MONTRÉAL – Critiqué pour sa passivité pendant l’ouverture de la fenêtre des transferts estivale, l’Impact récolte déjà des dividendes intéressants des trois acquisitions de dernière minute qu’il a faites il y a un près d’un mois.  

Pour la première fois depuis leur arrivée simultanée à Montréal, Bacary Sagna, Micheal Azira et Quincy Amarikwa ont été placés sur le même XI partant dans la victoire de samedi contre les Red Bulls de New York.

Sagna, la prise vedette du mercato, a marqué un but inattendu, son premier en MLS, en plus de consolider son apport réconfortant du côté droit de la défense. Azira, qui était titularisé dans un deuxième match de suite, a confirmé qu’il représentait une amélioration comparativement à un Ken Krolicki qui était en perte de vitesse. Et Amarikwa, à son premier départ en pointe, a eu son mot à dire dans l’une des plus éclatantes performances offensives offertes par l’Impact cette saison.

Les membres de ce trio n’ont peut-être pas le profil prestigieux qui était attendu en bloc par des partisans de plus en plus impatients, mais pour Rémi Garde, leur ouverture d’esprit et leur soif de rédemption leur a permis d’exercer cet impact positif presque instantané sur le onze montréalais.  

« On prend toujours en principe des joueurs pour apporter un plus, mais il faut attendre. C’est la réalité du terrain qui parle, souvent, a commenté l’entraîneur-chef mardi. Là, il se trouve que les joueurs qu’on a pris sont des joueurs qu’on n’a pas eu à convaincre. Avec Bacary, je n’ai pas eu à insister. Il avait envie de venir ici, envie de découvrir. Il s’est tout de suite adapté, c’est un grand professionnel. Les deux autres étaient des joueurs qui étaient un peu en difficulté dans leur club. Ce sont des opportunités qu’ils avaient envie de saisir et je pense que c’est important d’avoir cette mentalité-là. »

Même s’il n’a pas marqué, Amarikwa s’est mérité les éloges de ses coéquipiers et de son entraîneur au terme de sa plus longue sortie (78 minutes) dans l’uniforme bleu-blanc-noir. Le gardien Evan Bush est allé jusqu’à dire que le jeu du petit attaquant était l’un des principaux facteurs qui ont permis à l’Impact de survivre à un début de match brouillon.

« Je crois que dans les cinq premières minutes, certains gars ne s’attendaient pas à ce qu’on se fasse balancer autant de longs ballons derrière la défense et à devoir batailler autant. Mais nous avons très bien répondu et Quincy est l’un des grands artisans de cette réponse. La charge de travail qu’il s’est imposée et sa combativité ont rassemblé l’équipe et ont fait comprendre à tout le monde l’effort qui serait nécessaire pour sortir gagnant ce soir-là », a louangé Bush, qui a aussi crédité Amarikwa pour les nombreuses occasions dont ont profité Ignacio Piatti et Alejandro Silva tout au long du match.

« Quand vous jouez contre New York, le style de pression qu’ils appliquent et leur tendance à faire jouer leurs latéraux très haut font en sorte que vos ailiers auront souvent le ballon, a expliqué le gardien. Ce dont vous avez besoin, c’est un attaquant qui s’impliquera dans le jeu. Quincy a fait tout un travail pour occuper leurs défenseurs centraux et dès qu’on pouvait battre la première vague de pression, Nacho et Silva se retrouvaient avec assez d’espace pour faire du dommage. »

Garde a de son côté réitéré qu’une performance comme celle livrée par Amarikwa était exactement ce à quoi il s’attendait de ses attaquants.

« C’est un peu ce qui est dans le jeu de Matteo [Mancosu] et aussi d’Anthony [Jackson-Hamel], bien que peut-être pas assez fréquemment, mais par rapport au profil global de l’équipe, je pense qu’aujourd’hui, l’attaquant dont on a besoin doit avoir ces qualités. Effectivement, Quincy est quelqu’un qui n’a pas mesuré ses efforts offensifs ou défensifs. J’ai revu le match hier, il a fait beaucoup d’efforts altruistes. Il a fini le match très frustré, comme tous les avant-centres qui finissent sans marquer, mais à aucun moment il ne l’a montré sur le terrain. Ça explique le résultat. Je vais le répéter encore, l’état d’esprit des individus au service de l’équipe, c’est l’ingrédient qui nous a fait passer au-dessus. Dans la semaine, je n’ai pas sorti mon livre de recettes magiques. »

Défenseurs buteurs : « une coïncidence » pour Garde

Le but de Sagna était le quatrième marqué par un défenseur de l’Impact lors des quatre derniers matchs de l’équipe.

Fonçant au premier poteau sur un coup franc tiré par Daniel Lovitz, Sagna s’est fait oublier derrière la défense après que le ballon eut survolé la masse bleue et rouge, en route vers la tête de Jukka Raitala. Il a facilement complété la stratégie une fois repéré par son coéquipier finlandais.

« On sait très bien, autant défensivement qu’offensivement, que les deuxièmes ballons sont très dangereux et j’ai senti que Jukka allait prendre le ballon de la tête. Il est athlétique, assez grand et c’est un joueur très intelligent parce qu’il n’a pas essayé de le jouer lui-même. Il l’a remis au point sensible et je me suis trouvé là », a humblement décrit le défenseur français.

Toutes compétitions confondues, il s’agissait seulement du septième but de la grande carrière de Sagna, qui a notamment passé dix années dans la Premier League anglaise.

« C’est à peu près moitié du pied, moitié de la tête, a-t-il recensé en souriant. C’est sûr que c’est un aspect sur lequel je dois progresser, sur lequel je sais qu’il faut que j’apporte un peu plus. Mais je suis défenseur avant tout et quand j’arrive à bloquer mon côté, à prendre l’ascendant sur mon ailier, c’est le principal dans ma tête. Quoiqu’il en soit, on a la qualité qu’il faut offensivement pour faire la différence et pour se créer des occasions, on l’a prouvé. »

Et ce n’est certainement pas Rémi Garde qui remettra en doute le sens des priorités de son latéral droit. Pour l’entraîneur-chef, la récente mise en valeur de ses défenseurs sur la feuille de pointage s’explique avant tout par une meilleure exécution de ses joueurs sans le ballon.

« Franchement, j’y vois plus une coïncidence hasardeuse que d’autre chose. Je pense que ce qu’on a mis à l’endroit, ce n’est pas forcément que les défenseurs attaquent plus, c’est que les attaquants défendent plus. C’est plutôt dans ce sens-là que je vois les choses. Parce que quand on n’est pas solides, ça veut dire qu’il faut qu’on marque beaucoup plus de buts que l’adversaire. Or, cette année, il se trouve que ce n’est pas notre point fort. Je pense que le point fort du groupe, c’est plutôt de bien défendre, de contrarier l’adversaire, et ensuite dans un deuxième temps, si on ne s’est pas mis en difficulté avant, de le mettre en difficulté. Bref, c’est plus dû aux qualités qui correspondent à mon groupe qu’à une nouvelle philosophie ou une stratégie de jeu. »