MONTRÉAL – Enfin, diront la plupart des amateurs de soccer qui auront la chance de voir à l’œuvre Didier Drogba en action samedi contre l’Union de Philadelphie dans un Stade Saputo sans aucun siège libre.

D’abord, ceux qui s’inquiétaient de son état de santé peuvent se rassurer puisqu’il s’est entraîné sans retenue jeudi. D’ailleurs, à la voir enchaîner les buts avec une aisance déconcertante, il ne semblait pas embêté par la douleur ressentie au genou gauche à l’entraînement cette semaine.

Le légendaire joueur ivoirien ne s’est pas adressé aux médias puisqu’il préfère se concentrer sur sa remise en forme qui se poursuit en vue de ses débuts officiels avec l’Impact.

Les questions à propos de son insertion dans la formation ont donc abouti sur la table de ses partenaires qui adorent son effet sur le collectif.

« Outre sa qualité, c’est un homme humble et un joueur d’équipe. Il ne joue pas à la vedette et c’est la chose la plus merveilleuse de lui. On avait entendu qu’il avait une telle attitude, mais c’est bien de pouvoir le constater », a vanté Frank Klopas.

De sa position de gardien, Evan Bush constitue un témoin privilégié de son apport. En riant, il a reconnu qu’il n’enviait pas son homologue de l’Union de Philadelphie qui sera envoyé dans la mêlée. Selon Bush, il faut avoir une solidité mentale contre lui.

« C'est important de garder le même niveau de confiance quand on se mesure à lui. On doit le percevoir comme un joueur comme les autres », a émis Bush avec un constat peu évident pour ses pairs.

Ça demeure particulier, mais ce n’est pas nécessaire de redoubler de temps devant les vidéos pour déceler des indices afin de le contrer.

« En fait, on l’a tellement regardé à la télévision qu’on peut moins passer de temps sur les vidéos de lui. On connaît déjà ses tendances et ses forces. C’est le contraire pour un athlète de talent comme Ignacio Piatti qui pose le problème inverse : il est très bon, mais on l’a moins vu sur les grands réseaux télévisés.

S’il peine à le stopper à l’entraînement, Bush finit par évoluer grâce à lui.

« Je me sers de l’exemple de Marco Di Vaio. Son arrivée avait été très bénéfique pour nous et moi en particulier. En m’entraînant avec lui, j’ai pu raffiner mes aptitudes et Didier en fera de même avec nous tous », a reconnu l’athlétique cerbère de 29 ans.

Un support du public plus que bienvenu

Pour l’occasion, le domicile du onze montréalais sera rempli pour la première fois depuis 2013 et ses coéquipiers n’étaient pas gênés de s’en réjouir. Pour Justin Mapp et Bush, il ne fait aucun doute que la présence accrue de spectateurs motivera la troupe.

« Peu importe le niveau, tous les joueurs aiment évoluer devant des grandes foules, ça crée une stimulation supplémentaire comme on a pu le voir en Ligue des champions de la CONCACAF », a argué Mapp.

« C’est super, je sais que les partisans sont présents dans la ville. On l’a vu plusieurs fois dans le passé et ça aide quand l’équipe joue bien et qu’on ajoute des joueurs de la trempe de Didier et Laurent. On doit se nourrir de cette énergie et ça prendra un bon départ ainsi qu’une bonne concentration », a ajouté Klopas qui croit que le support se poursuivra avec un niveau adéquat des siens.

Les plus critiques diront que c’est dommage que les partisans aient eu besoin de l’arrivée de Drogba pour remplir la chaleureuse enceinte du quartier Hochelaga. C’est même un peu honteux pour certains.

« Peut-être, mais il y a des raisons pour lesquelles les gens viennent ou non. Ce n’est pas à moi de juger ça, mais nous sommes définitivement contents que le stade sera rempli, ça devrait nous pousser avec une dose d’énergie de plus », a répondu Bush sur cette question.

Ce duel aura lieu contre l’Union que l’Impact veut éviter de sous-estimer même s’il croule à l’avant-dernier rang de l’Association Est de la MLS. Les astres semblent donc alignés pour que l’Impact puisse ajouter des points importants au classement et que Drogba connaisse un départ convaincant.

Toutefois, Drogba sera vraisemblablement privé d’un partenaire de choix alors que Piatti demeure ralenti par une blessure à un mollet, et l’Impact redouble de prudence dans son cas.

Dans une telle situation, le collègue Olivier Brett a soulevé avec raison à Klopas que le moment pourrait être propice afin d’utiliser une formation 4-4-2 pour mettre en valeur la nouvelle acquisition. Mais ne misez pas là-dessus étant donné que Klopas n’a pas l’intention de démordre à ses préférences de 4-2-3-1.

« Écoutez, on joue d’une façon, mais on peut varier le style si nécessaire », a sèchement répliqué Klopas qui n’apprécie pas argumenter sur son système.

Selon les dires de l’entraîneur, il dispose de quelques ressources pour remplir le poste de Piatti et le nom de Johan Venegas vient rapidement en tête.

« Nacho », qui soigne une contusion à un mollet, ratera vraisemblablement l’entrée en scène de Drogba, mais ce ne sera pas le cas pour Laurent Ciman. En effet, à la demande de l’Impact, le valeureux défenseur central a accepté d’écourter sa pause en Belgique pour revenir en renfort car certains joueurs ne sont pas au sommet de leur forme.

« Nous avons une situation avec des blessures et c’est bien de voir qu’il peut revenir. Ça démontre qu’il est dédié à l’équipe et c’est quand tu as des joueurs avec cette mentalité que tu peux avoir une bonne équipe », a louangé Klopas.

Les partisans ne s’en plaindront certainement pas surtout que le Bleu-blanc-noir disputera quatre de ses cinq prochains matchs à l’étranger après celui contre l’Union.

Un plateau fort intéressant pour Mapp

Avec raison, tous les projecteurs seront braqués sur Drogba samedi soir, mais cette partie revêtira un petit cachet spécial pour Justin Mapp (photo de 2007) également.

L’Américain, originaire du Mississipi, jouera déjà sa 300e rencontre dans la MLS. À vrai dire, il deviendra – à 30 ans – le plus jeune athlète de l’histoire de ce circuit à atteindre cette marque. La réussite n’est pas banale, mais ça ne l'a pas empêché de s'attirer quelques taquineries de ses camarades.

« Ayoye, il est vieux », s’est exclamé Evan Bush avec le sourire.

Le gaucher aux qualités techniques indéniables y est arrivé puisqu’il a entamé sa carrière dans cette ligue à 17 ans. Même son entraîneur s’est permis de l’agacer.

« Je croyais qu’il était rendu à son 600e match parce que ça fait tellement longtemps que je le vois évoluer dans la MLS! », a lancé Klopas en riant.

Après un bref départ avec le D.C. United suivi d’un séjour de huit saisons avec le Fire de Chicago et deux années à Philadelphie, Mapp s’est trouvé une autre maison à Montréal. À juste titre, Klopas a insisté sur le fait que Mapp joue probablement parmi son meilleur soccer en carrière.

« J’ai toujours trouvé étonnant qu’il n’ait pas pu aller s’établir en Europe avec ses grandes aptitudes. C’est un joueur très talentueux et une personne très agréable. »

Ce n’est pas pour rien que son retour au jeu (à la suite d’une pénible blessure à un coude) a produit un impact positif instantané.

Même s’il n’a pas l’intention de passer à sa deuxième carrière prochainement, Mapp s’est rappelé les plus beaux souvenirs depuis ses premiers pas dans une MLS beaucoup moins solide en 2002.

« C’est définitivement le jour et la nuit comparativement à mes débuts. Avant, on jouait la plupart du temps sur des terrains de football tandis qu’on évolue dans de merveilleux stades maintenant. C’est vraiment génial à voir », a témoigné Mapp qui retiendra toujours les nombreuses amitiés de qualité développées grâce à son métier.