RIO DE JANEIRO - Le Brésil, moribond il y a quelques semaines, a surclassé l'Espagne hégémonique en finale de la Coupe des Confédérations dimanche au Maracana (3-0), un résultat marquant à un an du Mondial-2014 et représentatif des progrès du premier et des limites de la seconde, apparue totalement dépassée.

Le Brésil s'élance

« Avant, on me chambrait beaucoup en Europe avec les matchs du Brésil, mais je pense qu'à partir d'aujourd'hui, on va commencer à nous regarder différemment ». Le capitaine Thiago Silva a donné le ton.

Cela faisait des années que la Seleçao s'enlisait dans un chemin cahoteux, fait de matchs amicaux peu convaincants et d'une incapacité chronique à battre les nations huppées. Et puis le travail de Luiz Felipe Scolari, arrivé en novembre à la place de Mano Menezes, a fini par payer.

« Felipao » a d'abord trouvé son équipe-type, avec notamment la paire de milieux récupérateurs Luiz Gustavo-Paulinho, derrière une ligne Hulk-Oscar-Neymar en soutien du buteur Fred (5 buts à la Coupe des Confédération), au profil de renard qui plaît tant au sélectionneur. Et Neymar, qu'il a qualifié de génie, a éclaté au plus haut niveau.

Scolari a inculqué à son groupe la notion d'équilibre, une discipline tactique et un sens du combat qui viennent compléter le naturel technique du « futebol » brésilien. Et les supporteurs ont offert un supplément d'âme.

Fini le chemin cahoteux, mais place au chemin de crête, en altitude : « Cette conquête ouvre un chemin, donne la possibilité aux supporteurs de croire que nous bâtissons une équipe qui peut être compétitive et peut briguer le titre en 2014 », a dit Scolari. Tout en ajoutant : « Ce groupe avait besoin de gagner une compétition pour se sentir grand. Nous allons jouer pendant un an comme une grande équipe, tout en sachant que nous avons encore beaucoup de chemin à faire pour arriver là où sont d'autres sélections, l'Espagne, l'Allemagne et l'Argentine. »

L'entraîneur titré en 2002 sait que seule comptera vraiment la victoire finale au Mondial-2014. Le pays n'a jamais pardonné à Dunga d'avoir échoué en quart du Mondial-2010, alors qu'il avait remporté auparavant la Copa America et la Coupe des Confédérations.

L'Espagne s'essouffle

Est-ce la fin du modèle espagnol? Sans doute est-ce trop tôt pour l'avancer, puisque l'échec dans la Coupe des Confédérations 2009 en demi-finales face aux États-Unis (2-0) ne l'avait pas empêchée d'être championne du monde et d'Europe par la suite.

« Bien sûr, nous ne sommes pas heureux de la défaite, et il faudra l'analyser, mais nos antécédents font que nous restons optimistes, a affirmé Vicente Del Bosque. Nous avons de bons joueurs, un bon style de jeu, et nous n'avons pas à les changer à cause d'une défaite, même si elle est méritée. »

L'usure physique, au bout d'une longue saison et au gré de matchs joués dans la fournaise du Nordeste tropical, explique en partie le cuisant revers.

Mais cette claque intervient aussi après la gifle infligée par le Bayern Munich en demi-finales de Ligue des champions au Barça (4-0, 3-0), qui fournit son jeu et son ossature à la Roja. Le Bayern comme le Brésil ont développé un jeu intense fondé sur un pressing haut et une agressivité de tous les instants.

« Il y a eu le premier but, puis ils (les Brésiliens) ont exercé une pression très forte dans tout le terrain, avec des fautes pas violentes mais continues qui ont empêché la continuité du jeu », a souligné Del Bosque. « Je ne veux pas que ce soit considéré comme une excuse », a-t-il ajouté; mais ça ressemble du moins à l'ébauche d'une explication.

« Nous n'avons pas su nous adapter à la situation », a relevé pour sa part Torres. L'Espagne est-elle dès lors un peu trop confite de certitudes?

Peut-être manque-t-elle aussi de sang neuf. Notamment dans son secteur offensif. Torres, justement, mais aussi Soldado et Villa ne se sont guère imposés, et la question de l'avant-centre risque d'éclore de nouveau. Hormis Iniesta, les Pedro, Silva, Mata et Navas n'ont pas apporté grand-chose. Le 6 septembre en Finlande (qualifications pour le Mondial-2010), l'Espagne saura si son mal est profond.