Un Mondial de football sans les États-Unis, qui ont participé aux sept dernières éditions : ce cauchemar pour les Américains est devenu réalité après la piteuse défaite de « Team USA » mardi soir à Trinité-et Tobago, qui marque un nouveau coup dur pour le soccer dans ce pays.

Échec de la candidature des États-Unis pour l'organisation au Mondial 2022 au profit du Qatar, émergence de nouveaux marchés concurrentiels, comme la Chine... L'absence des Américains du prochain Mondial tombe mal pour ce grand marché qui peine depuis des décennies à implanter durablement le football dans ses gènes.

Sports Illustrated a décrit la soirée de mardi, qui a vu l'équipe des États-Unis s'incliner dans la minuscule île de Trinité-et-Tobago 2-1, comme la « nuit la plus surréaliste et la plus embarrassante du soccer américain ».

Les Américains auront vécu une campagne de qualification cauchemardesque. De l'éviction de Jurgen Klinsmann, son entraîneur emblématique depuis 2011, en novembre dernier après les défaites contre le Mexique puis le Costa Rica, jusqu'à l'humiliation de mardi à Couva, une petite ville de quelques dizaines de milliers d'habitants sur la côte Ouest de Trinité-et-Tobago.

Pour un bilan final peu flatteur dans ce groupe CONCACAF, où l'équipe des États-Unis n'aura remporté que trois de ses dix matchs.

Mais au-delà de l'aspect purement sportif, cette élimination pourrait avoir d'autres conséquences, même si la Fédération américaine (USSF) appelle au calme.

Le Mondial, élément moteur

La Coupe du monde est un élément moteur pour attirer vers cette discipline les jeunes générations dans un pays où, malgré l'attrait grandissant pour le ballon rond depuis le début des années 90, le basket, le football américain, le baseball et le hockey sont toujours rois.

En 2014, des dizaines de millions de supporters avaient suivi à travers tout le pays, sur des écrans géants installés dans les centres des grandes villes, les exploits de leur équipe lors de la dernière Coupe du monde organisée au Brésil, où elle avait survécu au « groupe de la mort » au 1er tour pour atteindre les huitièmes de finale.

Team USA s'est alors vue trop belle, passant en un peu plus de trois ans du rêve au cauchemar.

Et cette piteuse élimination pourrait provoquer des secousses au sein des instances dirigeantes du soccer.

À commencer par son sommet, avec le président de la Fédération américaine (USSF), Sunil Gulati, dont le mandat de quatre ans expire l'année prochaine.

Quel avenir pour le soccer?

« Nous nous attendions certainement à nous qualifier au bout de cette campagne (des qualifications). C'est donc une énorme déception pour tout le monde : les joueurs, le staff, les entraîneurs, pour la fédération », déclarait à chaud un président sonné après la défaite.

Mais, remis de ce K.-O., Gulati ne voulait cependant pas céder au catastrophisme.

« Vous ne devez pas tout changer pour quelques centimètres », a-t-il ainsi déclaré, en faisant référence au tir sur le poteau de Dempsey en seconde période, qui aurait pu apporter le nul, et la qualification à Team USA.

Bruce Arena, appelé à la rescousse après l'éviction de Klinsmann, après avoir endossé la responsabilité de l'échec de son équipe, se projetait déjà vers l'avenir.

« Ce serait de la folie de tout bouleverser (...) Nous avons bâti une Ligue professionnelle solide (...) Je pense que si notre ligue continue de grandir, l'équipe nationale en tirera les bénéfices », expliquait-il. « Nous avons quelques bons joueurs qui arrivent ».

Pour le soccer aux États-Unis, le temps reste le meilleur allié.