J'ai du mal à expliquer comment nous avons pu être battus 8-1 par le Honduras lors de notre match qui aurait pu nous mener au dernier droit pour l'obtention d'un laissez-passer en vue de la coupe du monde.

Je ne comprends pas parce que nous étions bien préparés et dès le départ, on a eu une ou deux occasions de marquer sans concrétiser. Si on avait pu marquer, le match aurait pu basculer en notre faveur. On a plutôt vécu l'effet contraire quand le Honduras est allé marquer dès la septième minute de jeu. J'ai l'impression que ce but nous a coupé les jambes et le Honduras en a ajouté sans que nous puissions réagir. C'est comme si notre batterie était à plat.

À 1-0, on se dit toujours que l'on peut revenir, mais quand le pointage est devenu 2-0 et 3-0, je pense que c'est là qu'on est devenu amorphes pour de bon. On sentait qu'on n'avait plus l'énergie pour réagir.

Après le premier but, on a bien essayé de restructurer notre jeu. On a eu une chance à un certain moment où on a touché le poteau. Inutile de dire qu'un but de notre côté aurait fait la différence. Au contraire, on a continué à éprouver des ennuis et après 29 minutes, on tirait de l'arrière 0-3.

À la mi-temps, tout le monde dans le vestiaire se rendait compte qu'on n'avait pas eu le début que l'on souhaitait pour un match d'une telle envergure. Il nous restait encore 45 minutes à jouer, mais on voyait bien que l'écart qui nous séparait de l'autre équipe était énorme. On aurait bien aimé réduire cet écart, d'autant plus qu'on ignorait à ce moment-là le pointage du match entre Panama et Cuba.

On aurait aimé terminer la partie avec le sentiment d'avoir tout donné, mais on a plutôt frappé un mur et on ne s'est pas relevé. En deuxième demie, je pense que le facteur psychologique, celui qu'on ne comprend pas, nous a rentrés dans le corps. Il y a de ces moments dans le sport où on veut tellement quelque chose qu'on n'arrive pas à trouver notre deuxième élan quand on se rend compte que ça ne fonctionne pas. On se retrouve dans une phase psychologique qu'on n'arrive pas à comprendre et il est déjà trop tard.

J'ai regardé la partie des lignes de côté et je ne sais pas pourquoi Stephe Hart n'a pas utilisé mes services. Il faudrait lui poser la question. Je ne contrôle pas les choix de la direction. L'entraîneur envoie sur le terrain la formation qu'il estime être la meilleure pour gagner. Peu importe ton pays d'origine, tout joueur de soccer rêve de participer à la Coupe du monde. C'est le Graal pour un joueur et pour un athlète qui provient d'un pays qui n'est pas reconnu pour le soccer, participer à la Coupe du monde, c'est comme marcher sur la lune.

Après près dix ans avec l'équipe nationale, avoir la possibilité de participer à la dernière phase de qualifications de la Coupe du monde, ce qui n'était pas arrivé depuis une quinzaine année pour le Canada, c'était une opportunité que je ne voulais pas manquer.

Je savais que c'était mes derniers milles avec l'équipe du Canada et j'aurais aimé atteindre le plateau des 50 parties avec l'équipe nationale, ce qui constitue un exploit, car il faut savoir que notre pays ne dispute pas beaucoup de parties sur la scène internationale. Mais là, mon compteur va s'arrêter à 49. Inutile de dire que je n'aime pas la dernière image que je vais retenir de mon dernier match avec le Canada. Tous les espoirs des dernières années se sont envolés. On était à la porte de passer au dernier tour. Heureusement, ma carrière m'a procuré d'autres bons souvenirs.

Le Honduras a marqué huit buts, mais je ne peux pas dire qu'il a joué un très grand match. Ce club a eu cinq occasions de marquer en première demie et il a fait mouche quatre fois. Dans toute la partie, le Honduras a profité d'une douzaine d'occasions et il a marqué huit fois. C'est très rare de convertir 50 % de tes chances dans une rencontre. Je ne sais pas trop ce qui s'est passé. Les deux équipes avaient le même niveau de pression. Le Honduras ne pouvait pas se permettre une partie nulle et il y a plus de 40 000 personnes dans les estrades et le pays avait décrété une journée nationale de congé pour permettre aux gens d'encourager leur équipe nationale en après-midi.

La partie a basculé en l'espace de quelques minutes. Personnellement, c'est la première fois que j'encaisse une défaite de cette ampleur. C'est le pire résultat que j'ai connu. Même lors de mon premier match avec le Canada contre la République tchèque qui était troisième au monde, on avait fait mieux avec un revers de 5-1. Même dans les rangs amateurs, je n'ai jamais subi une telle raclée.

Deux matchs à disputer pour l'Impact

L'Impact reprend le collier samedi à Toronto. Il nous reste deux parties à disputer à la saison régulière. Je sais qu'on ne participera pas aux séries, mais on veut absolument devancer Vancouver parmi les équipes canadiennes. Actuellement, les Whitecaps ont un point de plus que nous avec le même nombre de parties disputées. On tient à être premier au Canada pour être en bonne position lors de la prochaine coupe Amway.

Même si Toronto ne connaît pas une bonne saison, la volonté de battre Montréal est toujours présente parce que la rivalité entre les deux villes est toujours aussi vive. Ce n'est jamais facile pour l'Impact d'aller gagner à Toronto, qui nous a fait mal paraître lors de nos deux derniers matchs. Même s'il ne reste que deux parties à jouer, la fierté est encore là. Pour nous-même, on veut terminer en beauté et aussi pour les amateurs qui ont suivi nos activités durant notre première saison.

La saison morte qui s'en vient sera ma plus longue période sans jouer depuis le début de carrière. Je ne sais pas si je serai prêté à un club en Europe, mais je n'ai entendu parler de rien pour l'instant. Puis j'apprécie d'être installé à Montréal avec ma famille alors je ne sais pas si j'accepterais. Avant l'ouverture du camp de l'Impact, il devrait s'écouler au moins deux mois. J'aimerais jouer le plus longtemps possible, c'est vrai, mais si je reste ici, je vais me garder en bonne forme pour bien entreprendre la prochaine saison avec l'Impact.

*propos recueillis par Robert Latendresse