Je me pourléchais les babines avant le début de cette finale entre deux des meilleurs joueurs sur surface dure au monde. Juan Martin Del Porto et Novak Djokovic ont été les plus brillants pour d'abord s’extirper d’une première semaine compliquée sous cette chaleur démente, abyssale... Et aussi en étant si méthodique et juste pour quasiment survoler la deuxième!

Neuf ans après son seul titre Grand Chelem dans le Big Apple, Juan Martin Del Potro s'offre finalement la chance de remporter une autre couronne de prestige après ses si beaux élans aux Olympiques à Londres en 2012 et Rio de Janeiro en 2016 en plus d'avoir décroché la précieuse Coupe Davis pour son pays. 

Petite note intéressante, à Londres, c'est Juan Martin qui gagne la médaille de bronze aux dépens de Novak et à Rio il le foudroie dès le premier tour en deux bris d'égalité, pas banal puisque l'Argentin se rendra jusqu'en finale pour remporter l'argent. Donc comme Novak l'a si bien dit en entrevue d'avant-match : « l'Argentin est un joueur des grandes occasions qui adore battre les tout meilleurs comme le prouvent ses neuf victoires face à des numéros 1 au monde ».

Tout cela c'est bien beau, mais dans un duel grandiose comme celui-là, il faut dérouler une stratégie qui est claire et avoir suffisamment d'énergie pour l'appliquer et savoir exécuter. C'est évident en début de match que le Serbe est en jambes et en appétit. Il tient superbement bien dans l'échange et finit par placer beaucoup de pression sur Juan Martin en montant au filet pour finir le point ou en jouant une balle basse et courte pour créer un dénouement. Il brise pour mener 5-3 et sert pour la manche assez facilement pour remporter le premier set. 

Lorsque Djokovic gagne la manche initiale au US Open, il possède une fiche de 58 victoires contre une seule défaite. Va falloir que Del Potro passe à une vitesse supérieure s'il veut avoir une chance de l'emporter... Les choses ne s'arrangent pas alors que Novak prend une seconde option sur la deuxième manche en brisant très tôt. L'Argentin ne présente pas son meilleur jeu de jambes alors qu'il frappe trop de balles en coup droit sur le cadre de la raquette. Tout ce que je sais cependant, c'est que jamais Juan Martin ne lâche. Il est un grand compétiteur qui fera tout en son possible pour revenir. Il arrive même à effacer le bris d'avance que possède Novak pour recoller à 3-3. Puis il force le Serbe à servir pendant 21 minutes sans toutefois profiter de ses balles de bris. C'est à ce moment qu'il laissera filer une grande opportunité de ramener les hostilités à une manche partout. 

Fort d'une avance de deux manches à zéro en Grands Chelems, Novak a gagné 182 matchs et perdu qu'une seule fois : c'était à Roland Garros face à Jurgen Melzer en 2010. Jamais il n'a échappé un match sur surface dure en majeurs lorsqu'il mène par deux sets. Il perdra certes à nouveau son avance d'un bris mais retrouvera son aplomb juste à temps pour coiffer l'Argentin en trois manches consécutives. La statistique qui m'impressionne le plus est celle qui souligne de grands efforts pour monter au filet 36 fois tout en remportant 27 points. Cela représente 75 % de réussite. C'est grandiose. Il se retrouvera demain 3e au monde tandis que Del Potro glisse au 4e rang. 

Que de choses ont changé pour le Serbe après un début d'année crapoteux. Dès le tournoi de Rome, il avait retrouvé son sens inné de la compétition jumelé avec un temps d'entraînement adéquat pour exceller. Le voilà-ti-pas avec deux titres Grands Chelems de suite. Messieurs Nadal et Federer, vos places au sommet sont loin d'être garanties...