Quelques heures après la défaite subie mercredi soir contre Orlando, la déception est toujours là. On a perdu un match à domicile… On connaît les erreurs… Il faut qu’on se lève.

On est dans une phase finale, dans une phase de tournoi où chaque match est une petite finale, où chaque match compte, où chaque match te permet de croire que tu peux aller plus loin.

Il faut adopter cette attitude-là : comme si ce sont des matchs sans lendemain, même s’il en reste sept en réalité. Je le répète, il faut jouer comme s’il n’y avait pas de lendemain.

Le match d’hier avait pourtant très bien commencé. Au chapitre mental, il n’y a pas de meilleure recette, mais il y a ensuite eu des erreurs de concentration. D’ailleurs, les pires moments dans le monde du football sont ceux qui suivent - quatre ou cinq minutes - quand tu marques un but.

Ç’a été prouvé que c’est à ce moment-là que tu es le plus susceptible de recevoir un but et c’est ce qui est arrivé. On en a encaissé un premier et puis un deuxième. Entre-temps, on a créé d’autres chances, mais le gardien Joe Bendick a réalisé un gros arrêt. Mais bon…

Après ça, c’est certain que les choses changent quand il y a des cartons rouges parce que la dynamique d’une équipe change complètement. Le plan de match est lancé par-dessus bord. Bref, c’est l’engouement, l’agressivité et l’acharnement qui te permet d’avancer…

À ce stade-ci, c’est rendu une question d’attitude et je peux bien dire tout ce que je veux, mais ce ne sont que des mots. Ce sont les actions qui parlent. Les actions, ce sont les victoires et la façon dont on va accumuler des points au cours des prochaines semaines.

J’ai connu plusieurs vestiaires depuis le début de ma carrière et les paroles, ça marche une fois de temps en temps pour stimuler, mais ce sont les actions qui démontrent si tu t’en vas dans la bonne direction. Heureusement, on peut évacuer cette défaite dès samedi, mais il faut agir.

Coupe du monde : le parcours avait pourtant bien commencé

L’aventure du Canada en qualifications de la Coupe du monde s’est arrêtée au quatrième et avant-dernier tour des éliminatoires de la CONCACAF, mardi, après que l’équipe nationale eut terminé au troisième rang du groupe A derrière le puissant Mexique et le Honduras.

Un peu comme cela avait été le cas lors des deux précédentes phases de qualifications en 2010 et 2014, le Canada n’a pas été en mesure d’arriver en pleine possession de ses moyens avant le premier match contre le Mexique. Il faut absolument maximiser les points avec ce rendez-vous.

Les choses avaient pourtant bien commencé avec une victoire (1-0) contre le Honduras le 13 novembre, mais s’est finalement la rencontre qui a suivi face au Salvador (0-0) qui a scellé le sort du Canada. Le pays avait les choses en main à ce moment-là, puisque le Salvador vivait des turbulences à l’interne. Malheureusement, l’équipe nationale a dû se contenter d’un match nul.

Si le Canada avait mis tous ses œufs dans le même panier à ce moment-là, l’équipe aurait compté 6 points au lieu de 4 et aurait terminé cette phase de groupes avec 9 points, ce qui aurait été suffisant pour finir au deuxième rang et ainsi accédé au cinquième et dernier tour.

Je ne faisais pas partie de la sélection, alors difficile de dire ce qui s’est précisément produit, mais je l’ai déjà vécu dans le passé et je n’arrive pas à expliquer pourquoi nous ne sommes pas en mesure d’adopter une mentalité gagnante comme les États-Unis, le Costa Rica, le Honduras ou le Panama. Ces pays sont capables d’aller chercher ces grosses victoires à l’arraché, tandis que du côté du Canada, nous avons davantage tendance à être un peu plus hésitants.

Du vécu et du savoir-faire à partager

L’élimination du Canada signifie probablement la fin du parcours des vétérans Julian De Guzman et Atiba Hutchinson avec l’équipe canadienne. Je n’ai pas d’information privilégiée à ce sujet, mais les connaissant, il serait surprenant qu’ils s’engagent pour un autre cycle de qualifications.

J’aimerais profiter de cette tribune pour leur lever mon chapeau afin de souligner leur dévouement au fil des années. Julian est le recordman des sélections avec le Canada, alors qu’Atiba est probablement le meilleur joueur des dernières années, voir des dernières décennies. Ils ont rendu de précieux services et je suis désolé de ne pas avoir été à leurs côtés jusqu’à la fin parce que nous avons toujours très bien travaillé ensemble au sein de la sélection.

Atiba est devenu un ami très proche puisque nous avons vécu ensemble à Copenhague lorsque nous évoluions dans le championnat danois il y a quelques années. C’est un joueur de grand talent qui ne reçoit malheureusement que très peu de publicité, à part quand il représente le Canada. Il porte actuellement les couleurs du Besiktas dans le championnat turc et il participera à la Ligue des champions cette année et pourtant, on en entend pratiquement jamais parler.

Julian et Atiba ont rendu de fiers services et ils seront difficiles à remplacer au point de vue technique et au point de vue leadership. Le grand point d’interrogation, c’est de savoir qui les remplacera dans le futur. D’ici là, je leur souhaite une bonne fin de saison avec leur club.

Au final, je me demande pourquoi des sportifs de haut niveau comme eux n’obtiennent pas davantage de publicité. Si l’Association canadienne les approchait, je suis convaincu qu’il accepterait de faire bien des choses pour aider au développement du soccer canadien. Si le pays veut progresser, il faudra utiliser l’expertise de ceux qui ont eu une carrière internationale et qui ont sûrement plusieurs idées à proposer pour amener le Canada au prochain niveau.

Leur vécu est riche et il possède assurément le savoir-faire pour accompagner la prochaine génération qui pousse avec les David Choinière, Maxime Crépeau, Manjrekar James, Jonathan Osorio et compagnie. Tous ces gars-là vont monter en puissance dans le futur.

*Propos recueillis par Francis Paquin