MONTRÉAL – Le directeur sportif du CF Montréal, Olivier Renard, a rencontré les médias lundi pour faire le point sur la besogne qu’il a abattue au cours d’un entre-saison fort occupé. Voici quelques pépites d’information qui sont ressorties de cet entretien.

Des attaquants aux profils différents

L’une des décisions les plus payantes de l’entraîneur-chef Thierry Henry à sa première saison à la barre du onze montréalais aura été de convertir Rommel Quioto, un joueur de corridor durant ses trois années au Dynamo de Houston, en attaquant. À sa nouvelle position, le Hondurien a établi une nouvelle marque personnelle en inscrivant neuf buts en seulement 20 rencontres.

Henry mérite d’être applaudi pour ce coup de génie, mais il n’aurait probablement jamais changé les affections de Quioto s’il avait eu des attaquants productifs sous la main. En se départant de Maxi Urruti et Anthony Jackson-Hamel et en les remplaçant par Bjorn Johnen et Sunusi Ibrahim, Renard croit avoir fourni des options plus potables, et surtout diversifiées, à son entraîneur.

« Je crois que Bjorn Johnsen est un profil qui nous manquait pour pouvoir jouer dans un certain style de football par moment. Et Ibrahim est tout à fait différent, plus petit, beaucoup plus rapide, plus vivace, il peut jouer sur les côtés aussi. Tactiquement, ça sera bien évidemment au coach et à son staff de décider comment commencer ou terminer un match. On sait très bien que Romell se sentait très bien sur le côté gauche avant de venir à Montréal. Il a aussi montré à tout le monde qu’il se sent très bien en numéro 9. L’important pour moi dans les choix qui ont été effectués dans les derniers temps, c’est d’apporter un maximum de joueurs ou de diversité au staff pour pouvoir manipuler cet effectif qui sera à mes yeux plus complets et dans lequel il y aura plus de rotations entre les joueurs. »

Urruti c. Struna : plus qu’une question de salaire

Le départ d’Urruti pour Houston, l’un des premiers dominos qu’a fait tomber Renard dans le dernier mois, en a pris plusieurs par surprise. Pas parce que l’Argentin avait su se rendre indispensable depuis son arrivée à Montréal, mais plutôt parce que son rendement n’était pas proportionnel au salaire élevé qui lui était consenti. La croyance populaire voulait qu’il serait impossible pour le CF Montréal de se départir de ce boulet financier avant la date d’expiration du contrat.

Lorsqu’il a été annoncé que Renard avait trouvé preneur au Texas, différentes informations ont fait surface quant aux conditions salariales d’Aljaz « Kiki » Struna, le défenseur acquis par Montréal dans le troc. Sans vouloir entrer dans les détails, Renard a affirmé que l’échange lui avait permis de réaliser « une économie de salaire assez importante », mais aussi de rayer un item de sa liste de tâches à accomplir cet hiver.

« Ça n’a pas été si facile que ça. On a trouvé dans une solution plusieurs solutions, c’est-à-dire que comme je l’avais dit en fin de saison, on regardait pour apporter des certitudes défensivement, des joueurs qui ont un certain niveau d’expérience. Kiki Struna nous apporte ça aussi. On a trouvé une solution sportive à nos besoins, mais en plus c’est vrai qu’il y avait une économie de salaire assez importante, ce qui nous a permis de bouger sur d’autres joueurs après cet échange. »

De vieux dossiers revisités

Comment recruter de nouveaux joueurs en temps de pandémie, alors que les voyages sont interdits et que le déroulement de plusieurs championnats est affecté? Renard a admis que les restrictions inhérentes au contexte avant rendu son travail difficile.

Pour franchir cet obstacle, il a dépoussiéré de vieux dossiers. C’est de ces filières que sont ressorties les candidatures de Bjorn Johnsen et Joaquin Torres.

Renard a expliqué qu’il avait tenté de faire venir Torres à Anvers, le club belge pour lequel il travaillait avant d’être embauché par l’Impact. L’Argentin avait finalement été prêté à un club grec, mais Renard l’a gardé à l’œil. « Il arrivait dans une situation contractuelle un peu difficile pour lui et pour son club et je me suis immiscé dans cette situation. »

Renard voit en Torres un ailier frondeur et créateur, un type de joueur qu’il ne retrouvait pas dans la dernière mouture de son équipe.

« Dans l’effectif 2020, on avait beaucoup de joueurs costauds qui savent pousser le ballon et courir avec de la vitesse. Mais il nous manquait un peu ce profil de joueur. Je ne veux pas manquer de respect à la plupart des joueurs de notre effectif, mais vous le savez vous-même. Peut-être que Ballou est un peu dans ce style-là, un joueur qui peut provoquer, avoir des fautes sur lui, créer des choses dans de petits espaces. Joaquin Torres, c’est exactement son point fort. »

Quant au Norvégien Johnsen, Renard a jadis tenté de l’attirer au Standard de Liège. « Il jouait en Hollande dans le championnat voisin, donc ce n’était pas compliqué de le voir. C’est vrai qu’à sa dernière année en Corée, ça n’a pas été possible de le voir jouer live, mais le suivi a été fait. »

Joueurs en prêts : les minutes les plus sûres

Après Karifa Yao (Calgary) et Keesean Ferdinand (Ottawa), un troisième jeune joueur du CF Montréal partira en prêt vers un club de la Première Ligue Canadienne. Sans pouvoir identifier publiquement la ville qui l’accueillera, Renard a dévoilé que c’est le sort qui attend prochainement le milieu de terrain Tomas Giraldo.

Dans des circonstances normales, ces trois diplômés de l’Académie auraient été destinés à voir du terrain au sein de la nouvelle équipe U23 du club, mais l’incertitude entourant le championnat dans lequel doit évoluer cette équipe a incité Renard à emprunter une nouvelle stratégie.

« Ils ont, à mes yeux et aux yeux de Thierry, bien évolué [la saison dernière] et plutôt que de les garder chez nous pour s’entraîner, il faut passer absolument à la vitesse supérieure, c’est-à-dire jouer des matchs et prendre de l’expérience », croit le grand patron des opérations soccer du CFM.

Renard a rappelé qu’il possédait un droit de rappel sur les trois joueurs dans l’éventualité où leur nouvelle situation n’était pas optimale, mais il veut d’abord et avant tout voir ses recrues se « forger un caractère avec le monde professionnel. »

Il a aussi spécifié que ce sont les clubs de la CPL qui l’avaient contacté pour signifier leur intérêt envers les jeunes et non l’inverse. « C’est important de le dire : ce sont eux qui souhaitaient vraiment la venue de nos joueurs. »