Samedi dernier, je me suis rendu au tournoi de Granby pour un bain de soccer québécois. C’est une douche froide qui m’attendait.

 

« Si ça continue comme ça, je vais t’en ***lisser une ! »

 

L’équipe U9 de son garçon venait de gagner de manière convaincante, mais un père en avait long à dire aux entraîneurs sur le temps de jeu de son fils. J’étais à quelques mètres de la scène.

 

Le plus étonnant pour moi était l’absence de surprise chez les témoins. Peut-être étaient-ils figés par la violence du propos ou peut-être y étaient-ils habitués. Je ne saurais dire.

 

Cet incident m’a beaucoup fait réfléchir et j’ai choisi de partager mes pensées avec vous. Je ne souhaite pas faire le procès du papa en question puisque ce serait passer à côté du véritable enjeu. Je désire plutôt remettre nos jeunes athlètes au centre d’une réflexion que nous nous devons d’avoir en tant que parents.

 

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Si tu penses qu’un entraîneur a privé ton enfant de quelque chose de précieux (du temps de jeu dans le cas qui nous concerne), ne le prive pas à ton tour.

 

Ne le prive pas de se demander s’il a des choses à travailler avant d’occuper une place plus importante dans son équipe.

 

S’il n’a absolument rien à changer dans son jeu ou son comportement (ce qui est possible, mais plutôt rare), ne le prive pas de participer à une discussion importante dont il est le sujet principal. Il a peut-être un point de vue à considérer puisqu’il est le principal intéressé.

 

Ne le prive pas d’apprendre qu’il est possible d’exprimer son désaccord avec quelqu’un sans lui offrir un uppercut. Cela pourrait lui être utile dans 15 ans quand viendra le temps de négocier avec un employeur ou d’avoir une discussion avec sa blonde sur un sujet difficile.

 

Ne le prive pas de saisir l’importance du timing quand vient le temps d’aborder un sujet chaud. « On va décompresser et revenir parler à ton coach demain mon grand! » Sous le coup de l’émotion, il est possible (je dirais même probable) qu’un message ne passe pas bien. Quand les émotions montent, l’intelligence descend. Une leçon que j’ai personnellement apprise plutôt tardivement.

 

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Je sais que plusieurs croient que les parents devraient se taire et se contenter de jouer les chauffeurs pour transporter leurs enfants vers le terrain ou l’aréna. Je ne partage pas ce point de vue. Je crois qu’un parent a un rôle beaucoup plus important à jouer. Celui de repérer les cadeaux que le sport offre à son enfant et lui fournir les outils pour les déballer.

 

Les vrais cadeaux ne prennent pas la forme de médailles ou de trophées. Ils ne sont pas toujours agréables au premier regard, mais ils présentent des opportunités exceptionnelles d’apprendre et grandir. Ce sont ces expériences qu’un jeune athlète portera encore avec lui à l’âge adulte, alors que ses trophées sont dans une boîte poussiéreuse au sous-sol.

 

Aux abords du terrain à Granby, le papa a choisi de faire passer son enfant en deuxième. Ce n’était pourtant pas son intention. Il a choisi d’évacuer sa frustration et de menacer un entraîneur, plutôt que de se demander comment cette situation pouvait aider son enfant à gagner en expérience et maturité.

 

En offrant de foutre une volée à son entraîneur, il a court-circuité le développement d’un garçon qui aurait pu en apprendre plus sur le dépassement de soi, la communication ou la gestion des émotions.

 

Même s’il a eu plus de temps de jeu le lendemain, le petit n’en sort pas gagnant. Je souhaite de tout cœur que la situation soit différente la prochaine fois.

 

Si vous êtes interpellés par le sujet, je vous invite à commenter plus bas et partager cet article. Je vous invite aussi à garder en tête que l’objectif est de remettre le jeune au centre de notre réflexion et non de faire le procès d’un papa qui pensait sincèrement bien faire pour son enfant. Aussi absurde que cela puisse paraître à première vue.