Ça y est, c'est fait.  Rafaël Nadal vient de passer Stan Wawrinka dans la moulinette pour remporter un 10e titre à Roland Garros! Nous avons été témoins d'un récital en solo qui dura 2 heures 5 minutes seulement. 

Pour se rendre à cette rencontre de championnat Stan The Man en cravache un coup. Lors de ses cinq premiers matchs, le Suisse est formidable sur les points importants et heureusement pour lui, parce que les défis sont nombreux. Malgré l'opposition par moments, il brille et ne perd pas de manche. Costaud au service et en échange, il y a parfois du déchet dans son jeu mais ses fins de sets sont convaincantes donc, pas trop d'inquiétude. 

Stan The Man se transforme en Stanimal en demi-finale pour vaincre Andy Murray en 4 heures 34 minutes. Quelle folle aventure puisque Stan aurait dû gagner en trois manches consécutives, mais tire de l'arrière deux sets à un. Impeccable mentalement, il arrive quand même à tirer la quintessence de son immense talent en restant calme pour finalement gagner en cinq sets. Dans ce match le bilan fait peur : un total de 87 coups gagnants, mais aussi 77 fautes. Il faudra resserrer le jeu tout en restant offensif pour avoir une chance de faire plier le taureau de Manacor, surtout que Stan a joué 5 heures 19 de plus que le nonuple champion...

Autre élément qui ne milite pas en faveur du Suisse : il s'agit d'une 3e semaine de compétion de suite après le titre remporté chez lui, à Genève. En manque de victoires sur terre (seulement deux), il avait besoin de faire le plein de confiance avant Roland-Garros. Je comprends fort bien mais il y a une raison pourquoi les meilleurs, les prétendants au titre ne jouent jamais la semaine précédent un Grand Chelem. Il faut économiser la monture! C'est long et dur 15 jours de compétition au meilleur des cinq sets!

En finale aujourd'hui, les deux protagonistes sont nerveux en début de match et c'est tout à fait normal. Nadal sauve une balle de bris à 1-1 et enchaîne la partie suivante en ratant quatre balles de bris. Mais l'Espagnol s'applique et stablise ses frappes, tandis que Wawrinka continue de soupoudrer son jeu de fautes directes, de présenter du tennis tous azimut.

Nadal se reprend pour arracher le service de Stan à 4-2 et ne lèvera plus jamais le pied. Pire, il écrase le Suisse avec sa puissance imparable et ses parades formidables. C'est rare de voir Wawrinka brinquebalé de la sorte. Il a beau changer de stratégie en montant un peu plus au filet, mais difficile à faire sur une base régulière parce que la balle d'échange de Nadal est remplie de venin, le genre qui paralyse sa proie. Wawrinka ne verra plus la couleur d'une seule autre balle de bris!

Ah, ce que le tennis est un sport qui vous triture le corps et les méninges. Nadal lui arrache son service trois fois de suite en fin de première et début de 2e manche et deux autres fois au 3e set. Celui que l'on surnomme « Le bison futé » n'est pas dans le coup. Il est incapable de changer la direction de la balle dans l'échange et encore moins d'être constant sur son revers à la hauteur de l'épaule. 

Nadal atteint un tel degré d'excellence durant la quinzaine que je crois même qu'il amènera ce haut niveau de précellence sur herbe et surface dure. Il terminera fort probablement l'année au premier rang. L'Espagnol, qui sera 2e au monde demain, a mis trois ans à retrouver son jeu et même à l'améliorer. Preuve est faite encore et encore : on se nourrit et se rassure dans le travail...

Un 10e titre à Roland-Garros pour Nadal