MONTRÉAL –  La coupe MLS ne s’est jamais gagnée en mars. Les saisons en première division nord-américaine sont réputées pour être de longs marathons desquels une équipe est rarement complètement larguée avant le sprint final.

Mais le CF Montréal n’a pas non plus à chercher très loin pour trouver un club pour qui l’engrenage s’est enrayé très tôt dans le calendrier et qui n’a jamais été capable de s’en remettre.

La saison dernière, l’honneur de représenter les clubs canadiens de la MLS en Ligue des champions de la CONCACAF revenait à Toronto FC. Le parcours des Rouges s’est arrêté en quarts de finale contre Cruz Azul, le même adversaire auquel sont présentement confrontés les Montréalais, et parallèlement, leur campagne MLS est partie en vrille. Ils ont signé une victoire à leur quatrième match, en mai, et n’ont pas gagné de nouveau avant le mois de juillet. Il était clair, alors, qu’il était trop tard. Le TFC a terminé sa saison à l’avant-dernière place du classement de l’Association Est avec une maigre récolte de 28 points.

La question a donc été posée à Wilfried Nancy vendredi, à la veille d’un déplacement difficile dans le Bronx pour affronter New York City FC. Avec deux défaites au compteur en autant de sorties et un calendrier défavorable à l’horizon, l’entraîneur-chef du CFM sent-il déjà l’urgence de mettre des points en banque avant que les dommages ne soient irréversibles?

« En termes de résultats, ok, on peut dire qu’on n’a pas encore gagné de matchs en MLS. Mais quand j’analyse nos deux matchs, sur 180 minutes, on a eu sept minutes qui n’ont pas été bonnes. Et on a pris quatre buts », a tenté de relativiser Nancy.

« Le message que j’ai dit aux joueurs, c’est qu’on sait que pour faire les playoffs, il y a 13 matchs, à peu près, à gagner. Sur 34 matchs, on en a joué deux. Alors on reste calme! Il n’y a pas le feu au lac. Si on est obnubilés par les résultats, [on pourrait paniquer], mais non, on reste calme. On a joué sept minutes difficiles sur 180. »

« Je pense que le message de Wil est le bon, a renchéri le défenseur Kamal Miller. Il faut rester calmes, mais tout en saisissant bien l’ampleur de la tâche qui nous attend. On n’a pas amorcé la saison exactement comme on le souhaitait, mais on croit que dans chacun de nos deux premiers matchs, on a fait de bonnes choses. Alors il faut éviter de paniquer, mais comprendre la situation et réaliser qu’il faut commencer à prendre des points. »

L’objectif ne sera pas facile à atteindre en fin de semaine. Champion en titre de la Coupe MLS, New York City FC n’a subi qu’une défaite à ses 14 derniers matchs à domicile. Il n’a concédé que sept but dans cette impressionnante séquence qui remonte au moins de juin dernier.

Le petit terrain du Yankee Stadium n’est hospitalier pour aucun adversaire. Depuis sa deuxième saison dans la ligue en 2016, NYC FC n’y a jamais perdu plus de trois fois dans une saison. Le CF Montréal n’y a pas gagné depuis 2015, mais il y a soutiré trois matchs nuls à ses six dernières visites, un résultat qu’il accepterait volontiers ce samedi.

En plus de ses obligations en Ligue des champions – Cruz Azul sera au Stade olympique pour le match retour des quarts de finale mercredi – le CF Montréal devra voyager à Atlanta, Cincinnati et au New Jersey, des endroits où il s'est historiquement rarement imposé, avant de profiter d’un séjour prolongé à domicile.

Circonstances atténuantes

D’un point de vue strictement sportif, disions-nous, le CF Montréal partira avec une prise contre lui au Yankee Stadium. Mais au-delà des réalités du terrain, les circonstances contraignantes semblent s’accumuler pour la formation montréalaise.

Sur un ton résigné, Nancy n’a pu s’empêcher de noter que ses hommes avaient joué le dernier des quatre matchs des quarts de finale de la Ligue des champions prévus cette semaine, soit mercredi à 22 h (heure de l’est) au Mexique et qu’elle jouera la première partie du calendrier MLS, à 13 h, ce week-end. La malchance s’en est aussi mêlée : l’avion qui devait ramener aux États-Unis jeudi est parti avec trois heures de retard et n’a atterri dans la Grosse Pomme qu’à 22 h 30.

En comparaison, NYC FC a affronté le club guatémaltèque Comunicaciones mardi à Hartford au Connecticut et s’entraîne dans le confort de ses installations depuis.

« Ce n’est pas facile, regarde mes yeux! », s’est esclaffé Nancy, de belle humeur malgré tout, lorsque le problème lui a été soulevé.

« On n’a pas beaucoup dormi hier et là j’étais un peu en retard parce que j’étais en train de préparer la séance de tout à l’heure. Mais ça fait partie du métier. Les joueurs, on les a préparés pour ça en amont. On connaissait les horaires, on connaissait la tournure des événements, on savait que ça serait difficile. [...] Mais c’est le métier de footballeur, c’est pour ça que ce n’est pas facile. Quand des événements comme ça arrivent, les joueurs doivent passer par-dessus et on doit trouver des solutions pour les aider. »

« C’est toujours difficile, mais pas seulement pour nous, estime Miller. New York sort aussi d’un match de Ligue des champions, alors on n’a pas d’excuses. C’est le moment de l’année où tout le monde retrouve progressivement la forme alors bien sûr que ça sera difficile, mais on est bien préparés, l’équipe médicale a fait du bon travail. On n’aborde jamais un match avec l’impression que le défi est trop grand. »

Importuné par une légère blessure qui l’a relégué au rôle de substitut mercredi contre Cruz Azul, Miller s’est dit apte à retrouver son poste de de titulaire contre NYC FC. La décision de l’insérer ou non dans le XI partant reviendra à Nancy, qui n’a pas exclu la possibilité de pouvoir compter sur Mathieu Choinière, rayé de la formation à la dernière minute au Mexique en raison d’une blessure à un pied.

Romell Quioto, qui a raté les deux derniers matchs en raison de suspension, est admissible à un retour au jeu.