Sacré Kral! L'attaquant turc de Lille Burak Yilmaz a écrasé le derby du Nord de sa toute-puissance, avec un doublé, dont une frappe splendide, qui a rapproché le Losc du titre de champion (3-0), vendredi à Lens.

Depuis que l'entraîneur Christophe Galtier a assumé publiquement que les Dogues jouaient la première place, l'avant-centre de 35 ans ne se cache plus.

Il y a deux semaines, il a abattu Lyon avec deux buts et une passe décisive qui ont permis aux Lillois, menés 2-0, de s'imposer 3-2.

La fin de semaine suivante, il a ouvert le score contre Nice (2-0), une victoire cruciale qui a remis le Losc en tête du classement devant le Paris SG.

À Lens, le Kral (« roi » en turc) a continué sa marche triomphale, embarquant avec lui sa cour, en passe de remporter le premier titre du Losc depuis 2011.

Quelle prestance! La pression de jouer chez le rival n'a qu'effleuré le grand gabarit (1,88 m) du Turc, durci par les multiples derbys d'Istanbul qu'il a disputés sous les couleurs de Besiktas, Fenerbahçe ou Galatasaray.

Déjà, en conférence de presse d'avant-match, son phrasé court et direct a fait mouche, quand il a dénoncé le « manque de respect » du Lensois Gaël Kakuta, qui se délectait de pouvoir priver le Losc du titre.

Sur le terrain, il ne lui a fallu que trois minutes et sept secondes pour faire du stade Bollaert-Delelis son royaume: d'une frappe sèche, il a transformé le penalty consécutif à la faute de Seko Fofana sur Jonathan Bamba.

Mais le natif d'Antalya en voulait plus. Il s'est enervé après sa mésentente avec Luiz Araujo (24e), trop court pour récupérer sa passe en profondeur.

Il a provoqué ensuite le premier carton jaune de Clément Michelin (29e), auteur d'un tacle trop rigoureux. Six minutes plus tard, le latéral lensois reçevait un second avertissement synonyme d'exclusion.

Face à des Sang et Or réduits à dix, Yilmaz choisissait alors le meilleur moment, juste avant la mi-temps, pour frapper un deuxième coup avec son sceptre de souverain, et quel coup (40e)!

Boulet de canon

De plus de 30 mètres, sur son mauvais pied (le gauche), l'attaquant a envoyé un boulet de canon dans la lucarne de Jean-Louis Leca, l'un des plus beaux buts de la saison.

Comme le premier, il l'a célébré avec un bisou sur son annulaire, comme on embrasse la bague d'un monarque. Décidément!

Pas repu, il était bien placé pour en mettre un troisième, mais Jonathan David l'a oublié, alors que le Turc était seul (60e). Il est sorti à la 75e minute.

Sa 16e réalisation en Championnat attendra... peut-être Saint-Etienne dimanche prochain, pour l'avant-dernière journée de L1.

Comme le capitaine José Fonte, le leadership de l'expressif joueur déteint sur une équipe qui n'a qu'à gagner ses deux dernières rencontres pour être sacrée.

« Burak a du charisme, de la personnalité, l'a décrit son entraîneur Christophe Galtier. Il est dans les extrêmes mais c'est bon aussi. »

« J'ai mis au centre de ma vie le football, ma famille l'a accepté, je serai comme ça jusqu'à ma retraite », a expliqué l'attaquant dont l'âge, l'expérience et l'influence rappellent, à son échelle, Zlatan Ibrahimovic ou Cristiano Ronaldo.

« Le football ne s'arrête pas à 30 ans! », a-t-il lancé jeudi. Ca tombe bien, il a encore une année de contrat avec Lille, qu'il compte honorer.

Il y aura aussi l'Euro cet été, avec la sélection turque dont il porte le brassard de capitaine. Le Kral a faim de conquêtes.