La deuxième ronde des séries éliminatoires bat son plein dans la KHL. Les résultats du premier tour n’ont pas donné lieu à beaucoup de surprises, mais cela n’empêche pas certains clubs éliminés de broyer du noir. Ce n’est toutefois pas le cas du Dinamo de Minsk. Au Bélarus, on célèbre une saison de succès malgré l’élimination rapide du club contre le Lokomotiv de Iaroslav.

À Minsk, le club a fièrement publié un article intitulé « une saison de record. » L’entraîneur-chef, Craig Woodcroft, sera d’ailleurs de retour la saison prochaine. Le Torontois a surpris le public par son professionnalisme et son talent. Il n’a toutefois le monopole du succès de l’équipe. Un défenseur québécois s’est démarqué au sein de la formation. On parle du natif de L’Île-Bizard, Marc-André Gragnani.

« En début de saison, on s’est donné le mandat de participer aux séries éliminatoires. Le club ne s’était pas qualifié l’an dernier et il était inacceptable de ne pas y être cette année. Nous avons commencé la saison un peu tard à cause des qualifications olympiques. Nous étions donc derniers au classement, mais c’est parce que nous n’avions pas joué. Du moment où nous avons rejoint la compétition, nous n’avons jamais été en danger d’exclusion. On peut donc être satisfait de notre saison 2016-2017. »

Marc-André n’en est pas à son premier séjour dans la KHL. Lors de la saison 2013-2014, il a joué pour le défunt Lev de Prague. Le club a disparu durant l’été 2014 et Gagnani a dû se trouver une nouvelle niche. Il n’a pas cherché très longtemps.

« Le Lev s’est dissous tard durant l’été et mes statistiques n’avaient pas été très bonnes. Me trouver une nouvelle place dans la KHL était très difficile. J’ai donc accepté l’offre du Hc Bern, en Suisse. Le club était dirigé par Guy Boucher. J’avais déjà joué pour lui dans le Midget AAA. C’était avec les Lions de l’Ouest de l’Île. En Suisse, j’ai terminé premier compteur des défenseurs. Ça m’a donc donné le goût de réessayer en Amérique du Nord. »

Marc-André a donc signé un contre avec les Devils du New Jersey. Le Québécois n’a toutefois pas réussi à se tailler une place avec la première équipe. Son retour dans la LNH s’est limité à quatre joutes. Le natif de l’Ïle-Bizard s’est donc de nouveau retourné vers la KHL.

« Je connaissais déjà un peu Minsk. Durant ma saison avec le Lev de Prague, nous étions passés ici et j’avais beaucoup aimé ce que j’ai vu. La ville est très belle et l’aréna est de première qualité. Je savais que nous aurions une équipe d’entraîneurs nord-américaine. L’aréna est toujours plein. On a rarement moins de 13 000 personnes à nos matchs. Le Dinamo n’a donc pas eu de difficulté à me convaincre. »

Le passage au Dinamo a été bénéfique pour Marc-André. En 56 joutes, le Québécois a compté 4 buts et il a récolté 34 aides pour produire 38 points. C’est un net progrès par rapport à son premier séjour dans la KHL où il n’a récolté que 9 points. Grâce à ses performances, Gragnani a gagné le respect des analystes russes. Il n’a toutefois pas encore reçu d’offres pour l’an prochain.

« Je ne sais pas où je jouerai l’an prochain. Je veux continuer dans la KHL, mais nous n’avons pas encore commencé à négocier. Je ne connais pas les plans du Dinamo et je ne peux pas, pour l’instant, négocier avec les autres clubs. Cela dit, à Minsk, tout a été parfait cette année. J’ai eu beaucoup de temps de glace et le club s’est très bien occupé de moi. Je ne regrette aucunement d’être venu jouer ici. »

Aaron Palushaj aux anges au Bélarus

Minsk a eu son lot de Québécois durant ses neuf premières saisons dans la KHL. Il a aussi accueilli plusieurs anciens du Club de hockey Canadien. Cette année, on trouve l’inimitable Sergei Kostitsyn au sein de la formation. Il n’est pas le seul ancien du tricolore avec le Dinamo. Aaron Palushaj a rejoint le club biélorusse durant la campagne.

« J’ai essayé de revenir dans la LNH en participant au camp d’entraînement des Blue Jackets de Columbus. Ça n’a malheureusement pas fonctionné. J’ai donc joué pour les Monsters de Cleveland juste qu’à la date limite des transactions de la KHL. Le Dinamo de Minsk m’a fait cette offre et j’ai jugé que c’était la meilleure option pour poursuivre ma carrière. »

Au même titre que Marc-André Gragnani, Aaron Palushaj n’en est pas à son premier séjour dans la KHL. Lors de la saison 2014-15, l’Américain a joué 53 matchs dans le circuit eurasien. Il a commencé la saison avec le Medvescak de Zagreb avant de transférer à Ekaterinbourg après 25 joutes. L’ancien du Canadien n’a donc pas plongé en terrain inconnu lors de son passage au Dinamo de Minsk.

« D’avoir déjà été dans la KHL m’a permis de faire un bon choix. Je savais quel genre de club je voulais joindre. Lorsque je recevais une offre, j’étais en mesure de savoir si la ville était complètement isolée ou s’il y aurait de bons restaurants. Cela dit, je n’étais jamais allé à Minsk. Je me suis donc informé auprès d’autres joueurs et ils m’ont parlé en bien de la ville. »

Aaron a donc pris un risque calculé en acceptant l’offre du Dinamo de Minsk. Il semble avoir fait le bon choix, car il n’a que de bons mots pour le club et sa ville.

« J’adore Minsk. Il est d’excellents établissements et les gens sont très gentils. Le club joue dans un aréna neuf et nous avons des foules dignes de la LNH. Le club est très bien organisé. En fait, le Dinamo de Minsk est à la KHL ce que le Canadien de Montréal est à la LNH. Toutes les histoires tristes dont entend parler à propos de la KHL en Amérique du Nord, ici, ça n’arrivent jamais. »

L’ancien du Canadien met le Dinamo sur un piédestal, mais ne cherche toutefois pas à rabaisser les autres formations dont il a défendu les couleurs par le passé.

« Le Medvescak est bien organisé. Les dirigeants du club se sont bien occupés de moi. J’ai bien aimé défendre leurs couleurs. C’est un parfait endroit pour commencer dans la KHL, car l’équipe est formée presque uniquement de Nord-Américains. Le club doit toutefois vivre avec un très petit budget. C’est la raison pour laquelle les salaires accusent parfois des retards. Ekaterinbourg est aussi un bel endroit où jouer. La ville est grande et sécuritaire. Les gens y sont aussi très gentils. La difficulté, pour un Nord-Américain, à Ekaterinbourg, c’est le fuseau horaire. Il y a 10 heures de différence avec le Michigan. C’était dur avec la famille. »

À Minsk, Palushaj a profité de la beauté de la ville et du professionnalisme du club, mais il est aussi arrivé au bon moment du point de vue sportif. Avec une quarantaine de matchs déjà jouée dans la saison du Dinamo, l’ailier droit du Michigan n’a pas eu peur de manquer les séries éliminatoires. Aaron tient toutefois à préciser qu’il n’a jamais tenu la chose pour acquise.

« Lorsque je suis arrivé, nous avions encore plusieurs matchs à jouer avant d’être mathématiquement qualifiés pour la première ronde des séries. Il nous restait encore plusieurs joutes contre de gros clubs. Nous avons finalement réussi à nous qualifier et j’en suis très heureux. Nous avons bien joué et nous avons récolté les fruits de notre travail. »

L’Américain est d’ailleurs enthousiaste à l’idée de demeurer au Bélarusse.

« J’espère pouvoir jouer encore quelques saisons dans la KHL. Demeurer une saison de plus à Minsk me plairait beaucoup. Ce n’est pas impossible que je revienne en Amérique du Nord, mais je ne souhaite pas retourner dans la Ligue américaine. Ce serait pour jouer dans la LNH. Avec la nouvelle équipe, j’aurai peut-être une chance. On ne sait jamais. Cela étant dit, poursuivre ma carrière dans la Ligue continentale demeure une option très intéressante pour moi. »

Parlant de chance reçue dans la LNH, Aaron Palushaj pense qu’il aurait préféré recevoir un peu plus de temps de glace lors de son passage à Montréal.

« Lorsque j’étais plus jeune, j’étais un partisan des Redwings de Détroit. Cela ne m’empêche pas d’avoir réalisé un rêve d’enfance lorsque j’ai enfilé le chandail du Canadien. À Montréal, tout était génial. L’organisation, les partisans, le club et sa ville m’ont épaté. J’aurais toutefois voulu jouer un peu plus. J’aurais peut-être dû faire valoir mon point auprès de l’entraîneur à l’époque, mais j’étais jeune et gêné. Je pense que j’aurais pu faire ma place si j’avais eu un peu plus de temps de glace. Je me souviens d’une fois où j’ai marqué un but après avoir eu moins d’une minute de jeu dans le match. Même Crosby ne peut pas faire cela! Haha! »