Je vous écris, chers partisans, au beau milieu de notre party d’équipe.
Cette année, question de mettre fin à la saison sur une bonne note avant de repartir chacun de notre côté avec le sourire, on a décidé de se réunir pour une journée de paintball et de karting. On vient tout juste d’en sortir et en soirée, on se retrouvera tous ensemble pour souper avant de se quitter pour quelques mois.
Bilan d'une saison difficile
Pourquoi, alors, croire que les choses seront différentes l’an prochain, au lendemain d’une saison qui a généré un maigre total de six victoires?
Tout d’abord, notre récente fin de saison est beaucoup plus encourageante que ce qu’on avait traversé un an plus tôt. Oui, on était parvenu à entrer en séries l’année dernière, mais c’est aujourd’hui assez évident pour tout le monde qu’on n’était pas, à ce moment, la même équipe qui dominait le classement de son association au milieu de l’été, avant que tout ne dégringole.
Psychologiquement, l’entre-saison ne nous a pas permis de sortir de cet état de stupeur. On a débuté le calendrier sur des défaites, puis ont suivi quelques dégelées, et tout ça a eu pour effet de prolonger la remise en question. En plus, c’était un nouvel entraîneur qui héritait de tout ça.
Certaines personnes sont peut-être sceptiques face à l’aspect psychologique de notre métier, mais dans le monde du sport professionnel de haut niveau, c’est un facteur très important. Dans la situation dans laquelle on se trouvait, le constat d’absence de progrès nous a rapidement fait tomber dans un endroit d’où il était difficile de remonter.
Mais le positif qui a émané de notre fin de saison fait en sorte qu’au moins, on sait un peu plus où on s’en va. On ne se faisait plus dominer et on pouvait voir que l’attitude des joueurs était empreinte d’une confiance nouvelle. Notre jeu collectif, dans son ensemble, a montré plusieurs signes encourageants.
Avec la Ligue des champions, on a déjà un objectif précis et relevé pour lancer notre saison 2015. C’est un grand événement! Pour Montréal, ce sera une première depuis 2009. Alors déjà, dès le début de notre camp d’entraînement, on aura la chance de pouvoir se préparer pour un match de très grande importance. L’appréhension émotive ne sera pas la même, ce sera un stimulus supplémentaire extrêmement valorisant.
Appel au leadership
Il ne fait aucun doute que les départs d’Alessandro Nesto et Davy Arnaud l’hiver dernier ont créé un trou qui n’a pas été comblé. À ces noms s’ajoute maintenant celui de Marco Di Vaio, notre nouveau retraité.
Maintenant, d’autres devront chausser les crampons de ces leaders.
La perte de joueurs de cette envergure laisse un vide dans le vestiaire, mais aussi sur le terrain. Davy, par exemple, était un col bleu, un vrai travaillant à qui je savais que je pouvais m’associer. Si ça n’allait pas bien pour moi, je savais que je pouvais me fier sur lui et vice-versa. Tout ne doit pas seulement reposer sur une personne. On n’est pas dans une structure militaire où le général dit « On va à la guerre! » et tout le monde va à la guerre. C’est en groupe qu’on doit se tenir et marcher ensemble dans une direction commune.
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Et ça ne veut pas dire que le leader, c’est le gars qui a 30 ans avec une tonne d’expérience. Tout le monde peut développer son identité et prendre plus d’initiative. Un jour ou l’autre, les jeunes diplômés de l’Académie vont comprendre que c’est leur équipe et vont commencer à prendre un peu plus de place, à aider la structure de vétérans qui seront invités à revenir, que ce soit moi, Matteo Ferrari, Troy Perkins, Evan Bush, Hassoun Camara, Heath Pearce, etc.
Pour se hisser vers le haut, une seule personne ne peut tirer tout le monde. Oui je suis capitaine, mais d’autres devront ressortir. C’est d’ailleurs un message que je lance à mes coéquipiers : ne restez pas assis en croyant que les choses vont mieux aller si on ne fait que suivre l’exemple d’un ou deux joueurs. Il faut plutôt que chacun se demande ce qu’il peut faire pour contribuer à la cause de l’équipe.
Je veux voir des joueurs montrer qu’ils veulent prendre plus de place, dans le vestiaire, mais aussi sur le terrain.
Attaquant à remplacer, structure défensive à revoir
En Marco, l’organisation perd un joueur désigné, un attaquant qui a apporté beaucoup au cours de son passage au Québec. C’est maintenant au personnel technique d’évaluer nos besoins à cette position.
Présentement, à l’interne, on compte sur Jack McInerney et Anthony Jackson-Hamel. Voudra-t-on se tourner vers un nouveau joueur désigné ou un élément offensif qui sévit actuellement ailleurs dans la MLS? Je suis pas mal certain que les dirigeants de l’organisation se penchent déjà sur le dossier. Reste à voir si la réponse viendra avant le début de la prochaine saison. On sait que Marco était arrivé au milieu d’une saison, tout comme Ignacio Piatti.
Il ne faut d’ailleurs pas l’oublier, celui-là. Il a brillé à son arrivé et l’an prochain, il sera notre leader technique. Il faudra qu’il doit bien entouré, par contre, pour qu’on puisse lui permettre de s’épanouir.
À l’autre bout du terrain, c’est sûr qu’il faudra solidifier la défensive, mais peut-être qu’il faudra surtout revoir le système défensif. On peut bien blâmer les gars qui jouent directement devant le gardien, mais on a une certaine façon de jouer qui nous expose à des contre-attaques, qui ouvre des failles. Il faudra qu’on resserre notre protection.
Notre structure en général devra être revue pour s’assurer qu’on s’entraide efficacement.
Le travail n’est pas fini
De mon côté, ma saison n’est pas finie. Dans dix jours, je m’en irai avec l’équipe nationale pour prendre part à un match contre le Panama, alors je ne finirai réellement qu’à la mi-novembre.
Après, je prendrai une semaine de congé pour ensuite commencer à attaquer la préparation hors-saison. L’an dernier, j’avais passé beaucoup de temps à ne rien faire parce que je devais attendre mon opération. Cette fois, je n’aurai pas ce problème.
Comme les joueurs de hockey, il n’y a pas vraiment de saison morte au soccer. Tu n’es plus sur le terrain, mais tu prépares quand même ton corps pour la saison qui vient. Je n’irai pas jouer au soccer à chaque jour, mais j’aurai un programme à suivre pour maintenir la forme et rebâtir ma capacité physique, solidifier ma charpente pour qu’elle soit prête pour les rigueurs d’un calendrier de neuf ou dix mois.
Rien faire pendant deux mois, ça n’existe plus dans le sport professionnel!