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Jusqu’à présent, tout va bien. Plutôt bien. Pas mal. Qualifiée après deux matchs, avec certaines certitudes / confirmations dans le jeu, pas de problème majeur (blessures sérieuses, suspensions), la sélection canadienne tient la route.

Bien sûr, on pourra dire que la défaite face aux Pays-Bas représente une fausse note importante dans leur premier tour puisqu’elles sont l’une des deux têtes de série (avec l’Australie) à ne pas avoir gagné leur groupe. On s’y attendait tout de même un peu depuis le tirage au sort. L’important étant d’avoir une mesure réelle du Canada face à une sélection en progression fulgurante depuis trois ans, Championne d’Europe en titre, et éventuellement capable de faire un coup dans ce tournoi.

Le problème des Canadiennes demeure essentiellement le même depuis longtemps : la difficulté de trouver cette mesure à travers les matchs de compétition dans une zone Concacaf qui n’offre pas vraiment d’espace d’évolution. D’un côté, il y a l’Everest, les Américaines; de l’autre, morne plaine...

Et les différents tournois internationaux (Algarve, SheBelieves, Cyprus Cup) sont plus des champs d’expérimentation que des compétitions à gagner à tout prix.

Il y a donc du positif à tirer, même de cette défaite. Et sans faire de positivisme niais. Kenneth Heiner-Möller est réaliste dans son analyse de match : c’est une défaite qui montre assez nettement les points sur lesquels le Canada doit encore progresser. À commencer par l’arrière : le Canada peut se targuer d’avoir une défense remarquablement solide et organisée, elle a tout de même été battue deux fois sur des mouvements simples (balle arrêtée puis centre devant le but). Il y a clairement un problème à défendre très bas, auquel les Canadiennes ne sont que trop rarement confrontées. À partir de maintenant, c’est un élément qui va se présenter assez régulièrement.

Autre élément de réflexion, la densité au milieu de terrain. Scott et Schmidt représentent une base solide et fiable. C’est plus que suffisant face à des adversaires qui abandonnent le ballon, dont le jeu n’est pas basé sur la possession. Face à des équipes qui veulent jouer, aller vers l’avant, dominer, il faut plus. Les Néerlandaises se sont souvent trouvées en surnombre au milieu. Fleming participe, mais elle est surtout là pour fermer des espaces et n’a pas la même capacité dans le duel. Le problème du système risque maintenant de survenir face à des adversaires capables de changer de rythme et d’apporter plus de vitesse au milieu.

Devant, Sinclair est - comme attendu - soumise à un marquage hyper-serré, régulièrement à une contre deux et doit vraiment s’arracher pour trouver de l’espace. D’où un rôle de pointe - remiseuse qui l’empêche parfois d’aller trouver des espaces dans la surface.

C’est une situation à laquelle Heiner-Möller s’attendait clairement et on a remarqué une volonté assez nette de varier l’animation offensive, avec en particulier Beckie et Prince, assez percutantes depuis le début. Fleming apporte une qualité dans la vision du jeu : elle sait reconnaitre les espaces et les utiliser sur une passe ou un appel. Évidemment, ces qualités sont moins en vue face à des adversaires qui défendent en bloc à vingt mètres.

Le système est amplifié (et devrait même être encore plus utilisé) grâce aux mouvements des latérales. Chapman et Lawrence sont capables de démarrages pénétrants capables de créer le déséquilibre. Dans ses quelques apparitions, Riviere a apporté une même qualité.

Il est certain que face au Pays-Bas, leur contribution offensive a été moindre, tenue avant tout au marquage de Lieke Martens et Shanice Van De Sanden, deux joueuses extrêmement difficiles sur les ailes. Lawrence a été énorme face à Martens (que l’on n’a quasiment pas vue offensivement), Chapman très bonne face à Van De Sanden, même si le deuxième but vient de ce côté (il ne s’agit pas d’une erreur individuelle), les Néerlandaises ayant choisi de jouer plus souvent sur cette aile. Les Suédoises, adversaires en huitièmes, développent aussi énormément de jeu sur les côtés, mais possèdent moins de qualité individuelle.

Ashley Lawrence est la très, très grosse satisfaction de ces trois matchs. Sa versatilité (capable d’évoluer à plusieurs postes et de répondre à plusieurs situations de jeu) et la dynamique qu’elle peut apporter vers l’avant, balle au pied, doivent permettre au Canada de varier les modes d’attaque et de trouver un peu plus de vitesse. Et sa prise de décision (quand se lancer, quand sortir avec le ballon et quand ne pas le faire, quand apporter une présence dans l’entre-jeu) est impeccable.

Il est clair que cette équipe ne se crée pas quinze occasions par match et doit se démener à chaque fois pour obtenir le résultat. Elle doit donc optimiser ses moments offensifs: varier les points d’attaque est essentiel, à commencer par être capable d’attaquer les zones intermédiaires (par exemple entre défense centrale et latérale, les couloirs intérieurs). Varier les possibilités de frappe de loin est une autre option: pour le moment, seule Beckie semble vouloir tenter. Amener Schmidt dans une position similaire de l’autre côté de la défense serait une option. Enfin, assurer l’exécution (qualité / efficacité) sur balles arrêtées (offensivement ET défensivement) est désormais une nécessité.

Le huitième face à la Suède propose un adversaire que les Canadiennes connaissent assez bien, jouant sur des valeurs assez similaires à ce que le Canada peut proposer. Un système, plutôt que des individualités (Kosovare Asllani ressortant tout de même du lot). C’est peut-être là que les Canadiennes peuvent franchir un énorme pas: en se montrant dominantes, en prenant le contrôle du match, en étant patronnes dans le jeu, «méchantes» dans l’attitude (au sens d’imposer le duel, de ne pas le subir). C’est tout autant un défi de personnalité à affirmer, et cette équipe est sans doute idéalement placée pour le relever.