Si Jean-Philippe Le Guellec est désormais un jeune retraité sportif, le Québec sera tout de même bien présent à la première étape de la Coupe du monde de biathlon qui aura lieu à Östersund, en Suède, à compter de dimanche. En effet, Audrey Vaillancourt, de Lévis, et Marc-André Bédard, de Québec, ont tous les deux obtenu leur billet pour les premières épreuves de la saison à la suite des sélections nationales disputées à Canmore (Alberta), à la mi-novembre.

Audrey Vaillancourt poursuit son apprentissage

« Je suis super contente et j’étais en très bonne forme aux sélections! C’est toujours difficile d’avoir des attentes en début de saison. Mes entraînements d’été et d’automne se sont très bien déroulés, alors j’étais confiante », a commenté Vaillancourt, qui a peaufiné son entraînement sur la neige albertaine pendant trois semaines avant la présentation des courses de sélection.

Selon elle, une des raisons de sa qualification est d’avoir mis l’accent sur sa vitesse en ski. « J’ai tendance à être un petit train, explique-t-elle en riant. J’ai beaucoup d’endurance, mais moins de vitesse pure. J’ai aussi travaillé mes entrées et sorties du champ de tir, car si je ne fais rien de spécial, je vais stagner. Il faut trouver les endroits où l’on peut gagner des secondes. Rendue à ce niveau, chaque seconde compte. »

L’athlète âgé de 23 ans croit que ses meilleures chances d’atteindre son objectif de se classer dans le top-30 seront aux épreuves de 15 kilomètres, où il y a moins de marge d’erreur au tir en raison d’une pénalité de 1 minute par cible ratée.

Même sur la route, Audrey Vaillancourt poursuivra ses études en traduction à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

« Je continue le calendrier régulier, sauf qu’en poursuivant mes cours en ligne, je peux les faire n’importe où. Honnêtement, je ne pourrais pas m’en passer! L’école me garde les deux pieds sur terre et ça me permet de penser à autre chose qu’au sport », de conclure celle qui a confiance de demeurer dans le circuit de Coupe du monde pendant toute la saison.

Marc-André Bédard : tout ou rien

L’été dernier, Marc-André Bédard a complètement changé son approche face à l’entraînement. Au lieu d’axer sa préparation de façon spécifique au biathlon, lui et sa conjointe Claude Godbout, également biathlonienne, ont parcouru l’est de l’Amérique du Nord pour disputer des épreuves de courses à obstacles (Spartan Races) et de cross-triathlon. Godbout a d’ailleurs été sacrée championne du monde de Spartan Race, au Vermont, au mois de septembre.

Après avoir raté sa sélection pour les Jeux olympiques de Sotchi, Bédard estime que ce changement était nécessaire, mais aussi risqué, car son revenu serait désormais constitué des bourses remportées aux épreuves sportives estivales plutôt que du financement de Biathlon Canada.

« Claude et moi avons décidé de poursuivre l’entraînement à plein temps. L’été était difficile avec plusieurs compétitions de plus de trois heures. Par contre, cela nous a fait du bien mentalement et une fois aux sélections, j’avais hâte de renouer avec le biathlon. Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu de tels feelings. J’avais le sourire aux lèvres. »

Avant son départ pour l’Alberta, l’athlète a mis la touche finale à sa préparation à la forêt Montmorency, au nord de Québec. D’ailleurs, Bédard a failli ne pas se présenter aux sélections. « À la dernière minute, on m’a dit que pour me qualifier, je devais être le meilleur des athlètes non pré-sélectionnés. Je me suis dit que ça pourrait être intéressant, sans pour autant me faire d’illusions. »

« À la suite de mes résultats, ils n’avaient donc pas vraiment le choix de me prendre. Cela a fonctionné mieux que je ne l’aurais cru, mais ça n’a pas fait plaisir à tout le monde, reconnaît-il. Même en ayant peu tiré cet été, l’accumulation des années d’entraînement est ancrée et je n’ai jamais aussi bien tiré. »

Pour l’athlète, c’était les Coupes du monde ou rien du tout. Terminé le temps où une présence en Coupe IBU (NDLR : le circuit préparatoire aux Coupes du monde) serait pour lui un tremplin vers le plus haut niveau.

« Quand tu es plus jeune, c’est une belle expérience, mais après un ou deux cycles olympiques, ce ne l’est plus et ça coûte cher. Avant, l’optique était de travailler en vue des prochains Jeux. Là, c’est plus deux ou trois mois à la fois », analyse celui qui a pris part aux Jeux de Vancouver.

« Cette fois-ci, je commence la saison en Coupe du monde et je vais en profiter plus que jamais. Je peux pousser encore un peu plus en ski et j’aimerais finir dans les points. Mon meilleur résultat en carrière est une 20e place. Je veux aller chercher de beaux souvenirs et les résultats suivront. »