PARIS (AFP) - Le plus beau palmarès du ski alpin hexagonal, la conscience écorchée vive de sa gloire passée, le poil-à-gratter de son présent: Marielle Goitschel est tout à la fois, qui devient un fleuve en crue dès qu'un micro s'ouvre, comme autrefois au portillon de départ.

"Je suis celle qui a gagné le plus de médailles, la seule Française à avoir gagné à deux éditions différentes des Jeux", rappelle-t-elle comme une évidence.

En fidèle du général de Gaulle, elle n'admet pas le déclin de son pays. Non plus que celui de son ski, dont elle a contribué à écrire quelques-unes des pages les plus glorieuses.

Bardée de ses médailles olympiques et mondiales, la cadette des soeurs Goitschel tonne contre "la médiocrité actuelle", qui englobe aussi Dominique de Villepin, le Premier ministre! Tout schuss dans la descente qu'elle voudrait faire pratiquer à la slalomeuse Laure Pequegnot, et le super-G au géantiste Frédéric Covili.

"Des grands pays du ski, la France est le seul qui fasse de la spécialisation. La conséquence, c'est que les athlètes sont stressés. S'ils ratent leur épreuve, ils n'ont plus rien à quoi se raccrocher. Qu'est-ce que je dirais à Laure? Que moi aussi j'avais peur en descente", remarque Marielle.

Des nuls

Les dirigeants, le directeur technique national, les chefs d'équipes? "Tous des nuls. Ils auraient dû démissionner après les Mondiaux", assène l'ancienne championne. Et de poursuivre: "l'état du ski français? Il est ce qu'en ont fait nos dirigeants. La France est le seul pays qui ne se remet pas en cause".

Rien n'est conventionnel chez Marielle, ce qui l'autorise à s'auto-qualifier de "révolutionnaire". Et l'histoire, grande ou petite, est à portée de main. C'est ainsi que son argent de la descente de Portillo 66 fut transformé en or près de 30 ans plus tard quand l'Autrichienne Erika Schinegger, qui n'avait pas satisfait aux tests de féminité aux Jeux de Grenoble, puis avait changé de sexe, lui rendit la médaille usurpée.

Marielle se partage désormais entre ses deux fils et trois petits-fils, qui habitent Saint-Jean-de-Luz et Val-d'Isère, et la Corse "où existent le sens des valeurs et la générosité". "Je retiens les bons côtés de la Corse", admet-elle.
Elle dit encore qu'elle est née "un 28 septembre, comme Georges Clémenenceau, Brigitte Bardot et Franz Beckenbauer", complétant ainsi le "carré magique".

"J'aime tous les sports et les valeurs qu'ils véhiculent. Celle qui me ressemble le plus, c'est (la Croate Janica) Kostelic. Je la place juste derrière moi dans la hiérarchie de tous les temps", précise la Française. "J'adore (l'Américain) Bode Miller, il consacre beaucoup de temps aux enfants. Il a du génie, il se fout pas mal des règles établies", conclut-elle.