VOLGOGRAD, Russie - La Russie semble prête à voir des hordes de spectateurs s'entasser dans ses stades pour la Coupe du monde de soccer. Mais qu'arrivera-t-il ensuite?

Plusieurs des 12 stades risquent de demeurer vides après que les équipes eurent quitté la Russie, à la conclusion du prestigieux tournoi.

C'est un problème pour la Russie, dont les coûts d'organisation de la Coupe du monde atteignent 10,8 milliards $ et pourraient encore grimper en raison des infrastructures laissées vacantes, et la FIFA, qui a la réputation de laisser les pays hôtes avec de nombreux stades inutilisés, appelés communément " éléphants blancs ".

Le Rotor de Volgograd élira par exemple domicile dans un stade de la Coupe du monde de 45 000 places, en dépit du fait qu'il affiche une foule moyenne par match de 3800 spectateurs. Pour sa part, le Baltika de Kaliningrad héritera d'un stade de 35 000 places, même si sa moyenne s'établit à 6100. Sotchi obtiendra un stade de 48 000 places, mais ne compte aucune équipe professionnelle.

Les amateurs estiment que si le Rotor veut connaître du succès, il faudra que le gouvernement investisse dans l'aventure afin d'entretenir le stade et de mettre sous contrat des joueurs étoiles.

« Le Rotor pourrait remplir son stade si l'équipe connaît du succès, a mentionné Nikolai Seleznyov, un partisan de longue date du club russe. Tout dépend des responsables ici à Volgograd, et de leur volonté d'aider. S'ils ne le font pas, alors ça ne fonctionnera pas. »

Le maire de Volgograd Andrei Kosolapov est à la recherche d'un commanditaire pour le Rotor. En Russie, cela signifie souvent une aide financière d'un gouvernement régional, ou encore d'un monopole d'État qui puisse assumer les pertes financières. Les milliardaires russes préfèrent habituellement investir dans des clubs prestigieux à l'étranger tels que Chelsea, Arsenal ou Monaco.

« J'espère qu'ils vont trouver des solutions avec les investisseurs à court terme », a dit Kosolapov la semaine dernière.

Les Russes ont hâte à la Coupe du monde, et dominent la planète au chapitre des ventes de billets. Mais peu d'entre eux vont voir des matchs de leur équipe locale.

Dans un pays de 144 millions d'habitants, la moyenne des foules en première division russe cette saison est de 13 971 spectateurs, soit la plus haute en deux décennies. Elle est cependant loin de la moyenne des autres premières divisions européennes. Les clubs de deuxième division russe attirent en moyenne seulement 2552 spectateurs par match.

Les organisateurs de la Coupe du monde espèrent que les nouveaux stades ultramodernes attireront les foules, aigries par les vieux stades qui tombent en ruine. Des matchs préparatoires ont attiré des foules gigantesques dans les nouveaux stades, bien que la plupart des spectateurs soient entrés gratuitement.

« Un nouveau stade a un effet d'attraction sur les gens », a déclaré le président et directeur général du comité organisateur de la Coupe du monde Alexei Sorokin à l'Associated Press le mois dernier, tout en reconnaissant que le gouvernement devra probablement devoir débourser pour entretenir les stades laissés vacants.

« Peut-être qu'au début ce sera le cas, et il n'y a rien de mal à ça, car le budget fédéral servira à stabiliser le coût des opérations des stades, a-t-il expliqué. Je crois qu'à long terme, la situation sera rentable. »

De nombreux stades de la Coupe du monde coûteront entre 3,2 et 6,4 millions $ annuellement à entretenir, ont estimé des dirigeants régionaux.