MONTRÉAL – Le pot autour duquel les dirigeants de l’Impact tournaient depuis le retour en ville de Didier Drogba a volé en éclats dans l’immensité du Stade olympique, jeudi midi.

Le directeur technique Adam Braz a confirmé que le début de saison de l’attaquant vedette sera décalé tandis que l’équipe disputera quatre de ses cinq premiers matchs sur des terrains munis d’une surface synthétique. Selon le scénario envisagé, Drogba pourrait être disponible pour la rencontre du 19 mars à Dallas, mais ne sera pas une option pour celles du 6 mars à Vancouver et du 2 avril à Seattle en plus des deux matchs prévus au Stade olympique contre les Red Bulls de New York et le Crew de Columbus.

Comme le rapportait RDS en exclusivité mercredi, Drogba et ses patrons sont présentement à la recherche d’un site d’entraînement alternatif où l’Ivoirien pourra poursuivre sa préparation sans que ses genoux soient exposés aux rigueurs du gazon artificiel. La ville de Miami, où évolue l’équipe de la NASL dirigée par l’ancien défenseur de l’Impact Alessandro Nesta, est l’une des possibilités qui ont été évoquées par le collègue Patrick Friolet, mais l’Impact refuse pour le moment d’entrer dans les détails quant aux options qui sont à l’étude.

« La question n’est pas de savoir où j’aimerais m’entraîner, mais plutôt où c’est plus profitable pour mes genoux, a spécifié Drogba. J’adorerais m’entraîner à Montréal. Pour moi, ça serait bien mieux de ne pas avoir à me déplacer. Mais j’ai simplement besoin d’une surface naturelle. »

En début de semaine, à ses premières foulées du camp d’entraînement en sol montréalais, Drogba avait pris part à un bref échauffement collectif avant de poursuivre la séance en solitaire pendant que ses coéquipiers s’affrontaient dans des matchs à 7 contre 7. Le numéro 11 avait quitté pour le vestiaire une bonne vingtaine de minutes avant tout le monde.

« On essayait de voir comment son genou allait réagir. L’autre jour, il en a fait juste un petit peu avec notre préparateur physique et son genou n’était vraiment pas bien. On voulait attendre et ça s’est mal passé encore une fois », a expliqué Braz, ajoutant que le risque était trop grand pour ignorer les signaux d’alarme.

Drogba a justifié sa décision en revenant sur les expériences qu’il a vécues sur surface synthétique à ses débuts en MLS, alors qu’il avait pris part à des matchs à l’étranger contre Orlando City SC et le Revolution de la Nouvelle-Angleterre.

« Il faut savoir que j’ai eu une intervention avant de venir ici, un nettoyage du ménisque, et comme vous le savez, je n’ai pas eu de préparation, j’ai dû attaquer directement avec les matchs, a rappelé le joueur désigné. Lorsque je me suis entraîné avant le match d’Orlando, au bout de vingt minutes mon genou a enflé. Alors très logiquement, je n’ai pas démarré le match. »

« Pour le match à New England, j’ai fait l’effort parce qu’il était décisif pour se qualifier pour les séries, chose qui n’était pas arrivée souvent à Montréal. C’était un cas exceptionnel, donc je l’ai fait. Mais aujourd’hui, je ne peux pas me permettre de prendre ce risque. J’estime qu’il y a plus de défis à relever plus loin dans la saison. Ça ne sert à rien de jouer ce match et de peut-être en louper une dizaine ou une quinzaine. C’est aussi simple que ça. »

« Je tiens donc à corriger : ce n’est pas que je n’ai pas envie de jouer. C’est que je ne peux pas jouer. »

Peut-être plus tard

Drogba avait joué 90 minutes dans cet avant-dernier match de la saison à Foxborough, au terme duquel l’Impact avait assuré sa place en éliminatoires grâce à un superbe but décisif d’Ignacio Piatti. Mais il en avait payé le prix jusqu’à l’élimination du club à Columbus un mois plus tard.

« Après le match de New England, on était content, on était euphorique, mais les séquelles étaient là et ça m’a pas mal gêné. Je ressentais plus la fatigue », a-t-il avoué.

Drogba, qui avait laissé entendre lors du bilan de la saison 2015 que la MLS avait encore des croûtes à manger avant de pouvoir être considérée comme l’une des meilleures ligues au monde, s’est fait le porte-parole de ses confrères en insistant sur les impacts réels de la pratique du sport sur les tapis usinés.

« Pour moi spécifiquement, mais aussi pour plusieurs joueurs, ce n’est pas facile de s’entraîner ici. L’impact du corps sur le sol est éreintant. Quand on a été opéré au genou dans le passé, ce n’est pas l’idéal. Pensez simplement à ce qui est arrivé à Cameron Porter, qui a été absent pour quoi, six ou huit mois? Je ne veux pas que ça m’arrive. Je ne dis pas que ça arriverait, mais c’est toujours mieux de prévenir. »

Selon Adam Braz, la MLS est au courant du dossier et approuve le traitement particulier que l’Impact entend accorder à Drogba. « On est en constante communication avec la Ligue pour leur expliquer ce qui se passe. Maintenant, il suffit de trouver la bonne solution. »

Braz n’a pas écarté la possibilité que Drogba soit utilisé sur surface synthétique en cours de route. « Pour le début, c’est sûr que non. On verra plus tard pour la fin de la saison. »

Drogba a affirmé que ses coéquipiers comprenaient sa décision et endossaient sa décision.

« Il n’y a aucun souci. Il y aura une petite discussion, mais rien de bien long. Ça ne sera pas comme avec vous aujourd’hui », a-t-il lancé aux nombreux journalistes venus entendre ce qu’il avait à dire.

 

Didier Drogba press conference - Spherical Image - RICOH THETA