Match de barrage en Coupe Davis ce week-end alors que le Canada accueille les Pays-Bas à Toronto. Le but de cette rencontre est de garder la place de notre pays dans le groupe mondial pour l'an prochain alors que le format changera complètement. Dans le but d'honorer la dernière participation de Daniel Nestor, Milos Raonic s'est donné un point d'honneur de se joindre à l'équipe malgré le fait que son corps l'a encore lâché en ronde des 16 au US Open face à John Isner. Il livrera d'ailleurs la marchandise en début d'hostilité en disposant de Thiemo De Bakker en trois manches consécutives. Milos n'est pas parfait au service, mais il se bat bien et brise six fois le service de l'adversaire. Belle maitrise des moments chauds quand il le fallait ce qui permet au Canada de mener 1-0.

Dans le deuxième match vendredi Robin Haase, qui avait fait la barbe à Denis Shapovalov à la Coupe Rogers cet été, retrouve l'adolescent tout étoile. À nouveau, il le torture avec ses frappes brossées, lentes et profondes alimentées par une grande qualité de déplacements. Shapo est au bord du précipice fin de troisième manche à 5-5 alors qu'il tire de l'arrière deux manches à zéro et que l'adversaire se donne six balles de bris! Non seulement il s'accroche avec brio, mais il puise au plus profond de son âme pour éventuellement remonter la pente et aller chercher le bris à 4-4 au 5e set pour donner une avance de 2 à 0 au Canada.

C'est la première fois de sa carrière que Denis revient d'un déficit de deux manches à zéro. Haase a tout essayé pour déranger et intimider le jeune, notamment en se plaignant au juge arbitre de l'enthousiasme débordant de la foule et parfois des décisions de l'arbitre. Peu importe, Shapo démontre une fois de plus jusqu'à quel point il est racé, spécial au coeur de la bataille et surtout spectaculaire! Bravo également au capitaine Frank Dancevic qui l'aide grandement à garder le moral alors qu'il aurait été si facile de lâcher prise au 3e set et aussi à la 5e manche lorsqu'il est brisé pour tirer de l'arrière 3-1. Wow wow wow quel spectacle, et quel beau travail d'équipe!

En double, Daniel Nestor et Vasek Pospisil s'inclinent en quatre manches devant Matwe Middelkoop et Jean-Julien Rojer. Difficile de ne pas faire jouer le vétéran de 46 ans après tout le temps accordé à représenter son pays dans cette compétition. Malheureusement dans les faits Daniel nous arrive d'une séquence de cinq défaites et que six victoires cette année en 20 tournois. Lui, l'ancien grand numéro -1- de la discipline, titré 91 fois sur le circuit, est méconnaissable par moments. Bien déçu de sa performance, il avoue devant cette foule partisane qu'il aurait dû laisser sa place à Félix Auger Aliassime et qu'il était bien triste de sa performance. Vous m'entendez souvent parler de la qualité du service, mais dans ce match Vasek et Daniel ont eu leur chance, mais ont raté tellement de retours.

La bonne nouvelle c'est que le Canada mène 2-1 et n'a besoin que d'une seule victoire en simple dimanche pour assurer sa place dans le groupe mondial. Oh surprise, ce n'est pas Robin Haase qui se présente pour défier Milos Raonic, mais bien le 224e joueur mondial Scott Griekspoon. Pourtant cela fait longtemps que je n'ai pas vu Raonic aussi stressé. Mais s'il y a un joueur qui sait gérer ses matchs peu importe les circonstances c'est bien l'ancien 3e mondial. À quelques centimètres de laisser son service et être brisé deux fois à la première manche, notre Canadien se reprend au bris d'égalité pour mettre le grappin sur ce set. Cela a toujours son importance, car éventuellement l'adversaire se décourage à force de se faire pilonner et devient plus vulnérable sur ses propres engagements.

Milos n'offrira plus de balles de bris à Griekspoon pour s'offrir le match en trois manches consécutives et la victoire au Canada qui restera dans le groupe mondial l'an prochain. En gros la nouvelle réforme de la Coupe Davis, menée par le Groupe Kosmos du footballeur Gérard Piqué, injectera trois milliards de dollars lors des prochains 25 ans!!! Dix-huit nations se retrouveront dans une seule ville (soit Madrid ou Lille en 2019). Le format change: fini les matchs au meilleur des cinq manches, mais bien des deux de trois. Douze pays gagneront leur place en février, quatre demi-finalistes de l'année précédente et quatre pays invités formeront les 18 nations qui compétitionneront en novembre pour cette nouvelle Coupe Davis. Adieu aux matchs à la maison dans une atmosphère chaude bouillante, mais de toute façon dans le format actuel trop demandant, les meilleurs n'y participeraient plus. Le temps nous le dira si cette formule utilisée en Coupe Fed dans les années 70 et 80 peut marcher. Je me souviens d'y avoir participé à Sao Paulo, Tokyo et San Francisco et la fête était gigantesque. Tous les meilleurs au même endroit pendant sept ou dix jours. Les fans-finis en auront pour leur argent! Garanti!