Pierre Dorion lors de conférence de presse, lundi, suivant l’heure de tombée de la date limite des transactions.

Le directeur général des Sénateurs a été clair : il désire poursuivre le travail amorcé au cours de la saison morte. Pourquoi inachevé ? Car, de l’avis de plusieurs, incluant certains membres de l’environnement immédiat de la formation ottavienne, Dorion veut porter un sérieux coup de barre à une formation qui occupe les bas-fonds du classement général (29e).

Sans le dire ouvertement, mais en le pensant probablement, la raison a tout simplement pris le dessus sur les émotions, dans le but d’atteindre l’objectif et surtout d’éviter de commettre l’irréparable.

Loin d’un « hockey deal », selon ses explications, les offres reçues de la part de certains de ses confrères pour Erik Karlsson n’étaient tout simplement pas assez bonnes.

Dorion a même déclaré que si son capitaine était toujours avec l’équipe au 1er juillet prochain, en insistant quelque peu sur le « si », il allait prendre le temps de s’assoir avec le principal concerné pour lui offrir un nouveau contrat.

Cela laisse encore une fois place à plusieurs interprétations quant à la possibilité d’alimenter de nouveau le spectre d’un éventuel départ lors de la prochaine séance de repêchage du circuit Bettman en juin prochain.

On a le sentiment que ce n’est que partie remise et que l’objectif de rétablir une culture gagnante au sein de ce vestiaire, qui en a grandement besoin, et surtout d’éliminer du paysage ceux qui sont habités par une indifférence face à l’échec de cette saison demeure la priorité du DG.

À l’heure des choix, Dorion aura tout simplement pris le pari de vivre avec les conséquences de ses décisions, dans une « business » où certains de ses acolytes auront fort probablement tenté de capitaliser sur un potentiel moment de faiblesse organisationnelle.

Ce dossier Karlson aura tout de même porté ombrage sur ceux de Mike Hoffman et de Zack Smith, que plusieurs voyaient partir au sein d’une équipe aspirante ; une situation qui aurait bien cadré avec le désir interne de procéder à des changements… à suivre !

Derick Brassard se voyait ailleurs !

Un joueur performant et qui s'est présenté dans ses plus beaux costumes au cours des dernières semaines, Derick Brassard, sans le clamer haut et fort, voit d’une certaine façon son vœu exaucé.

Le fait de suivre son désir ne représente pas un défaut, mais un moyen d’atteindre l’objectif de tout hockeyeur professionnel, soit celui d’avoir l’opportunité de remporter le gros trophée.Conscient du virage à 180 degrés et de la réelle intention de la direction des Sénateurs à faire ce pas de côté.

Après discussions avec les hautes sphères de l’organisation durant les dernières semaines, le Hullois d’origine a vite compris le topo. Il a clairement affiché que pour son propre bien et celui des Sens, le temps était peut-être venu de monnayer ses services à une formation plus compétitive, dans une transaction à l’allure gagnant-gagnant.

Peut-on reprocher à un athlète professionnel de prendre son rêve au sérieux ? La réponse est non, surtout à l’âge de 30 ans. Entretemps, ce mouvement de personnel aura permis aux Sénateurs d’Ottawa de trouver le bon partenaire de danse, question de combler un besoin plus que réel pour les années futures.

En retour de Brassard arrive Filip Gustavsson, un choix de 2e ronde des Penguins de Pittsburgh lors de la séance de sélection de 2016. Ce dernier est surtout reconnu pour ses exploits lors du dernier championnat mondial de hockey junior alors qu’il défendait la cage de la formation suédoise.

Servi par un sens de l’anticipation hors du commun, d’une excellente vision et d’un physique plus que respectable par rapport aux exigences du milieu, le Suédois viendra combler, à moyen terme du moins, une faiblesse marquée au sein de l’organisation.

Le gardien de 19 ans aura même forcé le directeur général à se déplacer de l’autre côté du continent en janvier dernier, question de bien évaluer sa réelle valeur.

Avec l’acquisition de Gustavsson, combinée au 1er choix des Penguins de Pittsburgh et du retour sur l’investissement dans l’échange impliquant Ian Cole (3e choix des Blue Jackets de Columbus), on peut dire que la décision de procéder à ce mouvement de personnel s’imposait par elle-même.

Sénateurs d’Ottawa : Une organisation fragile comme jamais !

Équipe professionnelle de hockey à vendre ? Non, je n’irais pas jusque-là, mais chose certaine, après plusieurs saisons à la couverture des Sénateurs d’Ottawa à titre d’analyste, jamais au grand jamais je n’ai vu une situation aussi fragile que celle-ci.

L’aura qui plane autour de la formation semble miner l’environnement immédiat, et cela en interpelle plusieurs par rapport aux défis à relever au cours des prochaines années. On parle ici de défis autant au niveau de la surface glacée que sur la gestion quotidienne de cette franchise, et ce, malgré la présence de quelques bons jeunes espoirs dans les mineures.

Une franchise qui démontre certains signes d’incertitude et de précarité sur les orientations futures.

On a accordé une prolongation de trois ans à un directeur général, qui donne l’impression que son mandat est d’effectuer davantage la soustraction de dollars des livres comptables, tout en maximisant la valeur de vétérans pour procéder à une cure de rajeunissement.

Sans vouloir affirmer avec certitude que l’exercice a pour objectif d’embellir cette franchise pour une question d’une vente éventuelle, disons qu’il y aura fort à faire pour le propriétaire Eugene Melnyk, maintenant président, de regagner la confiance d’un marché qui semble de plus en plus avoir perdu ses illusions.

Un marché toujours sensible face aux propos tenus de la part du propriétaire sur la place publique lors de la dernière Classique hivernale à Ottawa.

Reste maintenant à savoir si ce marché, aussi sensible soit-il, aura la patience d’attendre quelques années supplémentaires pour retrouver un certain niveau de respectabilité.