MONTRÉAL - La démarche de leurs collègues athlètes la veille a fait boule de neige: d'autres femmes qui avaient porté plainte contre leur ex-entraîneur de ski Bertrand Charest ont fait lever l'ordonnance de non-publication afin de pouvoir témoigner à visage découvert, elles aussi.

Il s'agit d'Émilie Cousineau, de Katie Bertram, d'Allison Forsyth et de Gillian McFetridge, qui ont eu Charest comme entraîneur dans les années 1990.

Dans leur demande, elles expliquent croire que c'est en partageant "leur triste expérience avec le public qu'elles seront en mesure de faire progresser la cause de la prévention" du harcèlement et des agressions sexuelles dans le milieu des sports. Et cela, afin d'éviter à d'autres de subir ce qu'il leur est arrivé, est-il écrit dans leur requête.

Pour les ex-athlètes, de pouvoir parler en public est aussi une démarche positive dans leur processus de guérison, a-t-il été plaidé.

La juge Hélène Di Salvo de la Cour supérieure a levé mardi matin l'ordonnance de non-publication qui avait interdit aux médias de dévoiler l'identité des quatre femmes. Cette ordonnance avait été prononcée dans le cadre des procédures criminelles intentées contre Bertrand Charest. Elle demeure en vigueur pour les autres victimes.

Bertrand Charest a été reconnu coupable pour les agressions sexuelles commises sur Mme Cousineau, qui rappelle dans sa déclaration assermentée qu'elle n'avait que 16 ans lorsque les premières ont eu lieu. Il n'a pas été condamné pour les trois autres ex-skieuses, pour diverses raisons, dont le fait que certains actes reprochés ont été commis à l'extérieur du pays, hors de la juridiction du tribunal qui l'a jugé.

Dans leurs déclarations assermentées soumises à la Cour avec la requête, Katie Bertram et Gillian McFetridge ont chacune écrit que les actions de Bertrand Charest «ont eu un effet destructeur sur ma santé physique et psychologique». Gillian McFetridge ajoute que le mouvement de dénonciation d'agressions #MoiAussi lui a aussi fait comprendre que «chaque voix compte».

Allison Forsyth, qui est souvent montée sur le podium notamment en coupe du monde, allègue dans sa déclaration que Charest l'a agressée sexuellement entre 1997 et 1998 et qu'elle s'est débattue au cours des années suivantes avec des problèmes d'anxiété et de dépression.

Lundi, quatre autres victimes de Charest _ Geneviève Simard, Amélie-Frédérique Gagnon, Gail Kelly et Anna Prchal _ ont choisi de briser le silence en tenant une conférence de presse pour dénoncer les abus commis dans le monde du sport et réclamer un plan de protection pour les athlètes. Elles avaient elles aussi dû faire lever l'ordonnance protégeant leur nom et leur identité avant de pouvoir parler publiquement.

L'ex-entraîneur, maintenant âgé de 53 ans, a été reconnu coupable en juin 2017 de 37 chefs d'accusation sur 57 et condamné à 12 ans de pénitencier pour des agressions commises sur neuf femmes. À l'origine, il avait été accusé pour des infractions criminelles commises sur 12 jeunes athlètes. L'homme a porté en appel son verdict de culpabilité et sa peine.