Maxence Parrot a signé deux grandes victoires cette année : une contre le cancer (lymphome de Hodgkin), l’autre sur le tremplin d’Oslo. Mais à son retour à la maison, le corps a lâché. Les derniers mois le rattrapaient.

 

Parrot ne s’y attendait pas. Il croyait que le pire était passé, surtout que le plan se déroulait comme il l’avait imaginé... jusque-là.

 

« Dans ma tête, après les derniers traitements à la mi-juin, je retournais à l’entraînement de façon intense; je gagnais les X-Games et après ça ma vie repartait comme avant », avoue Parrot, candidement. « Mais ce n’est vraiment pas ça qui s’est passé. En revenant de la Norvège, début septembre, j’avais planifié prendre un p’tit 2 semaines off. Finalement, ça s’est transformé en 5 semaines. Je dormais 12 heures par nuit, je n’étais pas capable de me lever de mon lit. Je n’avais aucune énergie. Je n’avais pas envie d’aller au gym. J’ai eu un gros down

 

Inquiet, il rencontre sa médecin. Elle le rassure.

 

« Elle m’a expliqué que normalement, un patient prend de 6 à 24 mois avant de retrouver son énergie », explique Parrot.

 

« Moi, je la rencontrais seulement 3 mois après mes derniers traitements et je me demandais comment ça je ne suis pas énergique », ajoute-t-il conscient que c’était peut-être irréaliste.

 

C’était d’autant plus normal que le planchiste ne s’était accordé aucune pause depuis le début de son combat contre le cancer.

 

« J’ai combattu le cancer de janvier à juin, ensuite j’ai commencé l’entraînement, 6 jours par semaine, de juin à août. Je n’ai pas eu de pause. Je n’ai pas eu une seconde de repos. Mon corps me disait : Max, c’est le temps de dormir ,» relate Parrot.

 

Et ces messages que son corps lui envoie, il les écoute davantage, ce qui n’était pas toujours le cas par le passé.

 

« Je pouvais être cinq ans sans prendre de vacances! Normalement, je m’entraînais intensément tout le mois de novembre jusqu’à la mi-décembre, pour la première compétition. Cette année, je vais prendre novembre un peu plus relaxe. Après un gros down, je veux écouter mon corps », mentionne Parrot, avant d’ajouter, « je ne sais pas comment mon corps va réagir avec tous les voyagements et les compétitions à venir. D’avoir un moment relaxe avant, va peut-être m’aider à passer à travers la saison », espère-t-il, conscient qu’il plonge dans l’inconnu.

 

Parrot aura une première compétition à la mi-décembre, le Air + Style, à Pékin. La vraie saison s’amorcera ensuite après les Fêtes, et les compétitions s’enchaîneront.

 

« À partir de janvier, on a des compétitions jusqu’à la mi-mars. Et ce sont toutes des compétitions importantes », précise Parrot. « Je n’ai pas de place pour me reposer. C’est ça le challenge cet hiver : être capable de gérer mon énergie, semaine après semaine. »

 

Sa lutte contre le cancer l’a transformé comme homme et comme athlète. Mais elle n’a aucunement affecté sa passion pour le snow.

 

« Je suis plus gourmand qu’avant. Le fait de ne pas avoir fait de planche pendant aussi longtemps, je me suis rendu compte à quel point je suis passionné. Maintenant, j’en mange. Amenez-moi de la neige! », déclare Parrot, tout sourire.

 

Aucun regret

 

Si tout était à refaire, malgré la pause obligatoire de 5 semaines, Parrot referait exactement la même chose. L’idée de faire les X-Games à Oslo, et de vouloir les gagner, semblait pourtant irréaliste.

 

Un objectif qui est apparu soudainement en avril.

 

« Quand ils ont annoncé que ce serait en août, je me suis dit : mes traitements se terminent mi-juin, je peux y aller », raconte Parrot, pour qui c’est devenu une motivation. « Je pourrais m’arranger pour ne pas la manquer celle-là. Quand j’ai su que je manquais ma saison au complet, c’était vraiment dur pour moi d’avaler ça. Mais de savoir cette compétition accessible, ça m’a vraiment donné un boost d’énergie. J’étais rendu vers les trois quarts des traitements, je n’étais plus capable. J’avais touché le fond. Je voulais lâcher, je voulais arrêter. Le fait de pouvoir me rendre aux X-Games, ça été une motivation pour moi. »

 

Et de gagner l’or, lui donnait raison.

 

Dire que certains ont douté de lui, en mai dernier, lorsqu’il a fait part de ses plans d’être des X-Games à Oslo et d’y aller pas seulement pour participer mais pour les gagner. Ça semblait irréaliste.