MONACO, AFP - Baisse du nombre de spectateurs, de retransmissions télévisées, faillite d'ISL: l'ATP, en charge du tennis professionnel, a décidé devant la baisse de popularité de ce sport d'adopter une nouvelle stratégie pour le 21e siècle.

"ISL avait mis en oeuvre une stratégie commerciale qui l'a fait grandir trop vite", reconnaît, dans le cadre du Sportel, le marché des programmes sportifs télévisés, Larry Scott, son directeur des opérations.

La faillite du groupe suisse de marketing sportif a mis fin au plantureux contrat qui devait amener 1,2 milliard de dollars (1,31 milliards d'euros) dans les caisses de l'ATP entre 2000 et 2009.

Ayant voulu copier le schéma adopté par l'Union européeenne de football (UEFA) pour la Ligue des champions, avec un nombre restreint de parraineurs payant très cher leurs exclusivités mondiales, l'ATP a enregistré, suite à la faillite d'ISL, un important manque à gagner mais "moins dramatique que pour le football", confie à l'AFP Larry Scott.

"Heureusement, nous avions des garanties bancaires pour 2001 et une partie de 2002, ce qui a permis d'assurer les paiements qu'aurait dû effecter ISL", ajoute cet ancien joueur de tennis professionnel américain.

Propre agence de marketing

"Désormais nous sommes ouverts à de nouvelles idées et nous serons plus flexibles, nous adaptant aux réalités locales", plaide-t-il pour que tout le monde soit persuadé que l'ATP aura désormais une attitude moins arrogante.

Première décision, reflétant cette nouvelle stratégie: l'ATP, à l'instar de la Fédération internationale de football (FIFA), a décidé de créer sa propre entreprise de marketing, ATP Properties, dont Larry Scott vient d'être nommé président, même si elle va travailler avec différents consultants (TWI du groupe IMG, Havas Advertising Sports, WPP).

Le sport, du moins une partie de son secteur professionnel, commence à reprendre en mains ses affaires qu'il avait abandonnées au fil du temps aux "marchands du temple" qui lui avait promis l'Eldorado à perpétuité sans lui indiquer que, notamment, les droits télévisés avaient peut-être atteint une limite.

Signe de ce reflux, la très grande majorité du tournoi de Paris-Bercy, pourtant un des neuf Masters Series, la catégorie juste en dessous des quatre étapes du Grand Chelem, ne sera plus diffusée cette année, fin octobre-début novembre, en France par une chaîne grand public mais par une chaîne thématique, Pathé Sports. "Peut-être que même la finale ne sera pas retranmise en direct mais en différé", reconnaît Charles Biétry, le directeur des sports de France-Télévision, qui, comme d'autres, se plaint de ne pas connaître la durée des rencontres pour bâtir ses programmes.

"Ce n'est pas une bonne stratégie de voir uniquement le tennis sur des chaînes thématiques. Il faut plus d'exposition télévisuelle pour notre sport", avoue Larry Scott.

Mais pour cela il faudra certainement des changements aux règles séculaires de ce sport qui compte parmi les plus traditionnalistes.

Pour Larry Scott, "l'expérimentation du super tie-break dans certains tournois adoptée par l'ITF (Fédération internationale de iennis) est un commencement. Mais cela va prendre beaucoup de temps pour que d'autres modifications soient définitivement adoptées".