MILAN (AP) - Le vice-président du Milan AC, Adriano Galliani, croit que l'UEFA va ouvrir une enquête après les accusations de l'ancien joueur de l'Olympique de Marseille Jean-Jacques Eydelie, qui affirme que ses équipiers s'étaient dopés avant la finale de 1993 de la Ligue des champions contre l'équipe lombarde.

Selon Eydelie, qui a été condamné à un an de prison avec sursis pour son rôle d'intermédiaire dans l'affaire OM-Valenciennes, seul Rudi Voeller avait refusé de se doper avant le match remporté 1-0 par Marseille, le seul club français à avoir remporté la Ligue des champions.

"Avant la finale de Munich, on nous a demandé de nous aligner à la queue leu leu pour recevoir une piqûre dans le c...., a déclaré Eydelie à L'Equipe Magazine. Rudi Voller a refusé. Il a engueulé tout le monde dans sa langue natale."

Galliani a désormais bon espoir que l'UEFA ouvre une enquête.

"S'ils ne le font pas, nous demanderons officiellement une action parce que nous voulons la justice... et que le titre soit attribué au Milan AC si certains faits sont prouvés", a déclaré Galliani.

L'avocat de Milan, Leandro Cantamessa, a déclaré à l'agence de presse ApCom que "si les choses se sont passées comme Eydelie le dit... Marseille devrait être sanctionné et remplacé au palmarès".

"La première étape, c'est que l'UEFA entame une enquête", a ajouté Cantamessa.

"Le dopage, je l'ai vu dans tous les clubs où je suis passé, sauf à Bastia, a souligné Eydelie. Dans les années 1980-90, beaucoup de choses traînaient. On nous donnait des cachetons. C'était de la folie (...)."

Dans son entretien à l'hebdomadaire L'Equipe magazine, Eydelie brise le silence quelques semaines avant la sortie d'un livre, le 1er mars.

"Pour les dirigeants de l'OM, tricher était devenu une seconde nature (...), a affirmé Eydelie, 39 ans, au journal paru samedi. Pendant des années, quasiment tous les joueurs qui venaient à l'OM avaient participé à des arrangements de match.

"Nous étions tous sollicités à un moment ou à un autre pour passer un coup de fil à un ancien coéquipier ou à un copain pour 's'arranger', a-t-il détaillé. Il y avait presque toujours quelqu'un pour demander de lever le pied à un ou des joueurs adverses."

Concernant le match contre Valenciennes, Eydelie, qui a passé 17 jours en détention provisoire, a affirmé que plusieurs joueurs de l'OM, qui n'ont pas été inquiétés par la suite, ont également tenu un rôle dans le scandale. Il a ainsi déclaré s'être retrouvé avant le match à bord du Phocéa "dans un immense salon aux vitres fumées" en compagnie du président du club Bernard Tapie, du directeur général Jean-Pierre Bernès et de deux autres joueurs "internationaux".

Eydelie a mis en cause ses anciens équipiers.

"Tous les joueurs de l'OM savaient, la plupart ont même participé à des 'arrangements'. En la fermant, j'ai respecté leur carrière. Certains se sont constitués des très, très beaux palmarès. Ces titres, ils les ont mérités sur le terrain, mais en dehors..."

Il a aussi accusé son club d'avoir drogué ses adversaires et évoqué des matches de Ligue des champions contre le CSKA Moscou l'année du sacre marseillais.

"Nos dirigeants avaient récupéré les 'packs' d'eau des joueurs moscovites, a-t-il dénoncé. Devant nous, avec un large sourire, ils se sont servis d'une seringue avec une aiguille très fine pour injecter je ne sais quoi à travers le bouchon."

Père de cinq enfants, Eydelie, qui dit regretter de s'être laissé corrompre, a expliqué avoir agi pour assurer l'avenir de sa famille. L'OM lui aurait fait miroiter un contrat de 15 millions de francs sur cinq ans en l'échange de sa collaboration dans l'affaire VA-OM.

"Pendant douze ans, j'ai tenu ma langue, a-t-il conclu. Malgré les faits, les accusations, j'ai menti au juge et à la police. Je n'ai pas 'donné' Bernard Tapie ni qui que ce soit d'autre (...). Je dois me vider de toute cette affaire. Il faut que je me nettoie, que je me laisse une chance d'être enfin propre, car j'ai été sali."

Enfin, terrible confession pour un athlète de haut niveau, il a affirmé: "Sachant comment le club pratiquait, on ne savait jamais si on avait gagné sur notre valeur ou si, en face, certains s'étaient couchés. Pour un sportif, il n'y a rien de pire".