WASHINGTON (AFP) - Freddy Adu n'a que 14 ans, mais le championnat américain de soccer (Major League Soccer, MLS) s'en remet à lui pour sauver une compétition qui avait connu un essor lorsque le "roi Pelé" s'en était mêlé mais qui, aujourd'hui, ne survit qu'en totale confidentialité.

Encore adolescent et déjà millionnaire grâce à son pied gauche magique, il a été découvert alors que, pieds nus, il inventait ses dribbles diaboliques dans la rue, au Ghana, son pays natal. Arrivé au Etats-Unis avec sa mère alors qu'il avait 7 ans, il a obtenu la citoyenneté américaine en février dernier.

Freddy fera ses débuts en Championnat, samedi, avec son nouveau club de D.C United, mais l'équipementier Nike l'a déjà pris sous contrat (1 million de dollars) et la MSL lui assure 500 000 dollars de revenus.

Sa seule présence est un événement médiatique. Le club a reçu plus de 250 demandes d'accréditation du monde entier pour le match de samedi, contre San José le tenant du titre, et la rencontre sera retransmise en direct par la chaîne de télévision ABC.

Adu a été l'invité de toutes les grandes émissions et a tourné un clip publicitaire avec Pelé, son idole. "Dieu t'a donné le talent. Il ne tient qu'à toi, et à toi seul, de l'utiliser", lui a dit le "roi".

Mais le gamin ne s'est pas (encore) laissé étourdir par les sirènes de la renommée. Probablement grâce à sa mère, qui a refusé les 750 000 dollars que proposait un club italien pour son fils alors âgé de 10 ans. A l'époque, elle devait pourtant cumuler deux emplois pour subvenir aux besoins de la famille.

Même pas peur

"C'était beaucoup d'argent et je ne comprenais pas bien pourquoi refuser. Mais c'était pour notre bien-être", se souvient Freddy. Aujourd'hui, il a fait construire pour sa mère une maison dans la banlieue chic de Washington.

Celle-ci a cette fois consenti à l'inscrire dans une école sport-études de football gérée par la Fédération américaine.

Il a vite gravi les échelons sportifs. Avec les moins de 17 ans puis, l'an dernier, au Mondial des moins de 20 ans.

Sa vitesse balle au pied, sa vision du jeu, ses feintes et coups de patte ont fait l'admiration. Et il ne trouve pas anormal d'aller désormais frotter son gabarit d'adolescent (1,73 m pour 62 kg) à ceux de pros adultes souvent jaloux de sa notoriété.

Même pas peur: "Si on est assez bon, on est assez âgé. Il faut se lancer. A l'entraînement déjà mes coéquipiers me balancent. On s'habitue. La meilleure solution c'est d'utiliser ma vitesse".

Le faible impact du soccer aux Etats-Unis ne l'inquiète pas, même si, bien sûr, il vise à terme les grands championnats européens.

"J'ai pensé, explique-t-il, que c'était le meilleur championnat pour se développer, avec ma famille à proximité et pour une équipe que j'admire depuis mon arrivée ici. Mais je n'ai que 14 ans. Bien sûr que j'aimerais jouer un jour en Angleterre ou en Espagne. Et être en Allemagne en 2006 (pour le Mondial) avec l'équipe nationale".

Il aura alors 17 ans. Comme un certain Pelé en 1958...