Vingt ans après sa première conquête, la France est de nouveau championne du monde. Dans un match ponctué de rebondissements, elle est allée chercher ce deuxième titre, devenant ainsi la sixième nation à être couronnée plus d’une fois.

À l’image de cette Coupe du monde surprenante, le match l’a été tout autant : but contre son camp, penalty accordé après révision vidéo, but réussi au terme d’une construction spectaculaire, il y a eu de tout dans ces quatre-vingt-dix minutes allongées uniquement des temps d’arrêt, sans qu’on ait à aller en prolongation cette fois-ci. Mais un total de six buts sur cette victoire de 4 à 2, c’est le plus grand total depuis la finale de 1966 remportée par l’Angleterre par le même score devant l’Allemagne de l’Ouest à l’époque.

La Croatie aura continué d’impressionner jusqu’au bout. Le premier quart d’heure du match aura donné le tournis aux Français tellement les Croates étaient partout et maintenaient un pressing agressif et menaçant. Le but contre son camp de Mario Mandzukic, sur un coup franc d'Antoine Griezmann malheureusement prolongé à la 19e minute de jeu, allait momentanément changer la donne. Momentanément parce que onze minutes plus tard, Ivan Perisic nivelait la marque sur un superbe but admirablement construit. On a alors senti le doute flotter sur les Bleus. Les Croates n’étaient-ils pas revenus de l’arrière à trois reprises en match éliminatoire pour l’emporter chaque fois?

Il a fallu une autre première dans cette finale du Monde, un penalty accordé après révision vidéo. M. Pitana, l’arbitre du match, a longuement révisé la séquence de la main de Perisic avant d’accorder le tir de pénalité transformé par Griezmann. La France entrait au vestiaire un peu plus à l’aise à la mi-temps, mais son retour sur le terrain n’aura pas été de tout repos. À nouveau cette pression croate, à nouveau ces moments de fragilité dans les rangs français. C’est le but de Paul Pogba qui a finalement permis aux Bleus de relâcher le souffle qu’ils retenaient depuis trop longtemps, un but qui a pris toute la défense à contre-pied, sur son propre retour alors que tout le monde cherchait le ballon. Et Kylian Mbappé est ensuite allé concrétiser son statut de meilleur jeune joueur de la Coupe du monde en marquant six minutes plus tard. À 4-1, même avec le plus gros cœur du monde, même avec une volonté de fer et un désir de vaincre immense, c’était trop pour la Croatie. On l’a senti dans le regard de ses joueurs, dans ces jambes qui soudainement subissaient la lourdeur des trois matchs précédents allés en prolongation. Le but de Mandzukic, à la 70e minute, sur une bourde d'Hugo Lloris, n’allait être qu’anecdotique. Pour une fois la logique était respectée et l’équipe favorite l’emportait.

La France a mérité sa coupe. Elle a passé sa phase de groupes sans (trop) trembler, a dominé l’Argentine dans un match complètement fou, a montré une belle maîtrise contre l’Uruguay et la Belgique dans une moitié de tableau pas facile, a su s’adapter tactiquement à des situations différentes, a présenté un groupe uni, basé sur une force collective.

« On n’a pas fait un énorme match, disait Didier Deschamps, le troisième entraîneur de l’histoire à remporter la Coupe à la fois comme joueur et entraîneur (après Mario Zagallo et Franz Beckenbaueur), mais on a montré de belles qualités mentales. Nous sommes partis de loin, ce ne fut pas toujours simple, il y a eu des moments difficiles. Mais c’est formidable pour ce groupe, ces gars-là sont sur le toit du monde pour quatre ans. »

La remise des trophées s’est effectuée sous une pluie torrentielle, alors que 90 % du tournoi a été joué par temps sec. Sans surprise, Mbappé a reçu le trophée du meilleur jeune joueur, Thibault Courtois (Belgique), celui du meilleur gardien, l’incomparable Modric, le meilleur joueur, et Harry Kane (Angleterre), le meilleur buteur. Mais le plus important, c’est celui qu’a soulevé Hugo Lloris, sous une pluie réelle et de confettis, une pluie qui lavait définitivement le souvenir douloureux de la finale perdue à l’Euro, mais dont la leçon aura servi à bâtir le succès de celle-ci. Bravo à la France, bravo aux Bleus.