MONTRÉAL – Au terme de sa première saison en MLS, Shamit Shome n’avait pas grand-chose à ajouter à son CV.

En tant que joueur recrue au sein de l’Impact, il n’avait obtenu que huit petites minutes de jeu. Son plus haut fait d’armes? Son nom était désormais la réponse à une question quiz incrustée dans l’histoire du club : « Qui est venu en relève à Patrice Bernier lors du tout dernier match de la carrière du capitaine? »

On peut donc pardonner ceux qui ne l’ont pas immédiatement reconnu quand il est venu en relève à Samuel Piette samedi dernier au Stade Saputo. Même lui s’est retrouvé un peu confus par cette subite assignation.

« Mes souvenirs de mon entrée dans le match sont un peu flous, racontait le sympathique milieu de terrain mercredi matin. Il restait environ cinq minutes à la première demie et j’ai eu besoin d’un peu de temps pour trouver mes repères. Mais dès le début de la deuxième demie, ma tête était à la bonne place et j’étais prêt à y aller. »

Shome, selon les indications qu’il a reçues, a passé le test. Rémi Garde a apprécié son assurance en possession du ballon et lui a dit qu’il avait joué de façon intelligente. Voilà qui augure bien pour la suite des choses. D’autres options sont à la portée de l’entraîneur si Piette n’est pas en mesure d’affronter les Rapids du Colorado – Alejandro Silva, par exemple, a déjà évolué à la droite de Saphir Taïder cette saison –, mais il ne faudrait pas se surprendre de voir le jeune de 20 ans obtenir la première titularisation de sa carrière en fin de semaine.

C’est certainement plus qu’il pouvait se permettre d’espérer avant le début de la saison. Au camp d’entraînement, Garde a fait savoir à Shome qu’il souhaitait l’envoyer en prêt au Fury d’Ottawa pour lui permettre de voir du terrain. « Il voulait que je puisse m’améliorer en situations de match, que je puisse m’élever aux standards de la ligue », se souvient le choix de deuxième ronde de l’Impact en 2017.

Shome n’est finalement resté que deux semaines et n’a joué aucun match avec le club de la United Soccer League, mais il a tout de même senti que cette courte expérience lui avait été bénéfique.

« Je m’entraînais au milieu de terrain chaque jour. J’ai pu emmagasiner de précieuses heures de pratique, beaucoup plus que si j’étais resté ici. Ça m’a aidé à trouver un certain rythme. »

La saison de Shome a toutefois véritablement pris son envol en mai lorsqu’il a été invité par Canada Soccer au Festival international espoirs de Provence. Entouré des meilleurs joueurs U21 du pays, Shome a pu retrouver ses sensations dans des matchs contre le Portugal, la Turquie, le Japon et la France.

« C’était une situation un peu compliquée parce que l’Impact était à court de joueurs à ce moment-là, mais je suis content qu’ils aient accepté de m’envoyer. Ça a été énorme pour moi, ça m’a beaucoup aidé. John [Herdman] et Mauro [Biello] m’ont aidé à rebâtir ma confiance. J’ai joué quatre matchs en succession et quand je suis revenu ici, j’avais le vent dans les voiles. Les entraîneurs m’en ont parlé d’ailleurs. Depuis deux semaines, ils sentaient que j’étais plus entreprenant et plus agressif à l’entraînement. »

Shome a bien su transposer ces qualités sur le terrain pendant sa contribution de 52 minutes contre le Sporting Kansas City. Inséré dans le coin supérieur droit du triangle utilisé par l’Impact en milieu de terrain, il s’est démarqué en se projetant régulièrement dans le tiers offensif, le genre d’initiative qu’on aimerait voir plus souvent de la part des joueurs évoluant à cette position cette saison. Il a même raté une occasion en or d’ouvrir le pointage lorsqu’alimenté par Daniel Lovitz dans la surface de réparation au début de la deuxième demie.

« C’est mon style de jeu, j’aime beaucoup m’immiscer dans la surface. Ken [Krolicki] est davantage porté sur la défense, alors j’essayais de créer une étincelle en attaque. J’ai eu quelques chances et j’aurais dû les concrétiser. Ça viendra avec le temps, j’espère, si d’autres opportunités se présentent. Mais ça a été un bonheur d’apporter ma contribution. » ​