MONTRÉAL - Non seulement l’Impact devra tenter de faire mentir les statistiques de la MLS qui favorisent nettement les équipes évoluant à domicile en séries, mais la formation montréalaise s’attaquera à l’une des puissances des derniers mois.

En effet, en excluant le match de clôture de la saison durant lequel les entraîneurs ont ménagé leur effectif régulier, D.C. United a subi un seul revers (6-1-6) durant une période de 13 parties.

Certes, on comprend mieux pourquoi Mauro Biello a décidé de tout miser sur des forces fraîches pour le match de barrage qui sera présenté, jeudi soir, à RDS2 dès 19 h.

La seule bonne nouvelle dans cette histoire, c’est que l’Impact a finalement vécu ses démons sur les terrains adverses en 2016 avec un dossier de 4-6-7. À titre d’exemple, la troupe de Mauro Biello a arraché des victoires à Orlando, Toronto, Chicago et Vancouver.

En jonglant avec tous les scénarios dans sa tête, Biello a donc déterminé que sa meilleure chance de l’emporter passait par le repos de la plupart de ses piliers, dimanche, contre le Revolution. L’entraîneur de l’Impact a joué de prudence, car il redoute un aspect en particulier de son opposant.

« C’est la confiance qu’ils ont. Dernièrement, c’est probablement l’équipe la plus en forme de la ligue. C’est toujours dangereux une équipe en pleine confiance. Il faudra être capable de gérer ça. Oui, on joue sur la route, mais si on peut bien gérer le fil du match, on peut grandir et prendre l’avance », a-t-il dévoilé, mardi.

Il faut remonter aux éliminatoires de 2012 pour recenser la plus récente victoire en match de barrage pour une équipe évoluant à l’étranger. Ceci dit, l’Impact a trouvé le moyen de sortir quelques lapins de son chapeau en 2016.

« On a gagné quelques fois cette année dans des endroits difficiles alors pourquoi ne pas faire tomber cette statistique ? », a proposé Patrice Bernier. 

« Je suis confiant parce qu’on a bien fait dans les matchs difficiles cette saison. Je sais que ça ne sera pas facile et que ça pourrait durer 120 minutes ou aboutir en penalty. Mais je mise sur beaucoup d’expérience dans mon équipe en plus d’un grand vouloir et d’un bon état d’esprit », a plaidé Biello qui a demandé à ses joueurs de pratiquer leurs armes en penalty, mardi.

Le pilote du onze montréalais a admis qu’il aurait probablement dosé un peu plus sa prudence s’il avait su que son match de barrage serait présenté jeudi et non mercredi comme c’était possible.

« Oui, c’est une autre journée de plus, j’aurais peut-être pu déléguer un ou deux autres joueurs réguliers dans la formation. Mais je ne pouvais pas prendre ce risque, c’était plus important pour moi d’avoir de la fraîcheur pour ce match décisif », a-t-il répondu.

En 2015, l’Impact s’était également retrouvé dans la situation corsée d’un match de barrage. Le Bleu-blanc-noir s’en était admirablement bien sorti avec un triomphe de 3-0 aux dépens du Toronto FC. Cependant, le duel avait eu lieu à Montréal.

« On a l’expérience d’être passé par là l’an dernier et d’avoir gagné. On sait ce que ça prend, mais on s’en va à l’extérieur. Ça va exiger de l’efficacité, de l’énergie et de l’émotion. On est confiant, avec le onze qui a joué dernièrement, qu’on sait ce qu’on doit faire et ce qu’on peut accomplir. Ce genre de match se décide beaucoup sur la concentration, ça implique de limiter les erreurs », a interprété Bernier qui avait brillé dans ce match contre le TFC.

S’emparer du contrôle par le milieu de terrain

Afin de causer la surprise au vétuste RFK Stadium, l’Impact devra déployer une performance de premier plan en milieu de terrain. Avec tout leur bagage, Bernier (37 ans), Marco Donadel (33 ans) et Hernan Bernardello (30 ans) n’ont pas besoin qu’on leur fasse un dessin.

« Ce n’est pas la seule clé, mais c’est important. C’est là que tout se passe, où tu gagnes la majorité des duels, que tu circules, que tu contrôles le jeu. Ce sera important pour nous de dominer cet aspect défensivement et offensivement pour avoir le dessus dans la rencontre », a convenu Bernier.  

« Je peux compter sur trois gars avec de la qualité et de l’expérience, des gars qui ont joué de gros matchs. Ce sera très important qu’ils connaissent un bon match pour nous donner une chance de gagner », a ajouté Biello à ce propos.

Bernier souhaiterait que leur chimie génère plus offensivement, mais il est encouragé par leur effet défensif.

« Dans les derniers matchs, on a neutralisé la majorité des adversaires en milieu de terrain, ils ont été obligés d’écarter pour avoir le ballon, ils ne passent plus par le milieu. Je parle de Kaka (Orlando), Giovinco (Toronto) et Sacha Kljestan (Red Bulls). Ça démontre qu’on fait de bonnes choses », a-t-il exposé.

Une mainmise sur la circulation du ballon de la part de Donadel, Bernardello et Bernier soulagerait la ligne défensive de l’Impact qui aura déjà une soirée très occupée. Les Ambroise Oyongo, Laurent Ciman, Victor Cabrera et Hassoun Camara devront notamment contrer le redoutable Patrick Mullins qui a produit huit buts en douze départs avec D.C. United qui l’a acquis du New York City FC.

Piatti peut-il poursuivre sur sa lancée à l'étranger ? 

Véritable modèle de gentillesse, Ignacio Piatti n’est pas du style à lancer des déclarations incendiaires empreintes de hargne. Par contre, il laisse toute sa passion parler sur le terrain et il ne craint pas les environnements hostiles.

À preuve, Piatti s’est classé au troisième rang de la MLS pour les buts marqués (9) sur les pelouses adverses.

« Ce sera un très grand match, j’aime jouer ces parties déterminantes. J’ai l’impression que la saison commence, c’est comme un championnat. Il faut tout donner et se tenir en tant qu’équipe, on sent qu’on peut donner plus », a déclaré Piatti en rappelant le beau parcours des siens en Ligue des champions de la CONCACAF.

Ce serait étonnant que l’Impact n’ait pas besoin d’un autre tour de magie de Piatti pour sortir victorieux de cette confrontation. Ça semble encore plus essentiel puisque le gardien Bill Hamid compose tout un défi comme il l’a prouvé cette saison au Stade Saputo quand il avait frustré Piatti, Didier Drogba et Johan Venegas dans un nul de 1-1.

« C’est l’un des meilleurs joueurs dans la MLS. C’est en partie grâce à lui si D.C. United se retrouve à cet endroit. Il a fait des arrêts quand l’équipe n’allait pas bien, il a aidé son groupe à grandir en confiance », a réagi Biello qui veut utiliser la vitesse de Piatti, Dominic Oduro et Matteo Mancosu contre Hamid et ses défenseurs.

« On a les atouts, ce n’est pas une barrière et il ne faut pas que ce soit une barrière psychologique. Dès qu’on a les occasions, on a les qualités pour marquer. Je suis convaincu qu’on sera capable de marquer et sortir avec la victoire », a conclu Bernier qui respecte celui qui sera le vis-à-vis d’Evan Bush.