MONTRÉAL - Dès la semaine prochaine, les soeurs Chloé et Justine Dufour-Lapointe prendront la route de la Suède afin de se préparer pour la prochaine saison de la Coupe du monde de ski acrobatique. Les bosseuses québécoises ne visent pas nécessairement le globe de cristal en 2021, mais plutôt une qualification pour les Jeux olympiques de Pékin.

Les deux soeurs ne sont pas encore qualifiées pour les prochains JO. En fait, la seule Dufour-Lapointe assurée d'y participer pour l'instant est Maxime, à titre de marraine d'athlètes du Comité olympique canadien.

« Pour moi, c'est la première fois où je ne suis pas qualifiée un an d'avance, indique Justine lors du lancement de Tissées serrées, leur collection de vêtements hivernaux pour dames. On a vécu une saison vraiment difficile (seulement trois Coupes du monde ont été disputées - NDLR), pas d'entraînement, toujours parties à la dernière minute; ç'a été vraiment difficile mentalement. Cette fois, j'ai pu m'entraîner, il va y avoir une saison, les JO vont avoir lieu: je me sens plus sereine, plus outillée pour affronter cette saison. »

Le processus pour obtenir sa qualification en ski acrobatique n'est pas simple: des quotas sont accordés aux pays selon les disciplines (bosses, sauts, slopestyle, ski cross, demi-lune) et les pays doivent respecter un nombre d'athlètes par discipline et par sexe.

« Disons que le plus simple, c'est de faire un podium », résume Justine, championne olympique à Sotchi et médaillée d'argent à Pyeongchang.

« Un top-10 te donne de bonnes chances, mais un podium, ça simplifie les choses », ajoute Chloé, vice-championne olympique à Sotchi et qui vise une quatrième participation aux JO.

Chloé, qui est âgée de 29 ans, aborde d'ailleurs ce processus de qualification de façon plus sereine.

« D'avoir une plus grande légèreté d'esprit dans tout ce processus, ça m'aide. Ça aide mon ski, ça m'aide à déployer mes ailes et d'avoir moins de pression. Je me sens aussi plus prête que l'an dernier. On a fait le choix de ne pas avoir de temps mort après la saison, de profiter au maximum de la neige que nous avions au Canada. J'arrive au bout de ma saison d'été et je me sens prête à courser. Ce n'était pas le cas l'année passée. »

« Le fait d'avoir eu un bon camp d'entraînement sur neige fait que je me sens confiante, ajoute Justine. Il n'en reste plus énormément: ça arrive tellement vite les prochains Jeux que j'ai envie d'avoir du plaisir pendant le processus. J'ai envie de profiter de chaque Coupe du monde pour m'améliorer jusqu'aux Jeux. »

« On suit le plan; on est à la bonne place au bon moment présentement, poursuit Chloé. Je sens qu'on bâtit quelque chose, qu'on n'est pas en train de courir après notre plan comme l'an dernier, même si c'était hors de notre contrôle. (...) Comme ce seront mes derniers Jeux, je veux en profiter. Je veux faire partie du film, pas le regarder. Et je veux apprécier chaque moment. Chaque jour, je veux être contente de ma journée, de ce que j'aurai fait. »

Ainsi, quand elles prendront le départ à la Coupe du monde à Ruka, en Finlande, au début de décembre, il pourrait bien s'agir du premier jalon de leur dernier tour de piste pour chacune d'elles. Chloé et Justine, 27 ans, ne confirment toutefois rien à ce moment-ci, ne désirant pas se fermer de porte.

Une chose est certaine: elles semblent avoir une après-carrière bien planifiée. La collection lancée jeudi est leur deuxième, bien que la première eut été fortement touchée par les limites imposées par la pandémie de COVID-19.

Pour les trois soeurs, il était important de proposer des vêtements à leur image, qui donnent envie de bouger dans le froid.

« Ce n'est pas un secret pour personne qu'on a toujours adoré la mode, souligne Justine. Même en 2014, mon rêve c'était de lancer une collection de vêtements. Tissées serrées, ce n'était pas seulement pour dessiner des vêtements, mais laisser quelque chose de plus grand que nos exploits sportifs.

« Ces vêtements, nous les avons créés pour que les jeunes filles et les femmes se sentent bien, se sentent belles, se sentent fortes et que ça les incite à aller jouer dehors. Surtout, leur donner confiance en elles », conclut-elle.