MELBOURNE, Australie - « Les Internationaux d'Australie sont bien plus importants que n'importe quel joueur »: Rafael Nadal n'a pas caché son agacement samedi, à deux jours du coup d'envoi des Internationaux d'Australie, premier tournoi du Grand Chelem de l'année parasité par l'affaire Novak Djokovic.

« Les Internationaux d'Australie seront de grands Internationaux d'Australie avec ou sans lui », a asséné « Rafa » en conférence de presse à propos de son grand rival serbe, de retour samedi dans un centre de rétention de Melbourne après l'annulation pour la deuxième fois de son visa par les autorités australiennes.

« C'est évident que Novak Djokovic est l'un des meilleurs joueurs de l'histoire [...] Mais les joueurs vont et viennent, personne, pas même Roger (Federer), Novak, moi... Pas même Bjorn Borg, ne reste. Le tennis, lui, continue d'avancer », a rappelé celui qui est considéré comme le meilleur joueur sur terre battue de l'histoire.

Nadal, qui avait affirmé en début de semaine que « le plus juste » était que Novak Djokovic puisse disputer le tournoi, n'a pas ménagé le Serbe, aux positions anti-vaccination notoires: « je suis en désaccord avec beaucoup de choses qu'il a faites ces deux dernières semaines », a-t-il rappelé.

« Djoko », qui brigue une 10e victoire à Melbourne et un 21e sacre en Grand Chelem, ce qui serait un record, pourrait être expulsé à l'issue d'une audience en référé prévue dimanche devant une Cour fédérale.

« Parler de tennis »

Autre joueur attendu lors de ce traditionnel « media day » d'avant tournoi, le Grec Stefanos Tsitsipas, qui avait eu la veille des mots durs sur un media indien à l'encontre du Serbe, estimant qu'il jouait « avec ses propres règles » et faisait « passer la majorité des joueurs pour des idiots ».

« Je suis ici pour parler de tennis, pas de Novak Djokovic », a cette fois prévenu le no 4 mondial.

« Je ne vais pas mentir. Il a fait les titres des journaux ces deux dernières semaines. Il a reçu beaucoup d'attention. Beaucoup de gens en parlent évidemment [...] On n'a pas assez parlé de tennis ces deux dernières semaines, ce qui est dommage », a-t-il regretté.

L'Australien Alex de Minaur, 32e mondial, a reconnu être lassé par cette histoire, estimant qu'elle nuit au tournoi et aux autres joueurs: « cette situation a détourné de nombreux projecteurs de nous, les joueurs. Nous sommes ici pour jouer les Internationaux d'Australie ».

« Les Australiens ont traversé beaucoup de choses » et « ont eu la vie très dure » depuis le début de la pandémie de COVID-19, a-t-il rappelé.  

Zverev en soutien

« Ils ont fait beaucoup d'efforts pour se protéger et protéger leurs frontières », a-t-il rappelé, affirmant que pour entrer dans le pays, « comme tous les autres joueurs », Djokovic devait « être entièrement vacciné ». 

Proche de Djokovic, l'Allemand Alexander Zverev a été l'un des rares à le défendre en estimant qu'il servait de bouc émissaire: « c'est un grand nom, une superstar de dimension mondiale, quelqu'un dont on peut se servir », a regretté le no 3 mondial.

« Je ne connais pas assez bien l'affaire, mais si ce n'était pas Novak Djokovic, no 1 mondial et vainqueur de vingt titres du Grand Chelem, cela ne ferait pas tout ce foin », a-t-il estimé.

La veille, Andy Murray avait espéré que « tout soit résolu » avant le début du tournoi: « on a juste l'impression que ça traîne depuis un bon moment maintenant, ce n'est pas génial pour le tennis, pas génial pour les Internationaux d'Australie, pas génial pour Novak », a souligné l'Écossais de 34 ans.

L'ancienne no 1 mondiale Naomi Osaka a de son côté qualifié l'affaire Djokovic de « regrettable »: « mais je pense aussi que ce n'est pas aux joueurs de tennis, c'est au gouvernement de décider de la façon dont l'Australie va gérer ça », a conclu la Japonaise, sacrée à deux reprises à Melbourne, en 2019 et 2021.