J'avais une belle curiosité aujourd'hui pour le premier match dans le tableau principal de Wimbledon pour Eugenie Bouchard. Lors des dernières années, les séquences ont été si rares pour la Québécoise. Son adversaire, la Britannique Gabriella Taylor connait sa plus belle année sur le circuit à 20 ans avec 26 victoires et trois titres remportés sur le circuit ITF.

Très combative et régulière, j'avais très hâte de voir si Bouchard avait encore un niveau suffisamment élevé pour empêcher l'invitée des organisateurs de se faire valoir.

En début de rencontre, ce qui frappe c'est de voir jusqu'à quel point les trois victoires en qualifications ont fait du bien à notre Québécoise. Plus confiante, mieux organisée dans ses schémas de jeu et disciplinée sur le terrain, voilà comment elle entame le match. L'adversaire est très nerveuse et n'arrive pas à contrôler ses frappes. Le temps de le dire, Eugenie lui arrache le set 6-0, elle est presque parfaite, et ce, à tout point de vue.

Je me doutais bien cependant que Taylor n'allait tout de même pas passer à côté du match en entier tandis que j'espérais qu'Eugenie reste constante et concentrée alors que l'autre montrait finalement les crocs. L'adversaire met les fautes de côté dès l'entame de la 2e manche, mais malheureusement Bouchard n'arrive pas à suivre lorsque la Britannique change de visage complètement et se met à frapper avec intensité et précision. Soudainement Taylor ne rate plus rien et comme elle est rapide et coriace pour remporter le 2e set 6-4.

Vous vous souvenez des capacités de Bouchard en 2014 à trouver des solutions plutôt que de garder une formule qui ne fonctionne plus? C'est ce qu'elle fait dès le départ du 3e set avec une justesse retrouvée au service et en retour. Genie brise dès la première partie de Taylor au service et surmontera toutes les difficultés avec brio pour garder son avance et remporter le match. Écoutez, on ne va pas se mettre à faire des sauts de kangourous pour célébrer sa victoire, mais avouez que ce match est bien ficelé : excellent départ, puis des petites erreurs de jugement, et finalement une correction digne de mention. Un match plein. C'est encourageant.

Au prochain tour elle affrontera l'Australienne Ashleigh Barty, 17e tête de série qui possède un beau talent et surtout une très belle main. Les deux ont joué l'une contre l'autre à Miami l'an passé et la bataille gagnée en trois sets par Barty fut très intense. Chose certaine, l'Australienne ne va pas la submerger parce qu'elle ne donne pas dans la puissance, mais plutôt dans la créativité. Bouchard a le jeu pour la battre.

Un petit mot sur le nouveau coach d'Eugenie. Robert Lansdorp a enseigné aux meilleurs : de Tracy Austin à Pete Sampras sans oublier Maria Sharapova et Lindsay Davenport. Ces quatre joueurs ont tous été numéros 1 au monde et ont gagné des Grands Chelems. Il exige que son élève soit dédié à 100 %. Pas question de laisser passer quoi que ce soit côté rigueur et attitude. Âgé de 80 ans, il a accepté de l'accompagner parce qu'il croit vraiment qu'il peut l'aider. Eugenie est vraiment bénie de pouvoir compter sur un homme d'expérience comme lui. À elle de ne pas rater cette chance.

Une 1re victoire à Wimbledon pour Shapovalov

Pour sa part, Denis Shapovalov dispose de celui qui a gagné le plus de matchs sur herbe cette saison avec 12, Jeremy Chardy, en quatre sets. J'étais fière que notre jeune Canadien soit la plupart du temps celui qui agresse en premier. Outre le 2e set où il perd de sa justesse et s'énerve un peu, il démontre sa supériorité dans l'échange, en premières balles, au filet et surtout pour ravir le service du français en fin de 3e et 4e manches.

Nous avons droit à une rafale de beaux coups de part et d'autre, chacun utilisant ses armes pour dominer l'adversaire. Le niveau de jeu est tellement élevé par moments que l'on se croit en deuxième semaine. Les champions savent gérer la pression et c'est ce que Shapo réussit à faire trois sets sur quatre. Le prochain obstacle se nomme Benoit Paire, l'atypique français à la main en or, mais aux choix de jeu parfois frivoles. Denis l'a battu cette année à Madrid en trois gros, gros sets.

Malheureusement, les nouvelles sont moins bonnes du côté de Vasek Pospisil qui s'incline devant Mikhail Kukushkin en quatre manches. C'est comme si notre Canadien n'arrivait pas à être suffisamment en confiance pour livrer une bataille qui se tient stratégiquement parlant. Parfois si beau à la volée, mais bien à la peine pour trouver la manière de se faire valoir sur une base régulière dans cet aspect du jeu. Ce qui n'aide pas c'est que sa première balle de service n'est plus suffisamment dévastatrice. Il ne gagnera d'ailleurs que 68 % avec ce coup qui est loin d'être suffisant. Lors de son premier match, Roger Federer a gagné 91 % des points en premières balles. Bon d'accord, c'est Federer. Shapovalov aujourd'hui gagne 85 % des points quand sa première passe. Vous me suivez? Quand tu es un attaquant, il faut d'abord et avant tout que ce chiffre au service soit plus qu'une note de passage.

Hey! Demain on se lève plus tôt, c'est-à-dire à 6 h 30 pour voir Milos livrer bataille à l'Australien John Millman, qu'il n'a jamais affronté avant. La grande question : Milos sera-t-il suffisamment en santé pour tenir durant la quinzaine?